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Les manipulations informationnelles sur la question des minorités

Publié le 21 mai 2018 par Infoguerre

Les manipulations informationnelles sur la question des minorités

C’est un problème mondial, qui fait malheureusement partie intégrante de l’histoire des civilisations humaines. En tout temps, en tout territoire, les majorités sont menacées par les manipulations informationnelles exercées dans e cadre de jeux de pouvoir de différente nature. Ce phénomène a existé en Europe à l’époque du Moyen Âge à l’encontre des protestants au sud de l’Europe et des catholiques au nord, ainsi qu’à l’encontre des juifs en toute partie du territoire. Dans l’Empire Ottoman à l’encontre des Arméniens. En Allemagne nazie à l’encontre des juifs. L’Asie connaît également le même phénomène, mais celui-ci est bien plus morcelé et occulte. Les guerres en Irak et en Syrie ont relancé ces pratiques tous azimuts. Les différentes populations chrétiennes vivant dans ces zones de guerre, les minorités kurdes, les minorités chiites ou sunnites selon le rapport de force dominant, amplifient les contradictions locales. L’Histoire démontre que ce sont des forces de nature impériale qui tirent profit de ces situations.

Le cas d’école britannique au début du siècle dernier

Le 9 avril 2017, lors de la messe du dimanche des Rameaux, deux Églises coptes situées dans le nord de l’Égypte, précisément à Tanta et à Alexandrie, sont la cible d’attentats à la bombe, entraînant la mort de 44 victimes. Ces massacres se produisent à chaque fête, à chaque occasion, de manière répétitive et sans discontinuer, dans les Églises. Les Chrétiens sont victimes de discrimination, que ce soit dans les établissements scolaires, au travail, dans les bureaux administratifs de l’État, et même dans le rue. Le quotidien, empreint d’agressivité, est menacé par des vagues infinies de discriminations, de menaces et de violences.

Les attentats se produisent les jours de fête religieuse, pendant les messes, et ce malgré la présence des forces de l’ordre et de leurs services de renseignements. Les groupes radicaux sont suspectés, pour ne pas dire responsables. Ces attentats sont perpétrés avec l’aide directe ou indirecte du gouvernement en présence, de leur service et des dirigeants de haut niveau, à savoir les « gouverneurs » (chef des régions), qui sont des ex-dirigeants des services de renseignement de la police, qui sont précisément nommés pour remplir cet objectif.

Si ce complot existe depuis bien longtemps, il faut attendre 1919 pour qu’il s’organise sous l’autorité de l’occupation anglaise, le but étant alors de contrecarrer la participation des intellectuels coptes et de l’Église, perçue comme une menace, lors de la révolution qui a eu lieu la même année. Le régime a continué cette pratique et cette politique de discrimination, tout en développant diverses tactiques dès 1970 jusqu’à nos jours.

Les extrémistes ont intérêts à pratiquer leur idéologie, telle qu’elle ressort de leur interprétation des textes sacrés, et ainsi se créer des ennemies afin de légitimer leur combat au nom de leur croyance, se instrumentalisant la cause des minorités et notamment celles qui sont passives et isolées.

L’intérêt des « dirigeants du pays » à se rendre complice des extrémistes vise plusieurs objectifs  :

(1) assujettir les factions politiques au pouvoir étatique ;

(2) créer un ennemi commun ;

(3)  faire peur à la minorité dans le but de gagner leur confiance et d’en faire des alliés, au lieu d’en faire des ennemis.

Quant à la majorité de la population, elle se résout à suivre ce phénomène encouragé par le pouvoir en place et par l’idéologie extrémiste émanant de certains qui se présentent comme étant leurs leaders spirituels.

