Ce qui différencie mon changement de celui du reste de l'humanité est que je considère le changement comme un "phénomène".
Le phénomène est le sujet de la science. Mais le phénomène est surtout quelque chose que l'on est incapable de décrire. Considérons les phénomènes naturels : l'arc en ciel, la marée, la tectonique des plaques... On sait en faire des modélisations. Elles sont justes en gros, mais fausses dans le détail. Il en est de même pour l'homme, la vie, la démocratie...
La seule caractéristique certaine du phénomène est qu'il est une invention humaine. L'homme décrit le monde par des mots, et il attache à ces mots d'autres descriptions issues de ses observations : les phénomènes atmosphériques sont associés à la pression atmosphérique... Plus il décrit, plus ses prévisions sont efficaces. Jusqu'à ce qu'il touche l'absurde. A trop décrire, on ne décrit rien. C'est probablement ce qui arrive actuellement à la physique.
Le romantisme avait peut-être trouvé une solution à ce paradoxe : le fragment. La raison nous fournit des outils fragmentaires, les phénomènes. En les manoeuvrant habilement on peut parvenir à obtenir une intuition de ce qu'il y a "au delà".