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Hommage à Arsène Tchakarian du " groupe Manouchian "

Publié le 08 août 2018 par Albert @albertRicchi
Groupe ManouchianL'ancien résistant Arsène Tchakarian est mort le 4 août dernier à l'âge de 101 ans. Il était le dernier survivant du " groupe Manouchian ", un groupe de résistants devenu célèbre pendant la Seconde Guerre mondiale… 
 Le 21 février 1944, 23 membres du " groupe Manouchian " sont condamnés à mort puis exécutés au fort du Mont-Valérien. Les 22 hommes sont fusillés et la seule femme de ce mouvement de résistance, Olga Bancic, guillotinée quelques mois plus tard, conformément au manuel du droit criminel de la Wehrmacht qui interdit alors de fusiller les femmes.
Constitué d'immigrés italiens, polonais, espagnols ou encore arméniens, ce réseau de résistance effectue de nombreuses actions coups de poings contre le régime de Vichy. Le " groupe Manouchian " s'était notamment illustré en parvenant à abattre, le 28 septembre 1943, le colonel SS Standartenführer Julius Ritter, responsable de la mobilisation de la main-d'oeuvre du Service de Travail Obligatoire en France. Un des membres du groupe responsable de l'attentat, Marcel Rayman, était alors filé par la police française depuis plus de deux mois qui parvint ainsi à arrêter 23 des membres du groupe en novembre 1943.

L'Affiche rouge

Le 20 février 1944, à la veille de l'exécution de ces 23 résistants communistes, plus de 15 000 affiches rouges sont placardées en France : " Des libérateurs ? La libération par l'armée du crime ! " L'affiche rouge placardée à Paris et à Lyon, censée justifier les exécutions, n'aura pas l'effet escompté et deviendra un emblème de la Résistance, les membres du " groupe Manouchian " étant vus en martyrs. En 1948, Paul Eluard, consacra son poème " Légion " à la mémoire de vingt-trois terroristes étrangers torturés et fusillés à Paris par les Allemands " : C'est que des étrangers comme on les nomme encore Croyaient à la justice ici-bas et concrèteIls avaient dans leur sang le sang de leurs semblablesCes étrangers savaient quelle était leur patrieEn 1955, Louis Aragon composera le poème " Strophes pour se souvenir ", dans lequel il leur rend hommage : Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourirVingt et trois qui criaient la France en s’abattantAragon s'inspire de la dernière lettre que Missak Manouchian, le leader du groupe, adresse à sa femme et qu'il écrit le jour de son exécution : Je meurs à deux doigts de la victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand. (...) Bonheur ! à tous ! J’ai un regret profond de ne pas t’avoir rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et avoir un enfant pour mon honneur et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse.En 1959, Léo Ferré en fera une chanson, " L'Affiche Rouge ".En 1969, la Comédie-Française donnait à entendre, lors d'une soirée intitulée Poésie et politique, une interprétation de ce poème. En décembre 1989, l'émission " L'Histoire en direct " consacra un numéro au FTP-MOI, où des membres de ce mouvement de résistance revenaient sur leurs actions passées. Claude Lévy, membre de la 35ème brigade des FTP-MOI de Toulouse, se rappelait de l'affiche rouge :Historiquement, il a été montré que les Allemands n'ont pas pu aller plus loin dans la politique de répression justement parce qu'il a été démontré que ça n'arrêterait pas le processus de lutte armée, au contraire. (...) Nous étions pour beaucoup d'entre nous d'abord des réfugiés géographiques, souvent, et ensuite nous étions totalement démunis, puisque nous n'avions pas de moyens de subsistance, nous étions souvent illégaux malgré nous, et nous étions très souvent sans famille, avec des familles internées ou dispersées. Et c'est là où j'avais pris l'exemple des jeunes du groupe Manouchian, fusillés, et qui dans leurs dernières lettres ne pouvaient pas écrire à leurs parents (...). Je crois qu'une lettre particulièrement émouvante commence par "Madame, si mes parents reviennent vous leur remettrez cette chemise et cette lettre...". Quelques autres étrangers du groupe, même espagnols, écrivent à leur femme ou leur mère. Tandis que les petits juifs de cette époque-là, déjà à 50 %, n'avaient plus de nouvelles de leurs familles...
Adieu Arsène pour ton combat pour la liberté et la paix !

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