J'ai découvert que le "mode projet" était à la mode. Mon éditeur m'a demandé d'écrire un livre sur le sujet. (Ce que j'ai refusé.) En en parlant à un ami il m'a dit que son entreprise voulait adopter le mode projet, mais qu'elle était comme une poule devant un couteau. Curieux. Gérer un projet me semble l'évidence même. Quels conseils lui donner ? Il y a des tas de livres sur le sujet. Mais ils apportent tous un peu plus de confusion. A la réflexion, je crois que le meilleur conseil que l'on puisse donner, est le suivant :
D'abord, il faut définir ce qu'est un projet. Quelque-chose comme la réalisation d'une tâche en une durée donnée. Ensuite, il faut bâtir une "méthode". Un simple graphique sur une page, qui montre les étapes que doit suivre un projet. Simple question de bon sens. Et ensuite ? On se débrouille. Et on réinventera les conseils des livres.
Le retour des Japonais
C'est alors que j'ai pensé que j'avais écrit un livre sur le "mode projet". Car le "mode projet", ce n'est pas la gestion de projet ! C'est un changement majeur. C'est un moyen de diriger une société qui la rend créative, résiliente, hyper productive. Le mode projet explique le succès japonais des années 80, et la Twingo de Renault. C'est ce qui a permis de diviser par deux les temps de développement de l'automobile. Le principe du mode projet, c'est de mettre les parties prenantes de la conception d'un produit dans une même pièce. Ainsi la phase créative, qui n'est qu'itérations, est ultra rapide, et extrêmement efficace. Mais il y a bien mieux, et beaucoup plus surprenant. Ce travail, s'il réussit, crée une équipe. Une équipe ce sont des gens qui se comprennent d'instinct. Une fois revenus chez eux, ils ne perdront plus le lien qu'ils ont établi. Ils anticiperont, tous, les réactions des autres. On a changé de mode de travail : de séquentiel, il devient parallèle. Tout le secret de l'efficacité miraculeuse du mode projet est là.
Pourquoi a-t-on oublié la leçon des années 80 ? Sujet d'un prochain billet.