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Critique Ciné : L'homme qui tua Don Quichotte (2018)

Publié le 21 mai 2018 par Delromainzika @cabreakingnews

L’homme qui tua Don Quichotte // De Terry Gilliam. Avec Adam Driver et Jonathan Pryce.


Film de Clôture du Festival de Cannes 2018, L’homme qui tua Don Quichotte est un film qui a mis 25 ans à sortir de la caméra de Terry Gilliam. Et d’ailleurs, il joue justement de ça tout au long du film en se moquant de tous les malheurs qu’il a connu avec cette phrase : « And now… After 25 years in the making… and unmaking .. A Terry Gilliam film ». Ce n’est pas la seule référence qui est faite à tous les problèmes qu’a pu avoir ce film maudit. Il y a aussi la référence à la pluie durant le seul mois où il ne pleut pas habituellement (et c’est ce qu’il a vécu sur le premier tournage de ce film avec Jean Rochefort et Johnny Depp). Terry Gilliam a alors retravaillé le dernier scénario du film avec Tony Grisoni afin de faire celui-ci, un film perché comme l’univers de Terry Gilliam, bourré de références en tout genre et surtout de moments étonnants. Mais même si l’on ressent l’épuisement moral de Terry Gilliam, et que son oeuvre est maladroite, globalement c’est sûrement l’un des films les plus étranges du réalisateur. Il y a quelque chose de fascinant dans ce film au travers de l’auto-portrait déguisé de Gilliam (c’est à la fois Toby et Quichotte), la façon de se souvenir de la carrière du réalisateur. Alors on sent que ce film est très personnel, comme une oeuvre testamentaire et bilan d’une carrière.

Toby, un jeune réalisateur de pub cynique et désabusé, se retrouve pris au piège des folles illusions d’un vieux cordonnier espagnol convaincu d’être Don Quichotte. Embarqué dans une folle aventure de plus en plus surréaliste, Toby se retrouve confronté aux conséquences tragiques d’un film qu’il a réalisé au temps de sa jeunesse idéaliste: ce film d’étudiant adapté de Cervantès a changé pour toujours les rêves et les espoirs de tout un petit village espagnol. Toby saura-t-il se racheter et retrouver un peu d’humanité? Don Quichotte survivra-t-il à sa folie? Ou l’amour triomphera-t-il de tout?

Et c’est à ce niveau de lecture que L’homme qui tua Don Quichotte devient réellement intéressant. Le reste du film n’est pas spécialement brillant, reposant sur une légende (celle de Quichotte) alors que le film tente de mélange le tout à la sauce Gilliam avec ce que ce dernier peut faire au travers du personnage de Toby. Ce qui par moment ressemble à un film d’aventure tout ce qu’il y a de plus classique (et fantastique), est finalement beaucoup plus complexe que ça. En effet, le film veut véhiculer des tas de sentiments au travers de son récit et surtout ce que Terry Gilliam a vécu durant toutes ces années où il a tenté de faire naître au grand jour cette oeuvre. Cette dernière parle aussi ce transmission aux générations futures (et la scène finale est finalement symbolique de cette transmission, comme quelque chose d’immuable qui ne peut mourir). Malgré tous les défauts que L’homme qui tua Don Quichotte peut avoir (et il n’en est pas exempt), il reste globalement un film sur les films, une histoire sur les histoires, qui devient au fur du film quelque chose de véritablement fort et touchant jusqu’aux derniers moments. Finalement, L’homme qui tua Don Quichotte est une agréable surprise à laquelle je m’attendais même si j’aurais par moment préféré qu’il soit un vrai chef d’oeuvre, pas un chef d’oeuvre par obligation.

Note : 7.5/10. En bref, une oeuvre étonnante malgré ses défauts et surtout une oeuvre testamentaire de la part d’un Terry Gilliam épuisé par ces années de travail pour sortir ce film de terre.


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