Où il est question d'une inquiétude qui monte.
"Un problème de comportement"
"Les Français reprochent à Macron son comportement et son inefficacité" résume Christophe Barbier. L'un des éditocrates en chef de la Macronista sonne le tocsin ce jeudi de pré-rentrée. Un début de panique saisit les macronistes. "Je suis très serein. Je sens monter la fébrilité, l'inquiétude, le suspens depuis lundi mais il n'y a aucun suspens" tente de rassurer Gilles Le Gendre, l'un des dociles porte-paroles des député(e)s godillots. "Nous assumons nos priorités" explique Benjamin Griveaux. Le stress est palpable. C'est normal, presque logique. La coupure estivale n'a pas changé l'agenda.
Primo, la discrétion Bling Bling du jeune monarque et de son épouse en vacances a été mal perçue: aux prix de quelque 300 000 euros de travaux d'aménagement, dont une piscine, au Fort de Brégançon, le couple Macron s'est offert des vacances dispendieuses au moment où ses suppôts et supporters promettaient efforts et sacrifices au plus grand nombre. Le député LREM Gilles Le Gendre susnommé rappelait d'ailleurs l'objectif: "nous avons pris l'engagement que notre déficit public serait nul à la fin du quinquennat." Et qui va payer cet effort quand le quinquennat débute par un boulet fiscal de 5 milliards de réduction d'impôts pour les plus fortunés du pays ?
Cette semaine, Macron s'exhibe torse nu, photos volées par des paparazzi ou mise en scène par l'agence Bestimage qui a l'exclusivité des clichés présidentiels, rémunérée sur fonds publics ? Quoiqu'il en soit, les images font tâche. Le jeune monarque justifiait les travaux du Fort pour son besoin de tranquillité, et le voici qui sort.
Secundo, les premiers résultats ne sont pas là, bien au contraire. Alors on s'interroge. Cela fait un an, quasiment jour pour jour, que les Ordonnances Travail ont été adoptées au forceps, et huit mois qu'elles sont entrées en vigueur. Les faramineuses économies d'impôts réservées aux foyers les plus riches - les "ultra-riches" dans le langage hollandais - n'ont rien donné sauf quelques centaines de milliers d'heureux. Les défiscalisations en faveur des entreprises (baisse de l'IS, pérennisation du CICE, réduction des impôts pour les cadres de la finances) non plus: le gouvernement espérait 235 000 créations d'emplois marchands en 2018: sur les 6 premiers mois de l'année, ces créations ont à peine atteint 77 000 postes, moins d'un tiers de l'objectif annuel, et presque deux fois moins qu'à la même période de l'année passée !
Combien de temps un patron reste-t-il en poste quand il réalise deux fois moins de ventes que prévu ?
"Un problème de croissance"
Chez les macronistes - supporteurs officiels ou Parti médiatique - on flippe, on stresse, on s'inquiète. "Macron a-t-il plombé la croissance ?" s'interroge le Point. "Ça sent le roussi" renchérit l'Express.
Au premier semestre, la France affiche la croissance la plus faible de la zone euro. Après 2,3% en 2017, les économistes mêmes libéraux et peu suspects de macronisme s'inquiètent. Et prévoient un petit 1,7% pour 2018 (1,8% pour la Banque de France). Ces mauvaises nouvelles sont d'autant plus incroyables que les plus hautes autorités du pays ne cessaient de louer le contexte économique favorable environnant: accélération du commerce mondial, reprise de la croissance américaine et de la zone euro, le Haut Conseil des Finances Publiques, qui n'est pas un repère d'insoumis, notait il y a un an que les voyants étaient tous au vert.
Bref, Macron a planté la reprise en France, mauvais karma, mauvaise nouvelle, premier désaveu d'incompétence doublée à l'injustice.
