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Les Billes du Pachinko, d'Elisa Shua Dusapin

Publié le 22 août 2018 par Francisrichard @francisrichard
Les Billes du Pachinko, d'Elisa Shua Dusapin

Au Japon, le Pachinko, sorte de flipper vertical, s'apparente aux machines à sous des casinos: dans l'Empire des signes, Roland Barthes en donne le mode d'emploi... et Elisa Shua Dusapin met en épigraphe à son roman, Les Billes du Pachinko, une phrase tirée du chapitre qu'il lui consacre.

Comme l'auteur l'explique, ce n'est pas à proprement parler un jeu d'argent - les jeux d'argent sont interdits au Japon -, mais on échange les billes obtenues à partir d'une seule bille convenablement propulsée contre une récompense dérisoire, dixit Barthes, contre ce qu'elle appelle des babioles:

On n'échange pas les billes contre de l'argent, mais des sucreries, du papier de toilette, des bouteilles d'eau, du dentifrice. Ou alors des dominos. Ce sont eux, que l'on troque, une fois dehors, contre de l'argent. A travers un guichet, dans les parages de chaque établissement, sous couvert d'anonymat.

Cet été-là, Claire, trente ans, a quitté la Suisse pour le Japon afin de rendre visite à ses grands-parents, qui ont fui la guerre de Corée il y a cinquante ans, en 1952. Son grand-père fait partie de ces exilés coréens, qui vivent du Pachinko, imaginé par des Zaïnichis (le nom donné aux Coréens du Japon).

Pour ne pas rester oisive pendant le mois d'août, Claire a répondu à une annonce: elle sera la répétitrice de langue maternelle française pour une enfant de dix ans, Mieko, la fille de Madame Ogawa, elle-même professeur de français, mais qui doit préparer la rentrée et ne veut pas que sa fille reste seule.

Début septembre, Claire emmènera en Corée sa halmoni (grand-mère) et son halaboji (grand-père). Le Pachinko de son grand-père, le Shiny, ne fermera qu'une semaine... En attendant, Mieko et elle parlent tout autant le français que le japonais (elle n'a pas pu faire d'études de coréen en Suisse...).

Par petites touches anecdotiques, Elisa Shua Dusapin raconte les liens qui se tissent entre Claire et Mieko, Claire et Henriette (Madame Ogawa se fait appeler ainsi, peut-être en souvenir d'Heidi...) et ceux qu'elle entretient avec ses grands-parents, à travers leurs échanges et... les langues qui se confondent.

Francis Richard

Les Billes du Pachinko, Elisa Shua Dusapin, 144 pages, Zoé (sortie le 23 août 2018)

Livre précédent chez le même éditeur:

Hiver à Sokcho (2016)


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