C’est l’histoire d’un type qui s’appelle Otis Smith-Dupont qui rentre chez lui après le boulot, qui demande à sa femme de lui apporter ses charentaises, sa pipe et son journal. Qui met ensuite les pieds sous la table, attend que bobonne lui remplisse la gamelle, mange, puis aussi sec rouspète parce que ça manque de sel. Alors, la bouche de sa femme s’arrondit pour esquisser l’amorce d’une phrase et ce type, sans attendre, anticipant, rageur, lui dit de fermer son clapet, que c’est lui qui ramène la paye, la fait vivre elle et leurs cinq mômes, lui intime en salant à outrance d’un geste rageur sa soupe l’ordre de ne pas lui manquer de respect sinon elle va ramasser grave dans sa gueule…
C’est l’histoire d’une femme qui s’appelle Aretha Smith-Dupond, qui a cinq enfants, qui bosse et qui entretient sa maison, sa vie est difficile car son mari a changé, depuis quelques mois il ne met plus souvent la main à la pâte pour participer aux tâches du ménage. Ce soir-là, les enfants n’étant pas à la maison car ils sont grands, ils bossent pour trois d’entre eux, les deux autres sont étudiants, elle décide de parler à son mari, elle l'a déjà fait en vain à deux autres reprises, ils sont à table et elle lui demande très gentiment si quelque chose ne va pas bien chez lui, s’il a un problème dont il voudrait l'entretenir. Mutisme du monsieur qui avale sa soupe le nez dans son assiette. Elle lui dit ensuite qu’elle est triste de la situation, qu’elle ne peut plus continuer ainsi, dans ces conditions, il doit lui dire des mots, lui parler, ils doivent parler. Mutisme du monsieur qui a toujours le nez dans son assiette. La femme prend alors le plat de bœuf-miroton qu’elle avait cuisiné en rentrant du boulot, se lève et balance le tout dans la poubelle en disant à son mari qu’il ne doit plus lui manquer de respect, elle épelle le mot : R.E.S.P.E.C.T, sinon il n’y aura plus de vie commune...
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