Castle Rock // Saison 1. Episodes 5 et 6. The Harvest / Filter.
Après l’excellent épisode 1.04, je dois avouer que j’attendais un peu plus de la part de Castle Rock. Sauf que les deux épisodes suivants ne parviennent pas toujours à se reposer sur ces bonnes bases pour nous offrir quelque chose de réellement exceptionnel. Avec « The Harvest », Castle Rock donne beaucoup de place à The Kid. Si Bill Skarsgard (le dernier a avoir incarné Ça au cinéma) ne s’en sort pas trop mal, ce dernier me rappelle énormément son rôle dans Hemlock Grove, la série de Netflix. Ce n’est pas une mauvaise chose, bien au contraire, mais disons que la série ici tente de prouver que le passé ne peut pas rester enterré et qu’il doit refaire surface à un moment donné. Les flashs que le personnage va avoir nous conduisent alors petit à petit vers la suite de la saison et donc tout un tas de (bonnes) surprises. Cela permet de faire évoluer « The Kid » et l’histoire que Castle Rock compte raconter autour de ce personnage. « The Harvest » est suffisamment mystérieux mais pas totalement pour nous donner envie de voir ce que ce personnage a encore en réserve. La ville de Castle Rock est de toute façon coincée dans son propre passé et ses propres histoires. Tout cela permet d’incarner quelque chose de mystique autour de la série qui permet aussi de faire évoluer sa propre histoire dans le monde de Stephen King.
Castle Rock est aussi énormément construite autour de la nostalgie, pas seulement pour une histoire ou un personnage, mais par rapport à cette ville fictive que Stephen King a créé il y a de ça plusieurs années maintenant. Le passé des personnages continue alors de faire des références au passé et personnages de l’œuvre de King ce qui dans un sens est logique et surtout intéressant. Mais toutes les histoires que Castle Rock raconte pour le moment sont incomplète. Il manque un petit truc. Si c’est parfois obscure de façon intentionnel, je trouve qu’il y avait besoin de plus de clarté, et cet épisode ne vient pas nous donner les réponses attendues.
« You haven’t aged one goddamned day. Are you the Devil ? What the fuck are you ? » vient-on demander à The Kid à la fin de « The Harvest » dans une confrontation finale assez fascinante. Cette scène est probablement l’une des scènes les plus intéressantes de toute l’histoire de Castle Rock pour le moment sauf qu’il faut se coltiner le reste de l’épisode et que le reste n’est pas toujours brillant. A ma grande déconvenue bien entendu. Dans cet épisode, on nous révèle surtout que The Kid n’était pas un « enfant » il y a de ça 27 ans. Quand on se rend compte qu’il n’a pas vieilli d’une ride en 27 ans, alors quelque chose vient nous dire que le côté surnaturel que King chérit tant est bel et bien présent et qu’il y a alors des pistes pour la suite de la saison qui sont fascinantes. Mais Castle Rock tente en tout cas ici de donner plus d’informations sur ses personnages qu’elle n’a pu le faire par le passé, ce qui est dans un sens plutôt rassurant. Dans « Filter », la confrontation continue et les mystères s’amplifient. La ville de Castle Rock est préoccupée par la mémoire, avec les souvenirs que sa communauté partagent (ou murmurent, ou veulent oublier). Comme la série d’ailleurs. Henry Deaver est un personnage intéressant mais je ne sais pas toujours où est-ce que Castle Rock veut aller non plus.
En continuant à développer tout un tas de personnages et d’histoires, Castle Rock n’a de cesse de complexifier son récit, quitte par moment à nous égarer dans tous les sens. Si The Kid a un souvenir de sa vie avant la prison, alors il a décidé de ne pas nous le partager encore pour le moment. Il n’a pas de nom, pas de maison, pas de famille, pas d’histoire. Mais l’on sait qu’au fond il y a des réponses à toutes ces questions et il va falloir attendre la fin de la saison (je suppose) pour que l’on sache vraiment ce que Castle Rock veut raconter aveuli. La relation que Ruth Deaver entretient avec les souvenirs est un peu plus complexe, constamment scrutée par les gens qui l’aime. Henry et Alan pensent qu’elle est en train de plonger petit à petit dans une sorte de brume lui faisant oublier tout ce qu’elle sait ou a su dans sa vie. La démence qui entoure le personnage me plaît et pourrait encore une fois construire la suite de la saison (et de la série) intelligemment. Dans cet épisode, Ruth dit à son petit fils, Wendell, ce qu’elle n’a dit à personne d’autre. Ruth ne pense pas perdre la mémoire, mais que comme Billy Pilgrim, elle n’est plus du tout connectée au temps comme les autres. Sissy Spacek est parfaite encore une fois et je ne peux pas en vouloir à Castle Rock.
Si la série a donc encore des choses à éclaircir et que tout n’est pas nécessairement efficace, elle construit petit à petit un univers particulier qu’il n’est pas facile de décrypter (notamment car Castle Rock est inspirée de l’univers de King et que toutes les oeuvres doivent se regrouper à un moment donné). Finalement, Castle Rock a encore des efforts à faire pour devenir la parfaite série.
Note : 6/10. En bref, Castle Rock propose des choses intéressantes et développe un personnage mystérieux de façon intelligente mais le chemin reste encore à parcourir.