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Un agenda vierge

Publié le 07 juillet 2008 par Malesherbes
Si vous avez eu la chance d’étudier le latin, vous vous rappelez peut-être l’origine du mot agenda. C’est une forme du gérondif du verbe ago, au neutre pluriel, et signifie « choses à faire. » C’est sur un carnet, un cahier ou dans un dispositif informatique du même genre que les actifs (encore un dérivé de même verbe ago) consignent les tâches qu’ils devront accomplir dans le futur. Par contagion de l’anglais, l’emploi de ce mot d’agenda se répand pour évincer le terme plus explicite d’ordre du jour mais cela ne doit pas nous conduire à oublier son sens originel : à faire.
Un agenda permet à son possesseur et éventuellement à sa secrétaire, à ses collaborateurs ou à ses collègues, de savoir quand il est occupé et quand il est disponible. Je vais à nouveau faire appel à mon expérience mais cette fois sur un point partagé par nombre d’actifs : dans le cadre de l’exercice normal d’une profession, un agenda est généralement plutôt chargé. A tel point que programmer un rendez-vous ou une réunion devient rapidement assez difficile et que ce n'est possible qu’à une échéance assez lointaine.
Cette longue introduction n’est destinée qu’à vous permettre d’admirer le tour de force maintes fois réalisé par notre Président omnipotent : il est toujours capable de se dégager du jour au lendemain pour honorer de sa présence tout événement où il la jugera indispensable : l’enterrement d’un marin noyé en mer (mais pas celui du manœuvre tombé d’un échafaudage), celui d’un acteur (mais pas celui du VRP tué dans un accident de la route) ou celui d’un grand couturier (mais pas celui de l’immigré défénestré). Il n’y a qu’une explication à un tel comportement : notre Président n’a aucun engagement ou plutôt, il n’est engagé à rien. Il a tout loisir de décider de son emploi du temps, choisit en maître absolu ce qu’il va faire ou ne pas faire. Il n’a aucun agenda, au sens littéral, rien à faire.
Cela se sent dans toutes ses déclarations : aucune réflexion, la plus totale incohérence. Je n’imagine pas qu’il ait jamais eu la curiosité d’étudier, ne serait-ce qu’une heure, le moindre des dossiers à propos desquels il tranche, ne s’en remettant qu’à sa sensibilité d’adolescent attardé, tout joyeux d’avoir obtenu le pouvoir suprême.
L’événement qui m’a conduit à ce billet est son soudain déplacement à Carcassonne après l’accident d’il y a quelques jours, qui démontre à l’évidence le vide de son agenda. Avec sa délicatesse naturelle, Nicolas Sarkozy a traité les soldats d’incapables, ceux-là mêmes auxquels, au nom de sa devise favorite « faire mieux avec moins », il vient de retirer des ressources. Il a cependant prononcé une phrase bienvenue, déclarant vouloir remonter la chaîne des responsabilités. Le général Cuche l’a entendue, le chef des armées l’a oubliée. Dommage.

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