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Burning. Poésie en rayons de soleil

Par Balndorn

Burning. Poésie en rayons de soleil
Résumé : Lors d’une livraison, Jongsu, un jeune coursier, retrouve par hasard son ancienne voisine, Haemi, qui le séduit immédiatement.  De retour d’un voyage à l’étranger, celle-ci revient cependant avec Ben, un garçon fortuné et mystérieux.  Alors que s’instaure entre eux un troublant triangle amoureux, Ben révèle à Jongsu son étrange secret. Peu de temps après, Haemi disparaît…
Haemi : « Le soleil n’entre dans ma chambre qu’une seule fois par jour, durant un bref instant. Il ne faut pas le rater. »Jongsu et Haemi font l’amour.Deux rayons de soleil entrent dans la chambre, palpitent trois petites secondes, puis s’effacent.
Cinéma-combustion
Comme son titre l’indique, Burning se nourrit de l’éphémère. Le cinéma de Lee Chang-Dong, pareille à une combustion, brille aussi vite qu’il s’éteint. Ou plutôt brille parce qu’il s’éteint.Le hors-champ hante l’écran comme l’absence creuse la vie. Jonsu (Yoo Ah-In), seul dans l’étroite chambre de Haemi (Jeon Jong-seo) partie en voyage, nourrit un chat imaginaire – ou, selon les termes de la jeune animatrice d’événements commerciaux, dont « il faut oublier l’absence ». Devant la fenêtre par laquelle entre si rarement le soleil, il regarde Séoul, et pensant à sa compagne d’un jour, se masturbe.Des abîmes de mystère dévorent le sens des plans. Quelque chose résiste à l’interprétation. Tel le séduisant Ben (Steven Yeun), « Gatsby le Magnifique » dont l’énigmatique fortune suscite l’attention de Haemi et la jalousie de Jonsu, Burningscintille dans la forme et perturbe dans le fond. On adore son sourire sans le comprendre.
Trouble surface
Formellement, cet art de l’éphémère donne lieu à une splendide photographie. Le directeur de la photographie, Alex Hong Kyung-Pyo, privilégie les levers et couchers de soleil sur la campagne hivernale. Lorsque de tendres éclats mordorés baignent un paysage vert et brun que la grisaille du givre mordille, et que les vols d’oies sauvages parsèment les nuages. Filmées en plans larges, à la manière d’un western qui aurait renoncé à l’intrigue au profit des seuls paysages, de telles vues ne laissent pas d’impressionner. C’est d’ailleurs sur de telles visions que s’extasie Haemi, qui de retour de son voyage en Namibie, évoque ses larmes au moment du coucher de soleil.Mais quelque chose dérange. Turlupine. Agace. Car au fond, une question non-tranchée demeure : pourquoi ? Quel sens accorder à pareilles beautés se mourant ? Quelle valeur conférer à semblable film se mirant ? N’est-ce pas, par excellence, vanité artistique ? Le sens de Burning est toujours à chercher. Soit au-delà des couchers de soleil, soit en eux-mêmes. Et dans rien d’autre.Surface miroitante et surface décevante. Les deux à la fois. 
Burning. Poésie en rayons de soleil
Burning, Lee Chang-Dong, 2h28, 2018
Maxime
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