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Soror : enfin une revue qui prône la solidarité entre femmes !

Publié le 16 juillet 2018 par Larrogante

Je me demandais quand cela allait arriver en France, et Vanina Denizot l’a fait ! SOROR, c’est une revue créée par une femme, pour parler de femmes aux parcours exceptionnels, donnant une inspiration monstre pour se lancer et s’entraider. En plus de portraits et d’entretiens riches et passionnants, Vanina a conçu SOROR de manière graphique, avec des illustrations magnifiques. C’est une revue qui en elle-même est canon (ça compte, le fond et la forme !).

Autant vous dire qu’on a voulu en savoir plus sur Vanina, sur son projet, sur son parcours à elle, alors que comme toute bonne journaliste qui se respecte, c’est son job au quotidien de mettre en valeur les autres.

Et pourtant, comment ne pas l’admirer ?
Longue vie à Soror et à tes idées Vanina ! 

Soror : enfin une revue qui prône la solidarité entre femmes !

Hello Vanina, peux-tu me dire d’où viens-tu ?

Vanina Denizot : Je suis née à Bastia, il y a maintenant 34 ans ! J’ai toujours été une petite fille rêveuse qui passait énormément de temps le nez dans les livres. Et quand ce n’était pas le cas, je dessinais beaucoup ou j’écrivais des histoires. Très vite je me suis servie de mon petit frère comme cobaye, je fabriquais et rédigeais des magazines que je glissais à son intention dans la boîte aux lettres.

Soror : enfin une revue qui prône la solidarité entre femmes !

A posteriori, on pourrait dire que mon cheminement vers le journalisme était évident mais en réalité j’ai longtemps été perdue. Je suis arrivée sur le continent après mon bac, j’ai eu un DEA de lettres qui me menait tout droit vers l’enseignement, pourtant cela ne me tentait pas… Avec mon ami, nous nous sommes installés à Paris et j’avais en tête de chercher des stages dans l’édition ou le journalisme, pour voir. Mon stage à Evene, un site culturel, a été un déclic. J’ai ensuite enchaîné avec un autre stage, des piges puis 5 années passées au sein du groupe Marie Claire avant de devenir journaliste indépendante.Cela fait maintenant 6 ans.

« Quand on commence à rencontrer des femmes formidables, qui se livrent et vous font confiance, on comprend très vite qu’on ne peut plus reculer », Vanina. 

Comment est née la revue Soror ? 

Vanina : L’idée mûrissait depuis plusieurs années… Le plus difficile est de se lancer !Et même cela au final, est moins compliqué que ce que l’on imagine. Je suis allée voir un imprimeur à Lyon, j’ai commencé à sélectionner les femmes et à démarrer les interviews tout en faisant toujours mon travail de journaliste indépendante à côté pour d’autres médias.Donc j’ai pris mon temps ! Et ce rythme m’a beaucoup plu, je le trouve en harmonie avec le format fini. Et quand on commence à rencontrer des femmes formidables, qui se livrent et vous font confiance, on comprend très vite qu’on ne peut plus reculer. Il faut aller au bout du projet !

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Parfois, je me suis retrouvée en difficulté : au moment de faire le site, de lancer la campagne de crowdfunding, de peaufiner la maquette, de relire 150 fois les articles… J’ai dû apprendre à accepter l’aide proposée. Beaucoup sont venus me prêter main forte à des périodes clés du projet. Cela fait beaucoup de bien car, au-delà de l’aide apportée, cela conforte dans l’idée que l’on n’est pas la seule à y croire !

Quelles en sont les grandes lignes ?

Vanina : Il s’agit de rassembler neuf femmes à travers huit rencontres retranscrites sur une dizaine de pages minimum. L’idée est vraiment de laisser la parole se répandre, de prendre le temps de la découverte de l’autre.

Pourquoi seulement au féminin, ces portraits ? 

Vanina : C’est difficile de répondre à cette question car c’est tout le concept du projet. C’est évidemment lié à mon métier. J’aime beaucoup écrire mais j’ai une appétence toute particulière pour les portraits et les interviews. Je viens de la presse féminine essentiellement et je faisais beaucoup de portraits de femmes que je trouvais formidables mais les formats ne me permettaient pas toujours de détailler l’étendue de leur parcours et la pertinence de leurs propos. Avec Soror, il s’agissait de corriger ça.Et surtout, j’avais envie de présenter les femmes de façon positive : que l’on s’attarde sur leurs actions, leurs prises de décision, leurs passions… bref, qu’on mette en lumière des femmes plurielles, agissantes et libres.

