Si les professionnels de santé dont les infirmières et aides-soignantes mais aussi les aidants sont très impliqués dans l’utilisation des produits d’hygiène et de confort pour incontinence, faute de connaissances, mal choisis ces produits sont vite source de dépenses lourdes et inutiles et de conséquences dramatiques pour le patient. Aussi, les soignants et les aidants doivent savoir maîtriser parfaitement l’art de proposer et de choisir un produit de confort, à bon escient, tout en y associant des soins d’hygiène adaptés. De la qualité de ce choix et de ces soins dépend l’intégrité cutanée, le bien-être et la satisfaction du patient.
Quelques règles à respecter pour le choix des protections et des produits d’hygiène et de confort :
- Identifier le type de l’incontinence
- Evaluer l’autonomie fonctionnelle du patient
- Evaluer l’intégrité ou non des fonctions intellectuelles (coopération)
- Mesurer le tour de hanche (et non pas le tour de taille)
- Connaître les pouvoirs d’absorption de chaque produit et leur code de « saturation »
- Ajuster soigneusement la protection (ni trop lâche, ni trop serrée, bien centrée)
- Respecter les règles d’hygiène périnéale : fréquence (1x/24 heures au savon, les autres fois à l’eau ou à la lingette en l’absence de selles), le sens de la toilette, le séchage par « tamponnage » et l’application systématique d’une crème protectrice cutanée.
- Appliquer à chaque toilette une crème protectrice qui va contribuer à faire barrière contre l’humidité, prévenir la macération et donc l’irritation de la peau : l’application d’une crème « hydrophobe » qui constitue une barrière protectrice entre la peau et les urines et les selles, est incontournable, avec ou sans risque cutané majeur identifié, autant dire systématiquement.
- Planifier, si possible, 5 contrôles ou changes/24 heures, avec invitation chaque fois que possible à la miction avant de procéder à un changement de protection. (Matin, midi, après-midi, coucher, +ou – au petit matin).
Quelques écueils à éviter :
- Réduire la fréquence des changes : pas assez fréquent, le change engendre des macérations, des plaies, un surcoût en consultation spécialisée, médicaments, pansements, sans compter la douleur du patient.
- Augmenter la fréquence des changes : trop fréquent, le change n’est pas justifié et coûte tout simplement trop cher.
- Choisir une protection mal adaptée : trop petite, la protection ou le palliatif est inefficace et engendre un surcoût de nettoyage de la lingerie et de la literie, sans compter l’atteinte à la dignité de la personne « souillée ». Trop large, elle n’est pas plus absorbante, pas plus efficace, « baille », frotte sur la peau, fait des plis…
- Recourir aux protections alors que la personne est toujours continente : non justifié, le port de protections menace la personne fragile de développer une incontinence urinaire fonctionnelle : bien installée dans sa protection, la personne se sent faussement en sécurité et néglige peu à peu les messages d’alerte naturelle de son corps.
- Opter pour une crème de protection trop grasse, parfumée ou avec alcool.
Les principales questions à se poser :
- Le rythme de changement des protections est-il adapté ?
- Le type de protection utilisée permet-il une bonne « ventilation de la peau ?
- La toilette intime est-elle effectuée à un rythme adapté et une gestuelle douce ?
- Les crèmes protectrices ne sont-elles pas trop épaisses et occlusives ?
- N’existe-t-il pas une intolérance aux produits et protections utilisées ?
Pour en savoir plus avec TENA
Dr Lamia Fournis Consultation d'urodynamique Unité de Gériatrie Aiguë Hôpital Antoine-Béclère, Clamart (AP-HP) Juin 28, 2018Rédaction Santé log