Magazine Société

Morceaux, de Sacha Després

Publié le 03 mai 2018 par Francisrichard @francisrichard
Morceaux, de Sacha Després

Ils vivent dans la zone et à l'intérieur des bâtiments production. C'est sur l'île mystérieuse qu'on a basé le cheptel principal. Les morceaux de ce terroir jouissent d'une certaine liberté grâce à leur mode d'élevage en plein air. Pourtant la mélancolie plane au-dessus du territoire. Peu perceptible, elle reste sans conséquence sur la qualité gustative des produits.

Idé Fauve et son frère Lucius sont des Morceaux, mais ce ne sont pas des morceaux comme les autres. Ils ont été choisis, l'une pour devenir un produit de compagnie, l'autre pour être un reproducteur certifié, un mactator. Ils l'ont été par l'agent O, fonctionnaire qui travaille pour l'espèce soi-disant supérieure, celle des gras qui détiennent le monopole de la contrainte.

Alors ils vont quitter la zone pour se rendre là où règnent l'Organisation et le directeur du Sent, après avoir franchi le poste-frontière du district trois, et montré leurs poignets numérotés aux autorités, après qu'on a vérifié qu'ils étaient des produits sains. Ils savent que les morts sont utilisés pour leur viande, les vivants pour la sexualité - à consommer sur place ou à l'emporter.

L'histoire de ces morceaux se passe à une époque indéfinie, après une apocalypse planétaire. Les continents se sont disloqués. Une île mystérieuse a émergé et avec elle un virus, celui d'une nouvelle barbarie. Des heures parmi les plus sombres ont succédé aux lumières. La hiérarchie des corps en est la nouvelle religion. L'Organisation est garante de cet ordre sacré.

Dans ce monde, il est interdit de rêver, mais il est permis à certains de tuer. Cela leur est même recommandé puisque le pouvoir des uns, les supérieurs, leur commande d'en torturer et d'en faire mourir d'autres, pour les consommer, sans discrimination. Quant aux supérieurs, quand ils ne parlent ni économie ni politique, ils festoient, puis se mettent en chasse...

Pour que les lumières se substituent à ces ténèbres, ne faut-il pas évoquer le monde dont on ne parle plus, qui seul peut permettre de les libérer? On le croyait mort, mais ne subsiste-t-il pas dans les rêves emmaillotés, les souvenirs morcelés? Tout pourrait alors recommencer, mais il faudrait éviter bien sûr, cette fois, qu'après ce ne soit l'enfer sur Terre qui recommence...

Francis Richard

Morceaux, Sacha Després, 168 pages, L'Âge d'Homme

Livre précédent:

La petite galère (2015)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine