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La question bottom-up

Publié le 09 avril 2018 par Pantoled

Le 29 Mars 2018, Emmanuel Macron, visiblement en très grande forme, écrivait ceci :

Je crois dans l'autonomie et la souveraineté. La démocratie est le système le plus bottom up de la terre. #AIforhumanity

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 29, 2018

Bon. Alors. Quoi. Merde.

La démocratie est-elle un système bottom-up ?

C’est une excellente question ! Comme quoi, encore une fois, Emmanuel Macron éveille les consciences et remonte le niveau en posant les vraies questions. Et heureusement, j’ai envie de vous dire, parce que ce n’est pas avec vos calembredaines d’histoires d’écologie, d’environnement, de santé, de service public ou de je ne sais quoi, que l’on va enfin devenir une start-up nation.

Pour répondre à cette question, il faut d’abord s’intéresser à trois points.

« Bottom-up » : et ta soeur, est-ce qu’elle bat le beurre ?

Et ma soeur, elle est en pension : elle prie le bon Dieu pour que tu sois mon con.
Ces formalités étant posées, intéressons-nous un instant au terme « bottom-up ». D’après Wikipédia :

bottom-up\bɔ.tɔm.œp\

  1. (Anglicisme) (Management) Se dit d’une démarche procédurale hiérarchiquement ascendante, qui va du bas vers le haut, analyse les détails ou les cas particuliers pour généraliser.
    • On distingue, en effet, d’une part les mécanismes bottom-up qui vont de la périphérie vers la conscience du sujet, et, d’autre part, les mécanismes top-down originaires de cette conscience et qui descendent vers l’ensemble des autres processus mentaux.— (Lionel NaccacheLe Nouvel Inconscient : Freud, le Christophe Colomb des neurosciences, Odile Jacob, 2009, page 203)
    • Je crois dans l’autonomie et la souveraineté. La démocratie est le système le plus bottom up de la terre— (Emmanuel Macron sur Twitter, le 29 mars 2018.)

Vous remarquerez donc deux choses :

  • l’une, c’est que le terme bottom-up n’a strictement rien à foutre dans la phrase d’Emmanuel Macron ;
  • l’autre, c’est que même cette phrase manque tellement de sens qu’elle a été immortalisée sur Wikipédia, et nous espérons sincèrement qu’elle y restera le plus longtemps possible.

Ainsi donc, « bottom-up » vient du monde du management.

Emmanuel Macron, ce manager disruptif

Comme je vous l’expliquais ici, Manu n’a pas le temps pour vos bêtises. Vos attitudes d’enfants qui ne comprennent pas qu’Emmanuel Macron n’est certainement pas le Président d’un pays, mais bel et bien le Motherfucking Manager d’une Start-up Nation, et qu’il compte bien manager sec.

Nous ne sommes, ici, non plus dans une vision in-the-box de la roadmap de la nation, mais bel et bien dans un effort de sanctuariser les forts potentiels du pays en mode SaaS. Car, si l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, pourquoi est-ce que vous vous couchez en premier lieu bande de feignasses ?

Emmanuel Macron l’a bien compris, et n’hésite pas à forwarder un wording clivant au travers de tweets dont le but, à court et long terme, n’est autre que de solutionner les assets intuitifs. Mais ça, vous êtes visiblement trop cons pour le voir.
En fait, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le modèle de positioning d’Emmanuel Macron s’inscrit dans la vision d’un hack des codes sociétaux, et permet de viser une stratégie pondérée.

L’idée, vous l’aurez alors bien compris, est d’une part de rationaliser les intermédiations sur le chemin critique, et d’autre part de tarte à la mangue.

Nous arrivons ainsi au troisième point.

La novlangue, le langage de celles et ceux qui n’ont rien à dire

Inventée par Georges Orwell, la novlangue est à la communication ce que Jean-Vincent Placé est à l’étude des coléoptères d’Asie Centrale en milieu basique : à côté de la plaque.

Constitué de mots tous plus flous les uns que les autres, la novlangue permet à celui qui l’utilise de passer pour un mec « dans le coup », « in » et surtout « dynamique ». Elle permet, aussi et surtout, de diminuer la gamme des concepts avec lesquels l’on peut réfléchir. Par exemple, si je vous dis qu’il faut maximiser les paradigmes peer-to-peer, vous avez envie de me répondre « Mais ferme donc ton grand claque-merde ». Et vous auriez raison de le dire, puisque même moi, si je m’entendais dire ça, je m’en tartinerais une bien grande sur le coin de la margoulette !

Parce que, et c’est là toute la beauté de la novlangue, j’ai réussi, avec seulement quatre mots, à produire une phrase suffisamment compliquée pour que vous vous pensiez trop peu aptes à en saisir le sens. Or, cette phrase ne veut rien dire ! Tout comme le tweet de Emmanuel Fucking Macron ne veut strictement rien dire !

Ainsi, plutôt que de se gargariser avec des termes qui n’ont de sens que dans le monde du management, et à champ élargi, dans le monde de l’entreprise, cet illustre abatteur de quilles aurait tout aussi bien pu formaliser sa phrase comme suit : « Je crois dans l’autonomie et la souveraineté. La démocratie est, selon moi, le système donnant le plus de pouvoir au peuple« .

Alors ? Était-ce si dur que cela ? Mmmh ? Avait-on vraiment besoin de s’exprimer comme le dernier des techno-crétins ? Le doute est hautement permis.

Oui, d’accord, c’est bien gentil, mais du coup, c’est bottom-up ou pas ?

Eh bien, sans plus tarder, la réponse :

C'est ton cul le bottom-up

— ^• '' ` , , , (@thomotagada) March 30, 2018


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