Les plus béats veulent y croire encore: les premiers allègements de cotisations salariales et de taxe d'habitation devraient entrer en vigueur cet automne et soutenir une consommation défaillante. Mais l'INSEE n'en démord pas: le pouvoir d'achat des Français va baisser cette année. Les salaires stagnent, mais l'inflation est repartie à la hausse. Dans son projet de loi de finances, le gouvernement l'estimait à 1%. A fin juillet, elle dépasse déjà les 2% en glissement annuel.
La liste est longue des dépenses de base dont les prix bondissent: Le tarif régulé de l'électricité d'EDF augmente de 37% au 1er août, le carburant de 12%, les PV automobile de 130%, les cartes grises de 15%, les mutuelles sur lesquelles le gouvernement compte pour compenser les déremboursements de soins de +6%; le forfait hospitalier, +15%.
Qui dit mieux ?
Patatras... L'échec économique est sans doute le plus redouté par Emmanuel Macron. Comme Sarko en son temps, le jeune monarque fait la preuve, rapidement, que son programme est non seulement injuste mais également inefficace.
Les plus riches ne dépensent pas, ils épargnent, ils placent, ils thésaurisent, ils accumulent. Les 10% des foyers les plus riches détiennent la moitié du patrimoine national. Cette présidence des riches et des ultra-riches leur a fait de généreux cadeaux comme la suppression de l'ISF et une réduction de la taxation des revenus de la rente, servis avec cet argument que cela allait stimuler l'investissement dans les entreprises. Or quand on réduit les impôts des plus riches, ils ne consomment pas ni n'investissent pas. Ils épargnent davantage encore. La théorie du ruissellement, renommée "théorie des premiers de cordée" par Emmanuel Macron, est un échec. La même dizaine de milliards d'euros consacrées à de la dépense publique ou populaire (via un relèvement plus généreux des minima sociaux par exemple) auraient eu un autre effet sur la consommation.
Dans ses cartons, le gouvernement a encore un projet libéral, la loi PACTE, qui cache des initiatives de bon sens - la poursuite de l'idée de "guichet unique", sous forme dématérialisée, unifiée et normalisée - , mais aussi d'autres qui simplifient la création d'entreprises aux détriments des droits des salariés - comme le report de la création de représentation du personnel (5 ans !!), ou la réduction des cotisations sociales sur l'intéressement et la participation (qui paiera ?). Mais surtout, cette loi fourre-tout permettra d'afficher que le gouvernement "agit".
La véritable réforme, celle qui risque d'impacter la quasi-totalité du pays, reste cachée.
Le projet "CAP22" est ce grand programme de "réforme", comprenez réduction de la dépense publique. Mi-juillet, le Figaro croyait tenir les bonnes feuilles de ce rapport tant attendu et concocté par une quarantaine de proches de la Macronista: 30 milliards d'euros d'économies, 120 000 postes de fonctionnaires supprimés.
Effrayé, le gouvernement a repoussé à octobre le dévoilement du fameux plan.
L'autre fiasco qui attend Macron à la rentrée s'appelle Parcoursup. Le nouveau système d'affectation post-bac des bacheliers vire au cauchemar. Fin août, le gouvernement se félicite que quelque 600 000 élèves aient une affectation... On suffoque devant l'aveu... L'effectif qui devait passer le bac dépassait les 800 000 en juin dernier... Le système est bloqué: 100 000 bacheliers refusent la proposition qui leur a été faite. La grande mécanique est plantée. Au final, 63 000 élèves sont en attente d'une affectation post-bac. Avec APB, il y a 1 an à la même époque, ils étaient 10 fois moins. Pire, Parcoursup est accusé de discrimination à l'encontre des plus fragiles. Une plainte a été déposée auprès du Défenseur des Droits.
Parcoursup est un fiasco.