Le cas d’école américain

Les Etats-Unis ont privilégié leurs intérêts stratégiques sur tous les théâtres d’opération sans chercher à reproduire les subtilités tactiques du modèle britannique. Le passage en force est la caractéristique de leur expression de puissance, en particulier au Moyen Orient. Washington ne s’intéresse aux minorités que dans des logiques très particulières. C’est le cas en Europe où les représentants du Département d’Etat ont déployé beaucoup d’énergie pour aller au devant des minorités d’origine immigrée. La France a longtemps servi de terrain d’expérience à ce type de démarche  plus ou moins souterraine. Benjamin Pelletier analysait cette stratégie en 2010 sur son blog. Les Etats-Unis n’hésitent pas à faire la morale à leurs alliés en omettant qu’ils n’ont toujours pas réglé les problèmes de la minorité noire aux Etats-Unis (taux emprisonnement très élevé, ghettos urbains ravagés par le trafic de drogue, chômage endémique). C’est la raison pour laquelle on peut parler à ce sujet de manipulation informationnelle.

La question des migrants qui constituent de nouvelles vagues de minorités est présentée comme un facteur positif par de nombreux représentants du monde  politique américain, en particulier dans le camp démocrate. Mais derrière le problème des migrants apparaît une autre problématique concernant leur composition sociologique et les déstabilisations possibles dans leur pays d’origine. Les jeunes diplômés ou non, qui quittent les pays du Tiers-Monde, causent à ces derniers des désavantages considérables car cette émigration les prive d’une partie de leurs capacités humaines de développement. Les pays  développés tirent un profit momentané de cet apport de main d’oeuvre. A moyen terme, cela sera une source de problèmes qui dépassent le cadre économique. Si leur déficit démographique les incite à faire le choix d’accueillir des communautés d’individus ayant une culture très éloignée de la leur, une partie non négligeable de ces migrants auront des difficultés d’intégration, ce qui risque de menacer la culture dominante. Le débat sur cette question est souvent éludé dans les médias sous des prétextes de lutte contre le racisme ou pour des raisons présentées comme humanitaires.

A contrario, les nations qui refusent d’ouvrir leurs frontières aux migrants ont aussi beaucoup à perdre, à savoir :

  • Une main d’oeuvre recherchée depuis des décennies par les entreprises (cf; les campagnes de recrutement que des groupes comme PSA menaient dans les pays  du Maghreb dans les années 50/60/70).
  • Des minorités intellectuelles dotées de cultures et de valeurs enrichissantes.
  • La récupération par les États «concurrents » de la fuite de ces « cerveaux ».
  • La confiance d’une partie de la communauté internationale.

Les minorités sont devenus des sujets sensibles aussi bien sur le plan géopolitique (à propos des zones de conflit actuels de basse intensité) que sur le plan économique. La prise en compte de leur problématique implique une intention soutenue pour détecter les stratégies d’influence qui sont véhiculées aujourd’hui aussi bien dans les médias que dans la société civile.

Plusieurs logiques d’affrontement sont à prendre en compte :

  • L’opposition entre les partisans du développement de l’humanité et les forces qui veulent limiter l’extension démographique au niveau planétaire par peur des risques qui en découlent.
  • Les jeux de puissance de nature impériale comme l’exprime aujourd’hui l’agressivité de la politique américaine qui préfère le chaos à un renforcement des pays qui échappent au contrôle des Etats-Unis.
  • Les déséquilibres identitaires et culturels qui sont considérées comme une menace majeure par certains pays.

Dans ces différents contextes, les manipulations informationnelles sont en forte croissance puisqu’elles occupent un espace exponentiel sur les réseaux sociaux. Il est donc urgent de décrypter cette guerre de l’information  sans se faire dominer par les soumissions idéologiques et religieuses quelque nature qu’elles soient.

La question de l’intégration d’élites ou de main d’oeuvre étrangère ne doit pas être décoléré des besoins vitaux de développement du tiers-monde. Autrement dit, la question migratoire ne doit pas déstabiliser le pays d’accueil et encore moins affaiblir le pays d’origine.

Metry Ghebreyal

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