Une des raisons pour lesquelles les banques ont du mal à répondre aux besoins des petites entreprises est qu'elles ne sont pas structurées pour considérer que chacun de ces clients est un cas particulier qui exige des solutions personnalisées. À Singapour, la place de marché de Tranzaco vise à réconcilier les contraintes des unes et des autres.
La jeune pousse ne prétend pas rendre l'accès aux services financiers totalement transparent et immédiat. Sa préoccupation principale est d'aider les chefs d'entreprise à trouver un interlocuteur capable de comprendre leur problème spécifique et de le traiter au mieux. Les démarches administratives qui permettront ensuite de matérialiser la relation commerciale promise restent (pour l'instant ?) en dehors de son périmètre. En ce sens, Tranzaco est un peu le Match.com de la banque pour les PME…
La comparaison est d'autant plus valide que l'ambition de la startup n'est pas de proposer un simple comparateur de produits, plus ou moins riche. La logique retenue ici consiste bien à suggérer aux entrepreneurs de contacter des individus – conseillers bancaires et autres spécialistes financiers – pour prendre en charge leurs demandes. L'objectif de cette approche est mixte : il s'agit tout autant d'apporter au client une vraie expertise, avec un accompagnement dédié, que de procurer la proximité humaine à laquelle restent attachées une majorité de personnes face à un sujet potentiellement complexe.
En pratique, l'entrepreneur, une fois inscrit sur la plate-forme, est invité à y exposer sa problématique en détail, qu'il soit question d'ouverture de compte, de financement, d'assurance… Les algorithmes de Tranzaco vont alors rechercher les professionnels qualifiés sur le domaine concerné au sein de sa base de données et lui transmettre une sélection des plus pertinents, avec lesquels il peut ensuite échanger directement, par tchat, dans un espace privé et sécurisé, jusqu'à la conclusion de la transaction.
La promesse pour les PME est d'obtenir (enfin !) un conseil personnalisé, grâce au filtrage effectué sur un vaste annuaire de spécialistes, en évitant de multiplier les rendez-vous improductifs et les présentations identiques. De leur côté, les fournisseurs de services trouveront un intérêt dans le modèle par sa capacité à leur amener sur un plateau des contacts qualifiés, requérant explicitement leurs compétences. Un système de notation et de commentaires contribue en outre à développer leur notoriété.
La notion de plate-forme est souvent associée à un principe d'automatisation intégrale des interactions entre clients et institutions financières. Le positionnement intermédiaire de Tranzaco rappelle qu'il est aussi possible de distinguer deux niveaux dans la relation : celui du conseiller générique, qui sert de point d'entrée vers le « bon » interlocuteur pour traiter une demande, et celui de l'expert. Le premier est aujourd'hui relativement mal assuré et devient ainsi susceptible d'être remplacé par des algorithmes, tandis que le second tend à conserver un rôle important, y compris dans sa dimension humaine.