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Hériter du silence, de Mathias Howald

Publié le 21 mai 2018 par Francisrichard @francisrichard
Hériter du silence, de Mathias Howald

Peut-on Hériter du silence ?

Mathias Howald répond oui dans ce roman où, en silence, se succèdent plusieurs générations.

Le verbe succéder est en fait inadéquat, parce que l'auteur fait se promener le lecteur dans le temps de manière apparemment désordonnée.

Les années du récit apparaissent bien en effet successivement, mais pas dans un ordre chronologique: 1966, 2012,1980, 2012, 1979, 2012, 1980, 2012, 1924, 2012...

2012, c'est l'année d'expression du narrateur, Mathieu, né à la fin des années 1970. Les autres millésimes éclairent d'où il vient. Et le lecteur l'apprend petit à petit.

Ont précédé Mathieu: son père Pierre et sa mère Aline, ses grands-parents paternels, Emil et Murielle, ses grands-parents maternels, René et Louise, son arrière grand-père maternel, Albert...

Son père, Pierre, né en 1951 (un bon cru...), a un frère, Jean, et une soeur, Hélène.

La maison des parents de Pierre enfant, dans la banlieue grise de Lausanne, s'appelle Tzi Mé, ce qui, en patois vaudois, veut dire Chez Moi, le manoir de ses grands-parents paternels, Villa Cecil, à Avenches.

Tout cela, Mathieu le reconstitue grâce à toutes les photos qu'a prises son père Pierre, devenu photographe de famille, après que son grand-père maternel Albert l'a initié à la photo et lui a fait cadeau de son Leica modèle III F quand il avait douze ans...

Son père, Pierre, lui, connaît mieux ses propres parents grâce aux carnets en skaï noir que Murielle, l'artiste de la famille, noircit quand elle ne peint pas ou ne fait pas de tapisseries, et qu'il a lus sans qu'elle le sache...

Dans cette famille, à chaque génération, on hérite du silence... Et il faut être curieux pour le rompre, ne serait-ce qu'au figuré...

Pierre est ainsi l'archétype du taiseux, qui prétend ne pas avoir de souvenirs... Son fils Mathieu confirme:

Il faut croire que dérouler, découper et développer de la pellicule pendant des heures t'était plus facile que de nous parler. La dernière transformation, celle qui consiste à passer de l'image aux mots, celle qui consacre l'image dans son contexte, historique et émotionnel, me manquera toujours...

Alors, il ne reste à Mathieu qu'une possibilité, celle d'interpréter librement les images qu'il a sous les yeux.

Comme le lecteur en apprend davantage que lui sur sa famille, il peut constater que, même si Mathieu n'a que faire de cette liberté d'interprétation, il n'en fait pas si mauvais usage que ça puisqu'il n'est pas loin de la vérité sur les siens...

Francis Richard

Hériter du silence, Mathias Howald, 188 pages, éditions d'autre part


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