Pour les autres parents et élèves, c'est effectivement la rentrée. Certains adultes se réjouissent, la classe de leur progéniture a été dédoublée - 75 000 élèves supplémentaires cette année bénéficieront de la mesure. Heureux pour eux... Mais d'autres parents se désolent. La classe ou l'établissement de leurs enfants ont été simplement supprimés. ce jeu de vase-communicant d'une Macronista qui réserve les vrais efforts aux plus riches n'est évidemment pas avoué ni revendiqué par les suppôts et supporteurs du régime. Blanquer a débloqué 2800 postes dans le 1er degré, merci. Mais il a supprimé 2600 postes supprimés dans le secondaire malgré l'augmentation de 30 000 élèves.
Le ministre Blanquer parade: avec un casque pour insister sur les dangers du kayak en camp de loisirs; en polo quand il visite un camp de loisirs; en costume-cravate quand il annonce la rentrée.
Il y a aussi ce grand silence, pas un mot sur les suppressions de postes.
La rentrée gouvernementale a aussi été pourrie par cette annonce d'un gel de prestations sociales l'an prochain pour tenir les objectifs de réduction des déficits ? Gérald Darmanin, qui ne participera pas aux journées du féminisme aux côtés d'Elisabeth Levy, organisées par sa consœur Marlène Schiappa, tente de rassurer: "Le Premier ministre annoncera le budget dans les prochains jours mais le programme du président de la République sera respecté, y compris au niveau de la revalorisation des prestations sociales". Il faut se plonger dans le-dit programme.
Les promesses du candidat en matière de revalorisation des prestations sociales étaient simples. Tremblez donc.
1/ Une augmentation du minimum vieillesse de 100 euros par mois.
2/ Une autre de l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) de 100 euros par mois également.
Pour les autres, motus et bouche cousue. Rien sur le RSA, les APL, les prestations familiales et toutes ces autres aides sociales qui "coûtent un pognon de dingue". La réponse de Gérald Darmanin est bien hypocrite et terrifiante: il n'y aura rien, rien de bon.
Autre sujet d'inquiétude macroniste, les élections européennes. Le jeune monarque espère bien convaincre les centristes europhiles de tous bords de voter pour ces listes faute de mieux. Pour lui, l'enjeu n'est pas l'Europe, mais surtout son propre quinquennat. Ces élections sont les premières de mi-mandat. Lors du précédent scrutin, la France avait envoyé un lourd contingent d'affreux neo-fascistes du Front national, depuis fracturés entre Rassemblement national et Patriotes.
Macron a choisi Castaner. Le Rantanplan des Marcheurs va lancer la campagne des élections européennes. Avec quel programme ? Clamer que les macronistes rassemblent les progressistes qui seuls défendent l'idéal européen de paix et de prospérité contre leurs opposants caricaturés en nationalistes.
Quel projet... Quelle caricature...
Macron s'est auto-érigé en incarnation de l'idéal de l'Union Européenne, photo et discours à l'appui. Le voilà qui a la trouille d'en devenir le bouc-émissaire, que c'est cocasse...
Depuis 18 mois qu'il est à l'Elysée, Macron a livré des discours en désaccord croissant avec sa propre pratique de la politique européenne. Des discours généreux sur l'idéal de paix, d'accueil, et de prospérité que devrait porter l'Union Européenne. Au lieu de quoi, Emmanuel Macron a fat ami-ami avec le gouvernement néo-fasciste autrichien, puis s'est concilié avec les neo-fascistes italiens de Salvini sur le dos des migrants. Cette capitulation devant les extrêmes droites européennes, couplée à la chasse aux migrants vaut en soi disqualification. Macron a aussi applaudi la mise à genoux de la Grèce. Il s'est empressé de faire voter la transposition de la directive sur le secret des affaires qui punit journalistes, lanceurs d'alerte et simples citoyens dès lors qu'ils s'attaquent à des entreprises. Il a cédé sur la prolongation de l'utilisation du glyphosate quand un tribunal américain condamnait l'un des plus gros fabricants de ce pesticide à 285 millions d'euros de dommages et intérêts en faveur d'un jardinier atteint de cancer.
