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Diviser les coûts projet par 3 ? Ne rêvez pas !

Publié le 26 avril 2018 par Patriceb @cestpasmonidee
Celent Quand les analystes du cabinet Celent – par ailleurs très pertinents sur les thèmes de la banque et de l'assurance – s'aventurent sur le terrain du Système d'Information, il leur arrive de s'égarer dangereusement. Ainsi, la promesse réitérée de diviser les coûts de développement par 3 en adoptant des approches modernes n'est pas tenable.
L'expérience devrait pourtant dicter la prudence : chaque innovation, petite ou grande, dans les pratiques de conception et de réalisation de projets informatiques est systématiquement vantée comme un moyen de faire des économies… jusqu'au moment où, le réalisme reprend le dessus, et les conseilleurs les plus raisonnables finissent par admettre que les bénéfices sont à rechercher ailleurs. Celent semble ici tomber dans le panneau avec une série de concepts qui ne sont même pas tous très nouveaux.
La recette magique que proposent d'appliquer Michael Fitzgerald et Tom Scales, pour transformer l'assurance, en l'occurence, consiste à combiner les dernières tendances de l'univers du logiciel : infrastructure en cloud, intégration par API, architecture de micro-services, design centré sur le client, développement agile en équipes resserrées, DevOps… Et de conclure qu'elles permettraient d'économiser 65 cents sur chaque dollar dépensé à créer un ensemble de fonctions par les méthodes traditionnelles.
Analysons en détail quelques-unes de ces propositions, pour abattre un certain nombre de mythes persistants. Le recours au cloud computing, tout d'abord, est présenté depuis des années comme un vecteur majeur de réduction de coûts. Pourquoi, alors, les cas de succès (sur ce plan) sont-ils si rares ? Parce qu'il s'agit d'une illusion. Seule la rationalisation et la standardisation techniques qu'impose le cloud génèrent les économies et non le modèle d'infrastructure lui-même (du moins dans un grand groupe).
Economiser sur les coûts des projets selon Celent
L'argument des micro-services et des API est encore plus spécieux quand il est mis en regard de l'« intégration SOA ». En effet, le principe de l'« architecture orientée services » (cette fameuse SOA, qui n'est en aucun cas un modèle d'intégration) ne change pas parce qu'il est affublé de nouveaux noms par les gourous contemporains. Et 15 ans de mises en œuvre démontrent sans ambiguïté qu'il est source de surcoûts dans les projets… ne serait-ce que parce qu'il exige une préparation et une conception précises.
Enfin, la « centricité client » et les démarches agiles n'ont certainement pas vocation à affecter les coûts de développement de manière significative. Leur objectif principal est de garantir que le budget alloué est utilisé efficacement pour produire une solution qui réponde au mieux au besoin de son futur utilisateur. En pratique, il n'est pas rare que les demandeurs se rendent compte que, pour remplir cette mission, il leur faut dépenser plus que s'ils se contentaient de la traduction d'un cahier des charges en application.
En synthèse, la position défendue par Celent est dramatiquement fausse pour 2 raisons. D'une part, les approches modernes ne vont pas en soi aider à réduire la facture des projets, seuls des efforts généraux sur l'architecture des systèmes sont susceptibles d'y parvenir, et évidemment pas dans les proportions envisagées. D'autre part, l'enjeu de ces nouvelles pratiques ne porte résolument pas sur les coûts mais sur l'adaptation – à tout prix ! – de l'offre de l'entreprise aux attentes de ses clients à l'ère « digitale ».

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