En essayant d'ouvrir un compte dans une banque, j'ai eu une illumination. Ma surprise face à sa désorganisation et son inefficacité s'expliquent simplement. Pour nous, aujourd'hui, une banque, c'est Goldman Sachs, c'est le Loup de Wall Street, c'est le diplômé de Harvard qui se roule par terre, en disant qu'il est le meilleur. Or, la banque, en France, n'a pas changé. Elle est demeurée l'administration qu'elle était il y a cinquante ans.
Je me demande s'il n'en est pas de même de la start up. Un dirigeant me disait qu'il ne comprenait pas pourquoi une entreprise américaine avait levé 40m$ pour une technologie qu'il possède depuis 10 ans, et pour laquelle ses clients ne paient presque rien. L'explication est que nous avons projeté le concept américain de start up sur une réalité qui n'a pas changé. Le dirigeant en question est un artisan, me disait, quelque-peu dépité, quelqu'un qui essaie de le conseiller. Alors que l'Américain cherche par tous les moyens à faire fortune, le Français fait un métier. Et il le fait comme il a envie de le faire. Pour le reste, il cherche à vivre. Et, pour cela, il a besoin d'un salaire. Il trouverait normal qu'il lui soit versé par l'Etat, un peu comme on parle de payer le paysan pour l'entretien de la nature. Mais, à défaut, il a trouvé une alternative : convaincre un investisseur qu'il est une start up...