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Es-tu féministe ? Que penses-tu de l’être à notre époque ?

Vanina : Je le suis, c’est l’évidence même. Ce n’est même pas quelque chose que je revendique, c’est quelque chose qui est en moi, qui m’accompagne au quotidien, lorsque je partage ma vie de parent avec mon compagnon, lorsque je suis victime de sexisme et que je trouve cela injuste, lorsque je souffre de voir des femmes qui n’ont pas encore accès aux mêmes droits que nous dans le monde. Est-ce que cela ne nous paraîtrait pas aberrant de nos jours de demander l’autorisation de nos compagnons pour obtenir un chéquier ? Pourtant, nos mères l’ont vécu.Bientôt j’espère que cela paraîtra tout aussi insensé à nos filles d’entendre que nous étions moins bien payées que les hommes à poste équivalent !

Certaines des femmes qui ont été interviewées dans Soror ne sont pas forcément à l’aise avec le terme « féministe », d’autres l’assument avec conviction. Peu importe. Ce sont toutes des femmes qui tendent toujours à être libres, à mener leur vie comme elles l’entendent. C’est ce qui me pousse à penser que la majorité des femmes de notre époque sont des féministes qui s’ignorent. Et c’est très bien comme cela finalement. On va peut-être finir par arrêter de se braquer sur ce mot qui fait peur et on va se concentrer sur l’essentiel : le message ; autrement dit, l’égalité de tous et de toutes.

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Quel portrait as-tu envie de nous présenter, pour illustrer ce que l’on trouve dans Soror ?

Vanina : Olala c’est très difficile ! Je me sens liée à toutes, c’est compliqué de n’en choisir qu’une. Pour moi, elles incarnent ensemble l’esprit Soror. Il y a Hindou Oumarou Ibrahim, Tchadienne qui se bat pour la survie des peuples nomades autant que celle de la planète, Jacqueline Duhême, illustratrice de 90 ans qui fut chef d’atelier chez Matisse et a travaillé plus de 20 ans au Elle, Lina Pierettiqui est la première femme vigneronne corse, Florence Porcel, Youtubeuse et auteure passionnée d’astronomie, Hortense Montarnalqui après plusieurs burn-out a découvert tardivement son intérêt pour la céramique et cartonne dans son nouveau métier,Judith Levy et Juliette Couturierqui à 23 ans ont eu l’idée de créer la première marque de cosmétique pour les femmes atteintes d’un cancer, Chrysoline de Gastinesco-fondatrice de la célèbre marque Balzac Paris et enfin, Aline Sam-Giao, devenue à 40 ans seulement directrice de l’Orchestre national de Lyon.

« J’avais envie de présenter les femmes de façon positive : que l’on s’attarde sur leurs actions, leurs prises de décision, leurs passions… bref, qu’on mette en lumière des femmes plurielles, agissantes et libres », Vanina.  

Quel regard as-tu sur tous les événements qui se sont produits autour des femmes cette année ?

Vanina : La parole se libère et c’est une bonne chose. J’avoue avoir été un peu sceptique au début, pensant que cela serait un enchaînement de buzz. Mais je pense que cela a déjà changé profondément les choses.Il faut sortir du silence pour faire évoluer une situation, sinon on entretient un tabou et la situation s’envenime. 

Qu’aimerais-tu pour l’avenir de ton Mook, dans l’idéal ? 

Vanina : J’aimerais que Soror puisse continuer à se développer, à un rythme plus soutenu et enrichir l’équipe mais pour cela il faudrait des aides ou des investisseurs ! Je lance donc un appel ! 

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Est-ce que tu t’es documentée d’une certaine façon, inspirée peut-être par d’autres pays, pour créer Soror ?

Vanina : Pas vraiment… Je considère Soror dans la lignée des mooks – contraction de magazine et de book. J’en lis moi-même énormément et ils ont donc été forcément une source d’inspiration mais en ce qui concerne le contenu à proprement parler, je n’ai pas vraiment eu d’influence.

A ton avis, le portrait le plus arrogant que tu aies dressé (le blog s’appelle Larrogante.fr) ? 

Vanina : Je ne sais pas quel est le portrait le plus arrogant que j’ai eu l’occasion de rédiger en tant que journaliste mais je pense qu’éditer Soror a sans doute été l’une de mes décisions professionnelles les plus arrogantes, dans le sens audacieuse !

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Vous pouvez commander la revue Soror directement sur son site internet, par ici


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