En Europe, les recommandations limitent le dépistage du virus de l'hépatite C (VHC) aux personnes à risque d'infection élevé. En France, les données de santé publique suggèrent qu'en 2014, environ 75.000 personnes âgées de 18 à 80 ans étaient infectées par le VHC, dans l’ignorance de leur statut. Dans au moins 1 cas sur 10, ces personnes sont déjà à stade avancé de la maladie au moment du diagnostic. Cette équipe française qui a développé un modèle mathématique permettant d’évaluer l'efficacité et la rentabilité de différentes stratégies de dépistage, y compris du dépistage universel, suggère dans le Journal of Hepatology, que le dépistage universel est associé à une meilleure espérance de vie ajustée à la qualité de vie que d'autres stratégies. Ce mode de dépistage est rentable si les patients testés positifs sont traités rapidement après le diagnostic.
Les traitements actuels de l'infection par le VHC sont à la fois très efficaces et bien tolérés, et guérissent l'infection en quelques semaines dans plus de 95% des cas.
L'équipe de recherche du professeur Yazdan Yazdanpanah et Sylvie Deuffic-Burban (Inserm) a combiné les données d'une enquête de séroprévalence (InVS, 2004) et les résultats d'études sur les caractéristiques des personnes infectées (âge, sexe, stade de la maladie au moment du diagnostic, consommation d'alcool, etc.), la progression naturelle de la maladie, l'efficacité des traitements, la qualité de vie des patients traités et le coût du traitement de l'infection pour développer leur modèle analytique. Les stratégies de dépistage évaluées ciblaient les groupes suivants :
- la population à risque uniquement,
- tous les hommes âgés de 18 à 59 ans,
- tous les jeunes âgés de 40 à 59 ans, tous les jeunes âgés de 40 à 80 ans,
- et tous les adultes âgés de 18 à 80 ans.
Le modèle associe le dépistage universel à une meilleure espérance de vie ajustée avec la qualité de vie que les autres stratégies. Le dépistage universel est rentable si les patients testés pour l'infection par le VHC sont traités rapidement après le diagnostic. Le chercheur, Sylvie Deuffic-Burban souligne dans le communiqué, que « le dépistage individuel permet un traitement rapide et évite ainsi le développement de complications graves. A terme, le dépistage collectif permet d'éliminer l'hépatite C d'une population dépistée sans restriction ».
Les résultats de cette étude financée par l'ANRS plaident donc en faveur d'un dépistage universel du VHC en France, suivi d'un traitement immédiat des personnes diagnostiquées d'infection par le VHC.
Source: Journal of Hepatology June 2018 DOI : 10.1016/j.jhep.2018.05.027 Assessing the cost-effectiveness of hepatitis C screening strategies in France
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Équipe de rédaction Santélog Juil 4, 2018Rédaction Santé log