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Les produits bio importés sont-ils "propres" ? 60 Millions de Consommateurs a mené l'enquête

Publié le 26 avril 2018 par Bioaddict @bioaddict
Huile d'olive, sucre, miel, café, quinoa, riz... le magazine 60 Millions de Consommateurs a analysé 74 aliments bio pour savoir s'ils sont ou non contaminés par des produits chimiques que l'on retrouve dans l'environnement, et notamment les pesticides. produits importés sont-ils ¤¤ "Le bio, pas toujours propre" : Huile d'olive, sucre, miel, café... Dans son numéro d'avril 2018, 60 Millions de Consommateurs a analysé 74 aliments bio pour savoir s'ils sont ou non contaminés par des produits chimiques comme les pesticides. OK
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On aimerait tant que les aliments conventionnels, qui représentent environ 95% de la nourriture des Français (en valeur), soient surveillés avec la même détermination que les aliments bio. On pourrait ainsi établir des comparaisons. Mais allez donc savoir pourquoi, ce n'est pas le cas. On en est même très loin.

60 millions de consommateurs, le magazine de l'Institut national de la consommation (INC) qui dépend du ministère de l'Economie, a passé au peigne fin 74 produits bio, y recherchant plus de 600 " substances indésirables (pesticides, plastifiants, solvants, résidus vétérinaires et autres contaminants) ". Ces produits appartiennent à sept familles et la plupart sont importés : riz, café, chocolat, quinoa, sucre de canne, huile d'olive et miel.

Résultats : les produits bio, malgré les efforts reconnus des professionnels, n'échappent pas à toutes les pollutions mais à bon nombre d'entre elles. Ce que l'on y trouve est " sans doute sans commune mesure avec les produits conventionnels : pour le miel par exemple, lors d'un précédent essai, nous avions trouvé en moyenne six résidus de polluants dans les miels conventionnels contre 0,3 résidu dans les bio ", écrit le magazine.

Faibles traces dans les chocolats, des huiles d'olive non indemnes

Pour le chocolat, les deux tiers du panel qui comporte onze tablettes affichent zéro résidu de pesticide mais quatre références en contiennent. La plus forte quantité, qui reste faible, a été retrouvée dans un chocolat bio Lidl (0,033 mg/kg), suivi des tablettes de Kaoka et Côte d'Or (respectivement 0,017 et 0,016 mg/kg) puis Ethiquable (0,005 mg/ kg). " Dans tous les cas, ces teneurs sont bien en-deçà des seuils recommandés ", écrit le magazine. Idem pour les teneurs en cadmium des chocolats, en moyenne de 0,21mg/kg, bien en deçà de la future limite maximale (0,80 mg/kg) applicable au 1e janvier 2019.

Plus problématique : cinq des onze huiles d'olive analysées contiennent des résidus de pesticides à faibles doses provenant sans doute des champs voisins. Mais la moitié contient également des contaminants (plastifiants) venant probablement des chaines d'embouteillage. La marque Repère-Bio village de Leclerc en affiche la plus forte concentration (3,7 mg/kg). Des teneurs très faibles en toluène (solvant) ont également été retrouvées dans six échantillons et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dans cinq. Les huiles peuvent donc mieux faire, celles de Tunisie surtout sont pointées du doigt. Les procédés de fabrication des marques incriminées sont à revoir. La bio se doit d'être exigeante, c'est pourquoi elle ne s'autorise pas par exemple les extractions à l'hexane et la désodorisation à la soude pratiquées pour les huiles conventionnelles.

Miels majoritairement irréprochables, zéro pesticide dans les cafés

Les miels ont majoritairement passé l'épreuve avec succès : neuf échantillons sur douze sont exempts de résidus de pesticides et de médicaments vétérinaires. Les trois ont vraisemblablement subi des contaminations environnementales par le glyphosate (un de ses composants y a été retrouvé).

Quant aux cafés, aucune trace de pesticides n'est présente dans les 14 échantillons testés en provenance de 7 pays, ni aucune trace d'ochratoxine A (mycotoxine). Mais comme tous les cafés conventionnels, ils contiennent de l'acrylamide, une substance issue de la torréfaction et soupçonnée d'être cancérigène. Les plus concernées sont les marques Carte Noire et Auchan Bio. Dans tous les cas, les teneurs restent au-dessous du nouveau seuil de 400 microgrammes par kilogramme imposé à partir d'avril. Idem pour les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), classés cancérigènes probables, provenant de la torréfaction et des pollutions de l'environnement : ils sont présents mais heureusement, à de très faibles quantités.

Les sucres remportent de bonnes notes. Sept sur huit sont indemnes de pesticides. Un seul a été contaminé par un herbicide, sans doute d'une culture voisine. Un seul sucre également contient des aflatoxines (mycotoxines) et en faible quantité.

Des résultats globalement bons

Si le quinoa est globalement conforme, deux des sept échantillons testés posent problème par leur teneur en pesticides. Idem pour le riz. Dans ce dernier, les mycotoxines et l'arsenic ont également été recherchés. Comme dans la quasi-totalité des riz conventionnels, l'arsenic est présent mais à de faibles teneurs, l'aflatoxine B1 a été trouvée dans deux échantillons à faibles doses également et aucune trace d'ochratoxine n'a été détectée sur l'ensemble des riz.

L'étude conclut que les résultats sont globalement bons -même si tous les produits bio ne se valent pas-, que les professionnels de la bio mettent tout en oeuvre pour limiter les contaminations et que les lacunes se concentrent sur certaines familles et certaines origines. Pour Florent Guhl, directeur de l'Agence Bio : " Plus il y aura de bio, moins il y aura de contaminations. Avec l'augmentation des surfaces bio dans toute l'Europe, ce sera plus facile d'ici quelques années d'imposer - et de respecter - des limites puisque mathématiquement, il y aura moins de surfaces voisines susceptibles de contaminer les cultures ". Pour l'instant, les surfaces en bio sont à peu près partout minoritaires. En France, même si elles sont en hausse constante, elles ne représentent que 6, 5% des surfaces utilisées en agriculture, pâturages compris. Difficile d'échapper aux contaminations.

Le Synabio, le syndicat des entreprises bio de l'agroalimentaire, a remarqué au sujet des analyses de 60 millions de consommateurs que " 96% des références présentent des niveaux de pesticides nuls ou si faibles qu'ils ne remettent pas en cause la certification bio ". Il revient sur les contaminations par les pesticides et estime que " c'est aux filières de l'agriculture conventionnelle utilisatrices de ces substances qui contaminent l'eau, l'air et les sols d'assumer les risques qu'elles font peser sur les professionnels de la bio ". Il demande au ministère de l'Agriculture d'orienter une partie des taxes collectées sur ces poduits vers la protection des filières bio pour améliorer encore les résultats.

Anne-Françoise Roger


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