Structure tridimensionnelle du Pembrolizumab.
Source iconographique: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pembrolizumab_5DK3.png
La thérapie par blocage des points de contrôle immunitaire a montré des résultats prometteurs chez des patients atteints de carcinome hépatocellulaire avancé. Notre but était d’évaluer l’efficacité et l’innocuité du pembrolizumab sur cette population de patients.
KEYNOTE-224 est un essai ouvert de phase 2 réalisé dans 47 centres médicaux et hôpitaux situés dans dix pays. Les patients éligibles présentaient un carcinome hépatocellulaire pathologiquement confirmé ; avaient précédemment été traités par le sorafenib ; en outre, soit ils étaient intolérants à ce traitement, soit présentaient une progression identifiée par radiographie de leur maladie après traitement ; enfin, ils devaient présenter un indice de performance ECOG (Eastern Cooperative Oncology Group performance status dans le texte) de 0-1, une fonction adéquate des organes, et un score Child-Pugh de grade A. Les participants ont reçu 200 mg de pembrolizumab par voie intraveineuse toutes les 3 semaines pendant environ 2 ans ou jusqu’à progression de la maladie, toxicité intolérable, sortie d’étude, ou décision d’interruption du traitement par l’investigateur. Le critère principal était la réponse objective, définie comme la proportion de patients présentant une réponse complète ou une réponse partielle, chez tous les sujets qui avaient reçu au moins une dose de pembroliluzumab; la réponse était confirmée à l’aide des Critères de Réponse Tumorale des Tumeurs Solides (critères RECIST) version 1.1. par l’autorité centrale de contrôle. L’innocuité du traitement était également évaluée chez tous les patients traités. L’essai est toujours en cours ; toutefois, le recrutement des sujets en est clos. (…).
Entre le 7 juin 2016 et le 9 février 2017, nous avons examiné 169 patients atteints de carcinome hépatocellulaire avancé, dont 104 étaient éligibles, recrutés et traités. À partir de la tombée des données, survenue le 13 février 2018, 17 (16%) patients recevaient encore le pembrolizumab. Nous avons enregistré une réponse objective chez 18 (17% ; Intervalle de Confiance [IC] 95% 11-26) patients sur 104. Les meilleures réponses globales étaient une (1%) réponse complète et 17 (16%) réponses partielles ; simultanément, 46 (44%) patients présentaient une maladie stable, 34 (33%) une maladie en progression, et six (6%) patients n’avaient pas pu bénéficier d’une évaluation après la visite de recrutement (ligne de base), au moment de la tombée des données, ces patients ont donc été décrétés non-évaluables. Des événements indésirables liés au traitement sont survenus chez 76 (73%) patients sur 104, événements qualifiés de graves chez 16 (15%) patients sur 104. Des événements indésirables de grade 3 liés au traitement ont été rapportés chez 25 (24%) patients sur 104 ; les plus communément relevés étant des augmentations de concentration en aspartate aminotransférase chez sept (7%) patients, des augmentations de concentration en alanine aminotransférase chez quatre (4%) patients, et des fatigues chez quatre (4%) patients. Un événement indésirable de grade 4 (hyperbilirubinémie) est survenu. Un décès associé à une oesophagite ulcéreuse a été imputé au traitement. Des hépatites à médiation immunitaire sont survenues chez trois (3%) patients, mais il n’y a pas eu de cas de d’infections virales.
Le pembrolizumab s’est montré efficace et tolérable chez des patients atteints de carcinome hépatocellulaire avancé, qui avaient précédemment bénéficié d’un traitement au sorafenib. Ces résultats indiquent que le pembrolizumab pourrait représenter une option de traitement pour ces patients. Deux essais de phase 3 sont actuellement en cours, avec pour but d’évaluer ce médicament comme traitement de deuxième intention chez les patients atteints de carcinome hépatocellulaire. Prof Andrew X Zhu, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première, 3 juin 2018
Financement : Merck & Co, Inc
Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