Parce que Paris recèle de talents qu’il reste encore à découvrir, nous avons décidé de sillonner la capitale à la recherche des labels qui incarnent l’esprit streetwear des Parisiens.
Ce premier épisode nous a emmenés, hors du périphérique, à Mairie des Lilas au sein d’un atelier coopératif où est produite la marque Gouache. Derrière ce label se définissant comme « Sape streetwear experimentale » Douglas 26 ans, passionné d’artisanat qui a décidé de se lancer pleinement dans la création de sa propre marque. Rencontre avec le créateur de Gouache dans son atelier.
Comment t’es venu l’idée derrière Gouache ?
Comme tout le monde, j’ai grandi en suivant le milieu du rap et du vêtement. Je voulais faire une marque sans vraiment savoir par où commencer et sous quelle forme. Pendant mes études dans une école de design, j’ai fait un stage d’une semaine dans la ville de Naucelle. C’est à ce moment que j’ai découvert la sérigraphie et la gravure. En voyant comment fonctionnait cette technique, je me suis dit que je pouvais très bien le faire et la retranscrire dans l’art et le streetwear en général.
Quelles sont tes références en matière de streetwear ?
J’ai toujours suivi de très près le travail de marques comme The Hundreds ou Billionaire Boys Club. Plus récemment, j’ai beaucoup aimé le travail de A Cold Wall. Son style, ses pièces ce n’est pas vraiment mon registre, mais c’est la démarche artisanale de Samuel Ross qui me plaît. Je trouve que c’est quelqu’un qui va au bout de sa vision, ça se sent que chaque pièce est faite à la main.
C’est très facile maintenant de floquer un t-shirt et de le vendre, pourquoi t’es-tu dirigé vers une démarche artisanale ?
Pour différentes raisons en réalité, déjà la culture c’est très important pour moi. J’aime beaucoup la peinture, je peux me perdre des heures entières dans des musées. L’ensemble de mes visuels sont inspirés d’un artiste ou d’une époque picturale. Avec ces références sur mes créations, si je peux donner envie à un néophyte d’aller se renseigner sur l’artiste je suis très content. Ces artistes dont je fais référence, Matisse ou Picasso, ont également tous utilisé la sérigraphie à un moment de la carrière. C’est Andy Warhol qui l’a d’ailleurs démocratisé avec ses fameux diptyques.
Je me suis aussi tourné vers une démarche artisanale pour un simple souci de qualité. La technique utilisée par la sérigraphie propose des impressions qui tiennent très bien au lavage.
Où est ce que tu te fournis en tissus ?
Je fais importer mes t-shirts du Maroc, c’est moi qui ai imaginé les mesures de chaque pièce, j’ai fait mes propres patrons pour vraiment maîtriser l’ensemble de la production. Au départ, j’avais commencé à chercher dans des usines françaises, mais j’ai eu l’impression d’être pris de haut en tant que jeune marque.
La Ride collection
Quelle est pour toi la réelle signature de Gouache ?
Cette signature se situe dans les détails. Comme une peinture, de loin tu ne saisiras pas vraiment la différence avec une autre, mais plus tu vas te rapprocher plus tu vas découvrir son style. À première vue, dans mes visuels tu peux facilement trouver une similitude avec d’autres marques si tu en as envie, mais c’est dans le traitement et l’impression que c’est différent. Cette impression par sérigraphie me permet d’être très précis sur les détails et de proposer des pièces uniques. L’illustration en soi sera la même, mais son grain, sa densité sera unique.
Est-ce que tu pourrais expliquer comment ça fonctionne la sérigraphie ?
À la base tout part d’un dessin qui peut être fait à la main ou sur ordinateur. Ce dessin va être retranscrit sur des calques qui vont être insérés dans des cadres de sérigraphie. Ce cadre de sérigraphie se compose d’un maillage plus ou moins fin en fonction du matériel sur lequel le dessin va être imprimé. Cet écran de sérigraphie sert ensuite de pochoir, l’encre va passer au travers du visuel réalisé pour être retranscrit sur le t-shirt.
Où travailles-tu ?
Je travaille dans un atelier coopératif aux portes de Paris. Dans cet atelier il y a une vraie communauté avec beaucoup d’entraide et c’est très enrichissant. J’essayeà mon tour d’aider les nouveaux en leur transmettant le savoir-faire que j’ai acquis en termes de sérigraphie. C’est important aussi d’avoir autour de moi dans l’atelier des gens qui peuvent me donner leur avis extérieur.
Est ce que tu pourrais te mettre au service d’un autre ?
Oui complément, j’aimerai beaucoup travailler avec des artistes comme Lomepal ou Romeo Elvis par exemple. M’occuper de leur merch où imaginer des pièces qui leur seraient dédiées, ça serait intéressant. J’ai vraiment l’amour du vêtement donc je peux parfaitement me mettre au service de marques ou de personnalités qui me plaisent. Travailler avec d’autres personnes ça me permet d’explorer de nouvelles possibilités dans le domaine créatif et j’adore apprendre.
De quelle manière vois-tu le futur de la marque ?
J’envisage de rentrer dans un système avec des pièces que je vais trouver dans des fripes associées à un visuel qui rappelle son histoire. J’ai d’ailleurs déjà commencé dans ma collection précédente avec un bleu de travail sur lequel j’ai imprimé un casque de soudure. Ça va permettre de me diversifier et de proposer autre chose que mes collections classiques.
Je planche également sur une collaboration avec une marque qui travaille plus la pièce en elle même. Je ne peux pas vraiment en dire plus pour le moment, mais je m’occupe du côté impression tandis que lui se charge de la composition du vêtement.
Composition collection
La dernière collection de Gouache, intitulée La Ride est disponible sur le e-shop de Gouache.