Les millions de consommateurs, en particulier les jeunes, qui n'ont encore jamais souscrit d'emprunt, sous quelque forme que ce soit, se trouvent fréquemment exclus du système financier, faute de score de crédit dans les grandes agences de notation. Heureusement des solutions émergent pour réparer cette injustice, à l'image de celle que concoctent ensemble CreditLadder et Bud au Royaume-Uni.
Avant d'accorder un prêt à leurs clients, les institutions financières désirent s'assurer de leur fiabilité, afin de limiter les risques d'incidents. Dans ce but, elles vérifient leur capacité de remboursement, en fonction de leurs revenus (et leurs autres charges), et elles consultent leur score de crédit qui, sur la base de l'historique des opérations passées, fournit une évaluation de leur propension à respecter leurs engagements. Hélas, ce dispositif laisse de côté tous ceux qui souhaitent emprunter pour la première fois.
Le problème est particulièrement sensible dans le domaine du crédit immobilier. D'un côté, au vu des montants impliqués, les banques sont (en principe) extrêmement prudentes et redoublent de précautions dans le filtrage des demandes, tandis que, de l'autre, les primo-accédants à la propriété ne sont souvent même pas connus des entreprises de scoring. Pourtant, ces personnes ont généralement l'habitude de payer régulièrement un loyer, ce qui devrait logiquement les aider à démontrer leur sérieux.
Tel est exactement le raisonnement que tient CreditLadder, en proposant à tous les consommateurs de s'inscrire sur sa plate-forme pour intégrer leurs règlements de loyers dans la constitution de leur score de crédit (en l'occurrence celui d'Experian, qui est déjà utilisé par de nombreux prêteurs, soulignons-le). Il leur suffit pour cela de partager quelques informations personnelles et les coordonnées du bailleur, puis de connecter leur compte bancaire, ce qui permet de contrôler automatiquement que les paiements sont réalisés en temps et en heure, à chaque échéance.
CreditLadder entame maintenant une nouvelle étape de son développement, grâce à un partenariat avec Bud. Elle pourra ainsi intégrer son service à la place de marché de services financiers que cette dernière met, entre autres, à la disposition des banques. Son objectif est non seulement d'augmenter ainsi sa visibilité mais également d'inciter les jeunes britanniques à se préoccuper de leur score de crédit au plus tôt, au lieu d'attendre d'avoir besoin d'emprunter pour se rendre compte qu'il est un peu tard.
L'enjeu devient d'autant plus important que la défiance d'une partie de la population vis-à-vis des banques et des produits financiers traditionnels tend à faire progresser le nombre de personnes sans score de crédit (ou affligées d'un score peu représentatif) et qui, par conséquent, ne pourront bénéficier d'un prêt ou, à tout le moins, se verront appliquer des conditions désavantageuses (notamment des taux majorés).
En arrière-plan, c'est l'ouverture de la banque – le mouvement de l'« open banking », avec la directive (DSP2) qui en impose désormais la mise en œuvre des bases techniques aux établissements européens – qui rend possible le service de CreditLadder, à travers l'accès simplifié aux transactions enregistrées dans les comptes et l'analyse automatique des données qu'elles recèlent. Voilà donc un excellent exemple d'une opportunité offerte par une réglementation trop souvent perçue comme une contrainte.