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L'ange au sourire

Publié le 08 juillet 2008 par Malesherbes
Depuis quelque temps déjà, il m’est plusieurs fois arrivé de penser à Reims. J’ai d’abord pensé que cette fugue vers de riants coteaux était due à un manque de champagne. Puis j’ai imaginé que, tout imprégné de l’omniprésence de notre Président, j’avais peut-être senti combien cette ville, et surtout sa cathédrale, était chère à son cœur. En premier lieu, cette noble cathédrale Notre-Dame est depuis 1991 inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, préfigurant ainsi le destin dont M. Sarkozy rêve pour la Cuisine française et ensuite, parce que c’est en son sein que tant de nos rois ont été oints, ce dont il n’a plus à rêver puisque, mis à part quelques mécréants gauchistes et quelques traîtres encore dévoués au précédent maître, tout notre peuple, ébloui par le succès de ses réformes, chante les louanges de son règne glorieux.
En fait, je me trompais. Ce qui m’avait saisi, c’est l’image de l’ange au sourire, décapité le 19 septembre 1914, heureusement reconstitué dans sa beauté première une fois la paix revenue. Ce sourire, non point réservé ni énigmatique comme celui de La Joconde, est au contraire franc, un rien malicieux, empreint de bonté et de sérénité. Et si j’ai pensé à lui, c’est grâce à certains aspects que lui emprunte le sourire par lequel notre Président croît bon de conclure immanquablement ses propos. Inutile de préciser qu’il ne s’agit pas des traits que je viens d’évoquer. Non, ce que Nicolas Sarkozy partage avec ce bon ange, c’est cette naïveté innée, cet air de ravi de la crèche. Ce qu’il y ajoute, c’est cette suffisance, cet air niais, béat et fat, ce ravissement devant l’éblouissante merveille de ses démonstrations.
Il nous l’a administré tout récemment, pendant son intervention devant le Conseil National de l’UMP, après avoir déclaré «désormais, quand i’ya une grève en France, personne ne s’en aperçoit ». Il est vrai que, lorsque l’on se déplace en voiture officielle, précédé et suivi par une escorte de motards, on perçoit mal ce qui peut se passer dans les souterrains du métro. Tirons en la conclusion : il ne s’est aperçu de rien, donc personne ne s’en est aperçu. Il a ainsi résumé tout son programme : en dehors de lui, il n’y a personne. On avait déjà remarqué, surtout en matière de salaire.
Lorsque l’on risque ce que l’on considère comme une plaisanterie, on se garde généralement d’en rire le premier : cela ressemblerait par trop aux rires enregistrés qui accablent certaines émissions de télévision prétendues humoristiques. Cela s’appelle l’élégance. Encore une qualité ratée par l’éducation du petit Nicolas !

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