Quand Metromile veut automatiser sa gestion des sinistres, il lui faut des données lui permettant d'entraîner son intelligence artificielle, AVA. Alors, elle récupère quelques voitures d'occasion et leur fait subir toutes sortes de petits accidents et autres accrochages, grâce auxquels elle constitue une base de connaissances unique au monde.
Depuis son origine, Metromile voit un peu plus loin que son modèle de base de l'assurance automobile au kilomètre. Aussi le capteur (« Pulse ») qu'elle installe dans les véhicules de ses clients pour mesurer les distances parcourues est-il également conçu pour enregistrer une multitude d'informations et de paramètres différents. Initialement exploités pour éclairer les conducteurs sur leurs comportements, ils peuvent aussi apporter une aide précieuse pour mieux prendre en charge les sinistres.
Ce sont plus particulièrement les petits accrocs de la vie quotidienne – par exemple les cas de tôle froissée survenant en l'absence du propriétaire ou les bris de vitres, dans lesquels il n'est pas toujours aisé de déterminer ce qui s'est passé – qui sont ciblés avec cette initiative. Qu'ils engendrent des dommages importants ou non, ils représentent des coûts de traitement considérables pour les compagnies, parce qu'ils impliquent généralement des interventions humaines, notamment pour lutter contre la fraude.
La démarche retenue consiste en un protocole standard d'apprentissage automatique. Les véhicules de test sont soumis, à répétition, aux multiples scénarios que rencontre Metromile dans les dossiers qu'elle reçoit : choc arrière à l'arrêt, collision avec un obstacle fixe, projectiles lancés sur divers éléments de carrosserie… Lors de chaque simulation, les données captées par le « Pulse » embarqué sont collectées et analysées afin qu'AVA puisse par la suite reconnaître automatiquement les circonstances d'un accident.
Ainsi armée, la compagnie peut valider presque instantanément la vraisemblance d'une déclaration de la part de ses assurés. Dès lors, elle propose une indemnisation plus rapide, voire, dans les situations qui l'exigent (telles qu'un besoin de remplacement du pare-brise), une intervention immédiate sur les lieux du sinistre. Outre le bénéfice direct pour ses clients, l'approche a également vocation à mieux détecter et réduire la fraude, dont elle estime qu'elle affecte 10% des dossiers qui lui sont présentés.
L'initiative de Metromile nous rappelle utilement que l'intelligence artificielle ne peut justifier de son efficacité que si elle s'appuie sur un corpus d'informations fiables et éprouvées et qu'il est préférable de le maîtriser de bout en bout (en attendant que, peut-être, des modèles universels et partagés émergent). Or, à ce jour, la constitution de ce socle indispensable demande des efforts et des ressources non négligeables…