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[Critique] In the Fade

Par Wolvy128 @Wolvy128

[Critique] In the Fade

[Critique] In the Fade
La vie de Katja (Diane Kruger) s’effondre lorsque son mari (Numan Acar) et son fils meurent dans un attentat à la bombe. Après le deuil et l’injustice, viendra le temps de la vengeance.

Couronné du prix d’interprétation féminine à Cannes (2017) et du Golden Globes du meilleur film en langue étrangère (2018), In the Fade (Aus dem Nichts) est un long-métrage qui a la particularité de ne pas laisser indifférent.

Par son sujet douloureux et son traitement engagé, le film suscite en effet de vives réactions à l’issue de son visionnage. Des réactions tantôt positives, tantôt négatives, qui témoignent extrêmement bien des débats, mais aussi des dialogues, qui peuvent naître de pareilles thématiques. Par cette invitation au dialogue, la dernière réalisation de Fatih Akin mérite indéniablement le coup d’œil. Néanmoins, l’œuvre vaut surtout pour le fabuleux portrait de femme qu’elle dresse. Au cœur de cette histoire tragique se débat effectivement une mère/épouse en deuil, accablée par le chagrin et rongée par le besoin de justice. Touchante par sa détresse, sa vulnérabilité et sa détermination, la jeune femme demeure en équilibre précaire durant toute la durée du récit. Un état d’esprit complexe brillamment exprimé par l’interprétation tout en sensibilité de Diane Kruger. Éblouissante dans ce qui est certainement son plus beau rôle à ce jour, l’actrice allemande délivre une performance d’une puissance rare. Le genre de performance à vous prendre aux tripes dès les premières minutes pour ne plus vous lâcher. Si l’ensemble des choix du personnage ne peuvent légitimement pas récolter une totale adhésion, tous sont en revanche rendus compréhensibles et cohérents par la superbe prestation de la comédienne.

[Critique] In the Fade
Pour autant, le long-métrage n’évite pas tous les écueils, se montrant notamment trop insistant dans son approche symbolique et tombant parfois, du coup, dans la caricature pure et simple. Le procès en est un parfait exemple, chaque intervention étant mûrement réfléchie pour caractériser rapidement les protagonistes et distiller des émotions bien précises. Paradoxalement, il faut le reconnaître, le traitement narratif de ce segment demeure toutefois d’une redoutable efficacité. De manière générale, la construction du récit en 3 segments (le deuil, la justice et la vengeance) est d’ailleurs particulièrement bien pensée, ce qui rend d’autant plus regrettable le manque flagrant de subtilité dont souffre certaines scènes. Excès de pathos pour certains, éloge de la loi du talion pour d’autres, le film n’est au final ni l’un ni l’autre. D’une part car la tristesse de l’héroïne n’a nullement besoin d’être exagérée, ou fabriquée, compte tenu du drame horrible qu’elle subit. Et d’autre part car le réalisateur ne glorifie aucunement ses actes, se contentant au contraire de décrire le plus fidèlement possible ce qui l’amène à agir ainsi. Moralement, certaines de ses actions posent inévitablement question, mais elles ont le mérite d’être plutôt cohérentes avec son parcours psychologique. Il appartient bien sûr, ensuite, au spectateur de se forger sa propre opinion.

Emmené par une Diane Kruger en état de grâce, In the Fade s’avère donc être un drame tout à la fois poignant, bouleversant et éprouvant. A travers le parcours tourmenté d’une mère/épouse en deuil, le film dresse un portrait de femme absolument mémorable. Le genre de portrait qui laisse difficilement indemne, et dont la puissance émotionnelle atténue incontestablement les quelques faiblesses qui le composent.


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