Dans une Europe qui reste une mosaïque de pays et de cultures hétéroclites, ING semble profiter de l'instauration de règles communes dans le secteur financier (à commencer par la directive des services de paiement – DSP2) pour développer des services transcontinentaux, pour le plus grand bénéfice des citoyens… et des entrepreneurs.
La banque orange a inscrit dans sa stratégie une démarche ambitieuse de rationalisation qui doit passer par la mise en œuvre d'un socle technologique commun à l'ensemble des territoires sur lesquels elle a une présence et dont la finalité est de pouvoir se concentrer sur sa promesse de délivrer une expérience utilisateur d'excellence à tous ses clients. Alors, quelle meilleure opportunité d'entamer cette transformation que celle que stimule une réglementation applicable universellement à l'Union Européenne ?
Une première étape a ainsi consisté à ouvrir un portail d'API à destination des développeurs logiciels, répondant aux exigences de la DSP2. Il s'agit, à ma connaissance, du seul exemple d'une banque proposant un point d'accès unique à ses services – certes, sans dépasser, à ce stade, le strict périmètre requis par la directive – pour tous les établissements concernés (soit 10 pays dans lesquels ING est installée dans l'UE). Non seulement les efforts d'intégration sont-ils de la sorte réduits pour les acteurs intéressés mais la gestion de la plate-forme est avantageusement mutualisée à l'échelle du groupe.
Deuxième étape, ING annonce le déploiement de sa solution de gestion de finances personnelles (PFM) Yolt en France et en Italie. Naturellement, l'objectif est légèrement différent entre le désir initial de prendre pied au Royaume-Uni et la volonté d'affirmer sa position dans deux pays où elle est un challenger et où une proportion non négligeable de ses clients l'adoptent pour un compte secondaire. Mais son approche consistant à rendre l'argent plus facile à comprendre et à maîtriser, qui a déjà conquis plus de 300 000 consommateurs britanniques, est évidemment réplicable d'un marché à l'autre.
En arrière-plan, c'est une leçon supplémentaire que nous enseignent l'évolution du monde et les stratégies des startups de la FinTech : la conception des services financiers contrainte par des frontières nationales est désormais dépassée. Bien sûr, les produits ne sont pas identiques partout. Mais si on aborde les problématiques sous l'angle du besoin, qui se soucie de la structure de telle ou telle offre ? Ce qui prime est de simplifier la vie financière du client et de lui apporter la solution la mieux adaptée. Or il y a fort à parier que les méthodes pour y parvenir puissent être partagées dans tout le continent.