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2018 : croissance et normalisation monétaire
Aux Etats-Unis, les salaires sont enfin repartis à la hausse (+2,9% entre janvier 2017 et janvier 2018). En Europe, les revalorisations salariales ont commencé également (accords de branche en Allemagne notamment). La BCE aura ainsi les coudées plus franches pour justifier une sortie de son quantitative easing. De son côté, la Fed va poursuivre sa politique de resserrement monétaire alors que les taux longs américains poursuivent leur envolée (le rendement de l’emprunt d’Etat à 10 ans a dépassé la barre des 3% en mai, pour la première fois depuis début 2014 !). Face à l’augmentation de leur coût de financement, les entreprises seront ainsi contraintes d’ajuster leurs prix, sauf à accepter une érosion de leurs marges. A l’issue du premier trimestre 2018, les dernières statistiques européennes donnent l’impression d’un léger tassement de la croissance (+0,3% au T1 2018 en France après +0,7% au T4 2017). Certes, la conjoncture reste bien orientée mais la croissance n’accélère plus. En Italie, la formation d’une coalition improbable (Ligue et Mouvement 5 Etoiles) aux accents anti-européens suscite l’inquiétude temporaire des marchés, même si l’Italie, pays en panne de croissance, ne saurait prendre le risque de rompre avec Bruxelles. Sur les marchés actions européens, ce regain de l’inflation est, par conséquent, favorable aux valeurs disposant d’un bon « pricing power », c’est-à-dire aux entreprises en mesure de continuer à augmenter leurs prix de vente indépendamment de la concurrence et du contexte macroéconomique.
A ce titre, le secteur du luxe reste éminemment attractif. Les succès retentissants de LVMH et Kering démontrent la force d’un secteur dont les marques s’imposent avec succès dans le monde entier comme un vecteur de rêve et un marqueur social important, notamment en Chine. Sans oublier les valeurs technologiques, moins présentes en Europe qu’aux Etats-Unis, mais dont les capacités d’innovation rendent attractives auprès des investisseurs. De leur côté, les valeurs bancaires vont continuer à profiter du nouveau contexte de hausse des taux, propice à la revalorisation de leurs marges. En revanche, les « utilities » (services aux collectivités), les valeurs télécoms et les laboratoires pharmaceutiques devraient souffrir du relèvement des taux.
A propos de l'auteur : Daniel Gerino est président et directeur de la gestion de Carlton Sélection.