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Brésil, Lula : La lutte contre la corruption doit-elle avoir des limites ?

Publié le 09 avril 2018 par Pierre Thivolet @pierrethivolet

Brésil, Lula : La lutte contre la corruption doit-elle avoir des limites ?

Sergio Moro: Traquer la corruption même si cela fait chuter des idoles politiques .  

Jusqu’où doit aller l’exigence de transparence démocratique ? C’est une question qui se pose chez nous, mais aussi par exemple au Brésil avec l’emprisonnement pour corruption de l’ancien Président Lula. Bien sûr, ses partisans au Brésil, comme en France ( dans des milieux dits de gauche, les mêmes souvent qui trouvent des vertus révolutionnaires au Président Maduro au Vénézuela ) crient au complot. Et c’est vrai que beaucoup de brésiliens sont nostalgiques de ses 10 ans de Présidence où l’ancien syndicaliste, charismatique, avait su faire sortir de la pauvreté des millions de familles.Pourtant les « petits juges » brésiliens sont indépendants. Ils sont même un des symboles de la –jeune- démocratie brésilienne. Depuis 2014, derrière Sergio Moro, juge à Curitiba, ils mènent l’opération « lava jato » - lavage express-. Cette lutte anticorruption n’hésite pas à mettre en examen, faire condamner des industriels, des hommes politiques, de droite, de gauche, des ministres, jusqu’à l’emprisonnement depuis hier de l’ancien Président Lula. Or, la corruption, le clientélisme sont sans doute les principaux freins au formidable développement du Brésil. Cela a été mis en évidence notamment à l’occasion des chantiers pour la Coupe du monde et les JO. Et ce qui est nouveau c’est qu’aujourd’hui, la population ne l’accepte plus. Les juges brésiliens sont le pendant tropical des juges italiens de l’opération « mani pulite » - main propre - qui avait nettoyé la classe politique italienne dans les années 1990. Ou de ceux qui en France n’hésitent pas à enquêter sur des hommes politiques, y compris d’anciens Présidents…Avec peut-être c’est vrai les mêmes conséquences qu’en Italie : Provoquer la disparition de partis historiques et laisser ainsi la place aux démagos et populistes de tous bords.
Si Lula est éliminé du jeu politique, les possibles vainqueurs des prochaines élections présidentielles de Novembre pourraient être un ancien capitaine d’artillerie, sorte de Le Pen brésilien, ou une écolo membre de l’église évangélique. La démocratie brésilienne y aura-t-elle gagné ? Ou est-ce le prix à payer pour une démocratie propre ? A cela le juge Moro répond : « En démocratie, les gens doivent savoir ce que leurs responsables font, même quand ils tentent d’agir dans l’ombre ».

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