Je profite aujourd'hui de l'attribution par l'EFMA de son trophée de l'innovation du mois à une initiative relativement ancienne de l'américaine USAA pour m'attarder sur la stratégie multi-facettes que déploie cette dernière dans le but d'inciter ses membres à se constituer une épargne minimale, sans effort, voire sans y penser.
Le sujet est particulièrement brûlant car toutes les études montrent qu'une proportion considérable de personnes ne dispose d'aucun fonds de secours en cas de coup dur. Aux États-Unis, par exemple, la dernière enquête économique annuelle de la Réserve Fédérale révèle que, en 2017, 4 adultes sur 10 n'étaient pas en mesure de faire immédiatement face à une dépense urgente de 400 dollars, telle qu'une avance de frais médicaux, une réparation de voiture, des travaux sur l'habitation…
Alors que, dans une immense majorité des cas, le problème est moins financier que psychologique, comment faire pour que quiconque puisse mettre un peu d'argent de côté et ainsi surmonter facilement les épreuves de la vie ? Chez USAA, la conviction, appuyée par un certain nombre d'études scientifiques, est qu'il faut rendre aussi transparent, invisible et indolore que possible le geste d'épargne, afin de surmonter le blocage instinctif de l'individu face à ce qu'il perçoit comme une souffrance sans récompense.
Dans cette optique, l'institution propose à ses membres 4 outils différents, à la fois pour multiplier les occasions d'épargner et pour permettre à chacun de trouver celui qui convient le mieux à ses habitudes ou qui vaincra plus facilement ses hésitations. Ils ont toutefois en commun d'être simple à adopter, de fonctionner automatiquement (une fois la décision prise de les mettre en œuvre) et d'être entièrement gratuits.
Le premier de ces services est celui qui a valu la récompense de l'EFMA : « Text Savings » combine l'envoie d'un SMS quotidien de rappel du solde du compte courant avec un micro-virement automatique de 1 à 9 dollars vers le compte d'épargne, tous les 2 ou 3 jours (si la situation le permet). Le montant peut paraître dérisoire – et tel est, fondamentalement, l'objectif recherché – mais ces versements réguliers, mis bout à bout, représenteront environ 750 dollars d'économies après une année.
Une autre option consistera plus classiquement à transformer systématiquement en épargne une fraction pré-déterminée des rentrées d'argent sélectionnées (ce pourrait être 10% du salaire mensuel, 50% des aides sociales…). Une variante de ce modèle cible plus spécifiquement les crédits d'impôts annuels. Enfin, une règle peut également être mise en œuvre pour sauvegarder les petits avantages consentis par la banque, en l'occurrence le remboursement des frais de retrait sur les GAB d'autres établissements. Étonnamment, il ne manque à ce catalogue que les arrondis sur les achats !
La démarche d'USAA a une double vertu, car, en même temps qu'elle aide concrètement les consommateurs à renforcer leur sécurité financière, elle contribue à leur éducation en matière d'épargne et peut de la sorte les encourager à aller plus loin. En revanche, elle me semble encore perfectible. En effet, si elle parvient à faire disparaître les efforts dans la durée, elle ne s'attaque pas à l'obstacle initial de l'adoption : il reste à imaginer des moyens efficaces de convaincre les clients de faire le premier pas…