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Anne FERREIRA : Le nucléaire une folle obstination

Publié le 31 août 2018 par Letombe
Anne FERREIRA : Le nucléaire une folle obstination

L'énergie nucléaire a fait son temps, en France et ailleurs. Elle a laissé un héritage de déchets dont personne ne sait encore comment se débarrasser, des cimetières tous azimuts dans les océans et les terres, qui engendreront des émissions pour des temps infinis Elle a généré des accidents majeurs qui ont causé des catastrophes aux conséquences irréversibles.


Malgré les énormes subventions et la nationalisation des coûts les plus importants - le stockage et traitement des déchets - le nucléaire, revient de plus en plus cher comparativement aux énergies renouvelables. Et c'est sans compter les coûts du démantèlement des centrales devenues obsolètes !

Quant aux coûts réels de la construction des nouvelles centrales nucléaires, ils dépassent de plusieurs millions d'euros les estimations, tandis que les projections pour les prix des énergies renouvelables connaissent la tendance inverse.
La trajectoire de dénucléarisation de la France était bien amorcée sous le mandat de François Hollande avant que l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel MACRON ne vienne remettre en question ce qui relevait du sens commun.


Pas à pas, discours après discours, le Président a fait connaître son objectif de renverser cette trajectoire avec l'appui considérablement moins discret d'acteurs politiques tels que Xavier BERTRAND.


Depuis deux ans, Xavier BERTRAND, Président de la Région des Hauts de France, alterne régulièrement les invectives à l'encontre de l'éolien et les déclarations d'amour pour le nucléaire, avec une montée en puissance dans l'expression quasi sarkozienne déclarant : " Foutez nous la paix avec les éoliennes." il y a quelques semaines. (Pourtant, les éoliennes, pourront aisément être démantelées si on leur trouve une meilleure source d'énergie substitutive et d'ici-là rien n'empêche de revoir les conditions géographiques de leur implantation).

Le corollaire de cette campagne, c'est la délibération du Conseil Régional adoptée le 28 juin 2018, proposant que la région se porte candidate auprès d'EDF pour accueillir sur le site de la centrale de Gravelines le prochain projet national d'EPR (réacteur pressurisé européen).
C'est une décision gravissime, prise sans aucune consultation des citoyens et qui aura des conséquences en termes de sécurité, d'emploi et de développement économique si elle se concrétise.

Sur un tel sujet, un grand débat public, est nécessaire, et les habitants des Hauts de France doivent être interrogés sur l'opportunité de démarrer ou non un nouveau cycle de constructions de centrales nucléaires dans leur région.
Des consultations sur le sujet se sont déjà déroulées dans des pays frontaliers, et on peut d'ailleurs observer la tendance des Etats à tourner le dos à l'énergie nucléaire, ce qui devrait nous alerter.

Ainsi, la Suisse, coutumière des référendums, a voté en mai 2017, une nouvelle loi sur l'énergie qui vise à remplacer le nucléaire par des énergies renouvelables.
Quelques années auparavant, en juin 2011, l'Italie avait confirmé son rejet de l'atome à l'occasion d'un nouveau référendum sur le sujet.
Depuis 2003, la Loi permet qu'en France, un référendum puisse se tenir à l'échelle locale. Ce droit s'est exercé déjà à plusieurs reprises sur des sujets d'ordre communaux, ce serait une très bonne initiative démocratique que de l'organiser au niveau de la Région des Hauts de France, suite à la candidature du conseil régional pour un futur EPR.


Puisque les Régions ont la compétence pour décider de leurs orientations en matière de planification de la politique énergétique, un débat sur la question a toute sa place au niveau régional, en complément du maigre débat organisé par l'Etat du 19 mars à la fin juin sur le PPE plan pluri annuel de l'énergie.


Ce débat public doit se faire sur la base de données claires et transparentes, issues d'organismes indépendants et être animé par des universitaires, des associations et des représentants des collectivités. L'ensemble des citoyens des Hauts de France doit être invité à y participer.

Anne FERREIRA

Secrétaire fédérale du Parti socialiste (Aisne) en charge de la prospective.

Vice-présidente du Conseil régional de Picardie 2004-2015

Députée européenne, membre de la commission environnement 2000-2009


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