Castle Rock est une ville qui a un lien avec Stephen King et son travail sauf que le souci que la nouvelle production de J.J. Abrams soutient c’est que c’est plus une série inspirée du travail de King que réellement une histoire que Stephen King aurait pu raconter. Sam Shaw (Manhattan) et Dustin Thomason (The Evidence) tentent de rassembler des références intéressantes à l’univers de King, notamment dans le casting. On retrouve alors Bill Skarsgard (qui a incarné Pennywise dans la dernière version de Ça l’an dernier) ou Sissy Spacek (qui a incarné Carrie dans le film éponyme en 1976) qui sont sûrement les membres du casting les plus impliqués par le passé dans des adaptations de Stephen King. Notre héros est donc Henry Deaver et ce dernier n’est dans aucun des romans de Stephen King. Incarné par André Holland, il a été écrit spécialement pour la série de Hulu. En n’étant pas une adaptation directe d’une oeuvre de King, Castle Rock peut donc parfois s’égarée dans son envie de références en veux-tu en voilà mais tout est encore très timide. Mais Castle Rock veut tout de suite nous donner l’impression que l’on est bien chez King avec l’introduction dans un flashback au début de l’épisode mettant en scène Alan Pangborn, le shérif, vu dans La Part des Ténèbres (1989) et Le Bazaar de l’épouvante (1991). Mais étonnamment, je trouve que le Pangborn de Castle Rock n’est pas totalement celui que l’on peut voir dans le travail de King.
Une série située à Castle Rock, lieu de connexion de beaucoup des romans de Stephen King.
André Holland est parfait dans le rôle de Henry Deaver mais le fait qu’il soit avocat des condamnés à mort pourrait faire rapidement référence à La Ligne Verte (encore un roman de Stephen King) même si la référence est un peu trop subtile ou alors n’a pas toujours de sens si c’est une référence. Mais le personnage d’Henry est curieusement intéressant et change de ce que l’on avait pour habitude de voir dans le reste de « Severance », le premier épisode. C’est une bouffée d’air frais dont Castle Rock avait besoin et qui permet aussi de mélanger les univers autour d’un personnage tout à fait normal (ou en tout cas c’est ce que la série s’emploie à démontrer). Bill Skarsgard aka le Kid doit toujours trouver un moyen d’exister dans ces épisodes sans prononcer un mot. Ce n’est pas facile mais l’acteur est parfait. Dans Ça, son sourire et sa façon de faire étaient suffisant pour apporter sa patte et c’est quelque chose qu’il tente de réitérer ici. Castle Rock a tellement de personnages à nous présenter qu’elle n’a pas toujours le temps de faire quelque chose de réellement cohérent. Mais ce que d’autres adaptations de King ne réussissent pas à faire et que Castle Rock réussie très bien à faire c’est nous plonger dans le Maine.
Ce qu’il y a de plus fascinant dans Castle Rock c’est la façon dont finalement on retrouve la région du Maine dans Castle Rock plus que les personnages qui sont pour certains inspirés de personnages de l’univers de King. Mais comme on peut le voir dans « Habeas Corpus », la série est un peu trop prise par son envie de faire des références. La série fait donc ici jouer le cerveau du téléspectateur (et fan de King) avec des phrases qui tentent de jouer la carte des références utiles que les fans vont probablement aimer. Je trouve cependant dommage que Castle Rock se repose autant là dessus et ne tente pas de créer des intrigues simplement en s’inspirant de l’univers plutôt que de continuellement vivre dans ce que l’on a vu par le passé. En cherchant donc à se concentrer sur les histoires du passé, la série préfère oublier ce qui doit se passer dans cette série. Car si Castle Rock vit en parallèle de ce que l’on a vu dans les oeuvres de King autour de Castle Rock, alors ce ne doit être que des références, pas des trucs qui sont sans cesse là. Comme Castle Rock qui tente aussi de nous proposer quelque chose de proche du style de King sans avoir les facilités d’écriture du roi que le romancier peut être dans son genre.
Visuellement la série est parfaite et sait aussi nous donner tous les atouts de cette région des Etats-Unis si chère à Stephen King. Mais si l’on analyse ce que le générique de cette première saison nous offre, nous avons probablement trouvé les références auxquelles les créateurs de la série tiennent. Nous avons donc Le Bazaar de l’épouvante qui se déroule justement à Castle Rock (et que j’ai cité plus haut), La Ligne Verte (que j’ai également réussi à trouver plus haut), mais d’autres références sont présentes dans ce générique. A commencer par les couvertures de livre (nous avons Ça dont la référence présente dans la série est probablement Bill Skarsgard, mais aussi Cujo dont le film est loin d’être la meilleure adaptation que j’ai pu voir d’un roman de Stephen King), les écritures soulignées comme « Chapter 19 » qui fait référence ici aux Vampires de Salem mais aussi une carte qui est sûrement l’élément le plus fascinant avec le « crash site » référençant Les Tommyknockers (un roman que j’adore), 11:44 AM à Chester Mill qui est une référence à Under the Dome, « Arrowhead » nommant le projet présent dans The Mist (et présent dans d’autres romans) ou encore « Storm of the Century », une mini-série créée par Stephen King.
Mais dans les références nous avons aussi Dolores Claiborne, Shinning (et la référence à la chambre 217 qui a changé dans le film de Kubrick, est intéressante en sachant que King a détesté le film de Kubrick adaptant son roman), Misery (et j’adorerais que ce dernier soit repris dans Castle Rock dans une version différente), Rêves et Cauchemars (une collection de nouvelles publiée en 1993) et sûrement d’autres encore que je n’ai pas vu. Finalement, si j’aime beaucoup ce que je vois ici, je ne peux m’empêcher de rester un peu sur ma faim pour le moment. Visuellement c’est brillant, dans sa représentation du Maine afin de faire ressentir ce que King voulait faire ressortir dans ses romans mais il manque encore une histoire à raconter que la série a bien du mal à conter. J’aimerai bien des références à The Dead Zone (qui se situe à Castle Rock) ou encore The Shawshank Rédemption (qui donne son nom à la prison de Castle Rock).
Note : 6.5/10. En bref, une histoire originale dans le monde géographique de Stephen King avec des références pas toujours bien intéressantes et/ou lisibles. Dommage… Mais je reste persuadé que la série a énormément de potentiel.