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Ushuaïa : les indiens Zo'és par Nicolas Hulo : la vie, la vraie

Publié le 02 juillet 2008 par Jeanclaudeattitude

Depuis plus de trente ans que je fouille, entre autres pour «Ushuaïa», tous les horizons du monde, je crois avoir croisé ou côtoyé une belle palette de l'humanité. Même si je suis loin d'être blasé, la vue du premier indigène venu ne me tourne plus la tête. Mais ma rencontre avec les Indiens Zo'és a été une vraie tempête mentale. Jamais certaines vérités ne me sont apparues de manière aussi évidente. Comme si, d'instinct, ils nous délivraient un ultime message de raison et de sagesse, eux qui ne soupçonnent même pas notre existence. En séjournant dans leur univers, comme un chapitre oublié de la Genèse, m'apparaissaient tous les excès de notre civilisation.

Quelque part dans le nord de la forêt amazonienne, dans l'État de Para, sous l'équateur, une trouée de la forêt, le refuge des derniers hommes libres. J'ai l'impression de découvrir le royaume de l'harmonie. Aucun lieu, aucune rencontre ne m'a rendu ce mot si évident. A me demander si cette origine de l'humanité n'en est pas une forme d'aboutissement. (…)

Les Zo'és ont la beauté de ceux qui vivent sans angoisse. Ils parlent, se touchent, surveillent les enfants sans relâche et soutiennent les anciens sans effort. Il y a des tâches, mais pas de travail ni d'obligations. Les uns chassent ou pêchent, d'autres cuisinent, vannent, tissent, soignent et entretiennent le foyer pendant que certains se lavent ou aiguisent les flèches. Mais ils jouent aussi, chantent, dansent, câlinent, regardent, se parent, apprennent, enseignent et souvent ne font rien, sans pour autant s'ennuyer. L'esprit divague, le visage est épanoui. Ils savent vivre le moment présent. Le temps, comme l'Amazone, se dilate dans l'infini.

Et nous réalisons combien de liens nous avons sacrifiés à la notion de possession. On mesure l'outrance de notre société standardisée, basée sur le pouvoir, la compétition, le rendement. Et l'accumulation. On prend conscience à travers eux de l'absurdité de notre quotidien, régi par la satisfaction de nos désirs matériels, confondant plaisir et bonheur, oubliant que l'ombre de la convoitise, c'est la frustration, et que l'ombre du plaisir, c'est la douleur. Et nous traînons souvent derrière nous un mal-être indéfinissable, le désarroi tragique de ceux que rien ne relie à rien dans un monde parfois vide de sens. Les Zo'és, dont la seule fortune est la forêt, nous enseignent sans le savoir que le bonheur n'est pas dans les choses : il est un bien de l'âme. (…)
Dans un monde où le virtuel et l'artificiel occultent le réel, les Zo'és forcent le regard vers la réalité. Cette tribu inespérée, où l'être prime sur l'avoir, nous ouvre un chemin. Notre société matérialiste sans limites n'a pas d'issue dans un monde clos. Il y a une voie nouvelle et supérieure pour une civilisation fondée sur deux règles d'or : la modération et le partage."
(source Paris Match, 2008)
via www.vinzalice.com
vidéo indien Zo'és


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