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How To Talk To Girls At Parties. Punk is not dead

Par Balndorn

How To Talk To Girls At Parties. Punk is not dead
Résumé : 1977 : trois jeunes punks anglais croisent dans une soirée des créatures aussi sublimes qu’étranges. L'une d'elles, en quête de sensations nouvelles, quitte son groupe et suit l'un d'eux.
How To Talk To Girls At Parties se faisait attendre dans les salles françaises depuis sa présentation à Cannes l’an dernier. Alors qu’un Terry Gilliam a mis vingt-cinq ans pour produire une œuvre somme toute décevante, l’année qu’il fallut attendre pour voir le dernier John Cameron Mitchell s’avère amplement méritée.
Cinéma de genre, cinéma des genres
Comparer L’Homme qui tua Don Quichotte et How To Talk To Girls At Parties ne s’arrête pas qu’à une simple coïncidence de distribution. Les deux œuvres témoignent, chacune à leur manière, d’états du cinéma de genre. La première, de la frilosité des grands studios hollywoodiens d’aujourd’hui, qui recyclent les histoires et renâclent devant la nouveauté. La seconde, de l’effervescence artistique en cours chez les producteurs indépendants.How To Talkrevendique explicitement son ancrage dans le cinéma de genre. Dans les deux sens du terme. Et dont il s’amuse à mêler les strates de signification. En tant que « catégorie formelle », le film se plaît à mettre en scène des extraterrestres, grande figure de la science-fiction, d’un genre nouveau : humanoïdes aux corps élancés et sensuels qui tiennent plus des acrobates en justaucorps que des petits bonshommes verts. En tant que « construction sociale », How To Talk décloisonne les groupes et invite au mélange des cultures, des styles, des corps.La rencontre entre punks anglais et extraterrestres invite en effet à penser autrement le corps – au cœur d’un cinéma de genre de plus en plus queer, auquel le Trois couleurs de mars rendait un bel hommage. S’enrichissant mutuellement de perceptions sensorielles nouvelles en lieu et place du traditionnel affrontement interstellaire, punks et extraterrestres expérimentent une identité à la marge. Enn (Alex Sharp), qui fuit l’Angleterre d’Élizabeth II et de sa mère, et Zan (Elle Fanning), en rupture avec la hiérarchie cannibale imposée par les « Parents-Profs », cherchent une liberté qu’ils trouvent dans la jouissance des sens. Et par liberté, il faut entendre l’acception punk : l’absence de règles, l’ivresse du délire, l’insolence envers les normes.
L’avenir est punk
Pour autant, avec une grande pudeur doublée d’un romantisme certain, John Cameron Mitchell s’efforce de mettre en scène autre chose qu’une débauche sexuelle. La liberté que construisent Enn, Zan et leurs camarades passent par le jeu : lancer des ordures, hurler en courant, tirer la langue, se caresser les aisselles… La liberté punk s’apprend par la réappropriation de son corps, qui passe au travers du corps de l’autre : aucun des deux ne se réduit au seul plaisir sexuel.C’est ce qui distingue How To Talk des Garçons sauvages, dont il partage cependant nombre de traits formels et thématiques. Quand John Cameron Mitchell se préoccupe d’une éducation du corps, Bertrand Mandico fonce tête baissée dans l’humour pipi-caca. Les Garçons sauvages se résume malheureusement au délire formaliste de quelqu’un qui semble découvrir ses poils pour la première fois, alors que How To Talk ambitionne de sortir du pur délire auteuriste.Bref, à voir How To Talk To Girls At Parties, on comprend que le punk, évidemment loin d’être mort, constitue un avenir de l’homme.
How To Talk To Girls At Parties. Punk is not dead
How To Talk To Girls At Parties, John Cameron Mitchell, 2018, 1h42
Maxime
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