L'Europe défendue par Macron depuis mai 2017 se résume à la chasse aux réfugiés, la tolérance de la pollution et des pesticides, la traque des lanceurs d'alerte et la poursuite de la réduction des services publics.
Dans ce contexte, il faudra laisser les hiérarques macronistes brailler qu'ils sont les seuls "europhiles" qui comptent alors qu'ils sont les fossoyeurs de l'idéal européen.
Vers le 15 septembre, Agnès Buzyn va pouvoir enfin présenter le plan tant attendu de lutte contre la pauvreté. de son aveu même, un aveu qui lui avait valu une volée d'insultes de la part de son patron de président lui-même, l'annonce de ce plan avait été repoussée à la rentrée pour ne pas se téléscoper avec la coupe du monde de football.
Sans attendre l'annonce officielle, Buzyn débute le service "avant-vente". Elle promet un "changement de paradigme". Entendez - pas d'augmentation des minima sociaux, pas de plan logement (Griveaux a même annoncé l'inverse, une réduction du budget du Logement puisqu'il "ne marche pas") , pas même un plan d'information pour ce tiers de foyers éligibles au RSA qui ne le réclament pas découragés qu'ils sont.
Agnès Buzyn a donc sorti le ventilateur. Elle enfonce des portes ouvertes: la pauvreté, c'est mal. Celle qui expliquait qu'on n'allait "pas rembourser des lunettes Chanel" explique désormais que sortir de la pauvreté est une question d'insertion, "un accompagnement réel vers l'activité, le travail, la santé, le logement, l'éducation" comme dirait Macron.
Le pouvoir d'achat, pour la seconde fois en 10 ans, va baisser en France. Et une ministre du gouvernement responsable de cette faillite pense avoir des leçons à donner sur la pauvreté.
La Macronista a aussi peur des affaires.
Pauvre ministre de la culture... Déjà inexistante, Françoise Nyssen doit s'expliquer sur l'aménagement de quelques mezzanines dans le siège parisien de son entreprise familiale, en violation des règles de protection et d'aménagement des sites classés monuments historiques.
L'été a aussi été pollué par les interrogations sur les conflits d'intérêts familiaux d'Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Elysée, le même gars si évasif sur Alexandre Benalla, son logement et son statut.
Benalla, justement, a déclaré au fisc son installation quai Branly cet été. La police cherche sa compagne, désespérément. Qu'y-avait-il dans le coffre-fort d'Alexandre Benalla ? Depuis un mois, la police cherche à auditionner la fiancée de l'ancien garde du corps. En vain. L'affaire Benalla a d'autres conséquences: on attends toujours les déclarations de patrimoine des membres de l'Elysée, comme le prévoit la loi. On s'attend aussi à une micro-réorganisation des services présidentiels. On espère une démission du ministre de l'intérieur, Gérard Collomb, qui s'est intégralement défaussé tant sur l'Elysée que sur les services de police.
Depuis l'affaire Benalla, la "Dream Team" de Macron se terre. Sibeth Ndiaye ne tweete plus, un dossier à charge sur la haine des médias en macronie dans Vanity Fair (sic!) tétanise dans les bureaux. Sylvain Fort, l'autre conseiller des discours, et son agence de communication corporate grassement rémunérée pendant la campagne de 2017, se cache tout autant. Que dire de Bruno Roger-Petit qi fait rire jusque dans les semi-fictions de Christophe Barbier ? Le fidèle Ismael Emelien est emporté dans l'affaire Benalla, lui qui a fait passer à quelques militants des vidéos de surveillance des évènements de la Contrescarpe le 1er mai illégalement récupérées auprès de la police.
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- Fiasco de Parcoursup
- Echec économique
- Barbouzeries
- Travers Bling-Bling
- Compromissions xénophobes
Que reste-t-il ?
Ami macroniste du second tour, éloigne-toi.