Pianiste classique de formation et accordeuse de profession, Kim-Thuy NGUYEN est une véritable touche à tout ; inspirée par Frédéric Chopin, Trent Reznor, Bjork, Jean-Sébastien Bach ou encore Rage against the machine, elle devient au fil des années auteur-compositeur, arrangeur et réalise également les clips et les visuels de ses projets. Fille de réfugiés politiques, ses textes sont empreints de cette fureur de vivre héritée de son histoire. Le nom du groupe est d’ailleurs un clin d’oeil à ses origines : « iNH-iCH », désignant un son «persistant et dérangeant» en vietnamien.
Comment pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour Andie et merci pour cette interview. Je suis Ina-Ich d’origine vietnamienne et je suis une artiste « touche à tout » auteur/compositeur/interprète/pianiste/arrangeur/bidouilleuse en tout genre, réalisatrice de mes clips et de tous mes visuels artworks, albums… ! iNA-iCH c’est avant tout un binôme. Je travaille avec mon mari Aurélien Clair qui est à la fois batteur du projet, manager, le métronome d’iNA-iCH dans tous les sens du terme !!!
INA-ICH par Ève DULAC-ACKLEY
Ma musique, c’est ma vie en chanson ! Comme elle a été assez tumultueuse et chargée de beaucoup de souffrance étouffée, ça donne un rock français très rugueux, ironique, avec des reliefs assez marqués. C’est ma vie ! Par contre, ma joie de vivre je ne la mets jamais en musique…
Comment la musique est-elle venue à toi ?
Mes parents écoutaient beaucoup de musique à la maison ! Mon père explorait tout ce qui se faisait en musique occidentale. Ça passait de AC/DC à Édith Piaf !!!!!!
Puis, vers 8 ans, mes parents m’ont proposé de faire du piano au conservatoire ! La musique a démarré comme ça, avec le piano et une prof extra sévère !
Pourquoi « INA-ICH » comme nom de scène ?
Je me suis appropriée un mot vietnamien que j’ai découvert au hasard dans le dico vietnamien de mon père. C’était à la base le mot « inh-ich » qui signifie un son persistant, dérangeant, mais aussi un vacarme utile !!!!!
Je trouvais que ça décrivait bien ma musique !!!!
Peux-tu me parler de tes influences musicales ?
Mes premières émotions musicales sont venues avec Chopin, Fauré, Rachmaninov, Bach… D’abord le classique. J’ai ça en moi, cette espèce de sensation d’avoir l’Infini en moi et pas savoir quoi en faire… ça me donne un étrange sentiment de puissance mais de vide que je ne peux apaiser qu’avec ces musiques là, très écorchées, comme avec Nine Ich Nails que j’adore, Jeff Buckley, Radiohead, Rage Against The Machine, A Perfect Circle…
Comment définirais-tu ta démarche artistique ?
Au début c’était juste une façon de libérer tout ce que j’avais en vrac dans ma tête avec les outils que j’avais c’est à dire le piano, mon ordi… ça a donné des chansons qui n’étaient pas vraiment destinées à être écoutées par d’autres. Puis ces chansons ont commencé à intéresser… Ma démarche première est de me faire d’abord du bien. J’aime composer, j’aime rester des heures et des heures au piano ou sur mon ordi. J’aime laisser l’infini qui est en moi s’exprimer.
Quelle est ta définition du rock ?
Pour moi le rock c’est sortir ses tripes avec ce qu’on a sous la main, avec une guitare, un piano, un accordéon, une flûte, une casserole, n’importe quoi mais sortir ses tripes !!!!
C’est ça le Rock pour moi.
Je t’ai découverte avec le titre « Aime-moi », issu de ton tout premier album. Peux-tu nous présenter ton quotidien et ton actualité : composition, production des titres, tournage, ..) ?
