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Sur quelques absurdités quotidiennes dans les sciences sociales (18)

Publié le 18 avril 2018 par Antropologia

Vérité narrative, vérité historique.

Je ne découvre que ces jours-ci le philosophe américain Donald Spence qui distingue la vérité narrative de la vérité historique. Elle permet de comprendre le divorce constaté entre les réalités vécues par les témoins et les propos des journalistes et des politiques.

Cette question avait surgi au grand jour lors du Cours libre du 31 janvier dernier consacré aux enquêtes au Mali. Comme ce que savait notre anthropologue n’avait rien à voir avec ce qu’il en était dit, est immédiatement venu le même type de constatations sur d’autres cas, l’Iran, la Turquie, la Serbie.

Comment expliquer la permanence du divorce en des lieux si divers ? Par la distinction vérité narrative, vérité historique. Des choix politiques proposent un certain récit. Ne sont recueillies et diffusées que les informations qui s’inscrivent dans ce schéma préconstruit. La réalité à laquelle seule la critique et la hiérarchisation des sources permet d’accéder – la vérité historique –  disparaît au profit des « turqueries, tartufferies et fourberies de l’aristocratie intellectuelle parisienne » comme il m’a été écrit, mais pas seulement elle. Pour gagner cette autorité, outre le statut social et symbolique, il suffit d’imposer d’autres critères de véracité que la critique, tels la méthodologie, la répétition ou le conformisme.

Bernard Traimond

SPENCE, Donald P., Narrative Truth and Historical Truth. Meaning and Interpretation in Psychoanalysis, New-York et Londres, 1982.


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