Mon quotidien c’est d’abord le quotidien de beaucoup de parents avec 2 enfants de 8 et 5 ans qui font aussi de la musique ! On ajoute à ça mes activités d’accordeuse de pianos, mon travail sur iNA-iCH avec Aurélien qui œuvre à développer et mettre en place tous nos projets ! À deux nous devons abattre le boulot d’une équipe entière. C’est pas toujours évident, c’est chronophage, les heures de sommeils manquent cruellement, je dors très peu car on ne peut se concentrer sur notre travail « iNA-iCH » qu’une fois les enfants couchés…
Mais quel bonheur quand on voit les projets se concrétiser par tous nos efforts ! À chaque nouvel album, il faut remettre les compteurs à zéro et tout recommencer, les rétro plannings, les séances de travail, de compos. On est obligés de partitionner notre année en différentes phases de travail : compos, écriture, production avec tout le travail en amont sur les nouveaux concepts visuels etc. C’est Aurélien qui organise TOUT ! Notre vie tourne autour d’iNA-iCH et c’est touchant de voir les enfants qui commencent à s’intéresser et à comprendre ce que l’on fait !
En priorité dans nos actualité, c’est notre album UNPLUGGED anniversaire des 10 ans d’INA-iCH. C’est un sacré challenge PIANO/DRUMS !!! C’est colossal comme projet car nous avons décidé d’en faire un album solidaire afin de parrainer une école au Vietnam qui aide des enfants défavorisés.
Nous allons lancer un crowdfunding pour le financer.
Ensuite il y aura le 5e album à finir aussi ! J’ai déjà quelques titres qui annoncent déjà bien la couleur !
Te souviens-tu de tes inspirations sur ce titre écrit il y a plus de dix ans maintenant ? Et comment ont-elles évolué aujourd’hui ?
Sur Aime Moi ? Une vieille déception amoureuse qui date du CP !!! Ça m’a hanté… ça m’a laissé un drôle de sentiment au fond de moi d’histoires d’amour impossibles.
Aujourd’hui je suis une maman, j’ai une vie de famille comblée ! La joie est omniprésente chez moi. L’inspiration je la trouve dans mon quotidien, toujours… le monde à beau changer, les êtres humains NON ! Tu pourras revenir dans 100 ans, 1000 ans, 10000 ans, l’homme ne fonctionne que sur ses sentiments et donc reproduit toujours les mêmes schémas. J’observe et j’écris voilà tout !
Tu as un autre titre qui booste et motive, c’est « Lève-toi » : quel est son message au-delà de l’invitation à se bouger ?
Il n’y a pas de fatalité. J’en suis l’exemple même. J’ai vécu ma vie toujours dans le mouvement, créer des choses, monter des projets, être curieux, parler aux autres, aller vers les autres sans jugement et s’intéresser à ce que font les autres et comment vivent les autres.
Sortir de ses zones de conforts, d’habitudes de vie , casser les frontières qu’on s’impose nous même par peur de ne pas savoir ce qu’il y a au delà …. Se lever pour voir plus loin que l’horizon qu’on nous impose, se bouger pour garder sa dignité.
On ressent des influences classiques et rock sur cette chanson : s’inscrit-elle dans une démarche autobiographique
J’ai grandi dans des barres HLM avec toutes sortes de communautés…. J’ai grandi dans un quartier où la culture n’était pas très présente…
INA-ICH (Ève DULAC-ACKLEY)
Mes parents m’ont donné la chance de faire de la musique au conservatoire, d’aller rencontrer d’autres « catégorie » de gens et de me rendre compte que ceux qui avaient les « moyens » n’étaient pas forcément tous des enfoirés comme on nous le rabâchait sans cesse dans notre milieu ouvrier et qu’il y avait aussi des gens pauvres mais qui avaient subit des accidents de la vie. Notre société est violente mais on peut s’en sortir si on oublie la fatalité.
Quelles ont été tes inspirations pour ce titre ?
Les Queens of The Stone Age !!!
Tu vas participer au Crossroads Festival : connaissais-tu déjà cet événement ?
Non, je ne connaissais pas mais j’ai vraiment très hâte de découvrir
Quels sont tes futurs projets ? Sur quels événements pourra-t-on te retrouver après ?
J’ai pleins de projets sur le feu avec de grosses surprises ! C’est à guetter (rire) !