Les agrocarburants peuvent être une des solutions si…

Comment pouvons nous vivre tous ensemble sur la terre ? Avec quel objectif commun ? C’est à ce type de questions qu’ont essayé de répondre, fin juin à Tällberg, en Suède, des philosophes, scientifiques, artistes, militants associatifs et chercheurs du monde entier (70 nations étaient représentées).

Le Forum de Tällberg est un vrai think tank en matière d’environnement et cette année, il s’est focalisé sur les problèmes surgissant du déséquilibre croissant entre la nature et l’activité humaine. Pouvons-nous concevoir, gouverner et gérer un mode d’interaction acceptable entre les systèmes naturels et l’activité humaine? Pouvons-nous négocier entre nous la résolution de la crise planétaire? Pouvons-nous trouver des bons moyens d’intégrer dans le travail des gouvernements et institutions, les apports de la société civile ?

Différents ateliers ont été lancés afin de tracer des pistes possibles pour nos sociétés. Parmi ces ateliers, on peut citer ceux qui m’ont semblés les plus intéressants : “quel modèle économique de transition vers une société sans carbone” ou encore, “quels espaces forestiers soutenables pour l’ensemble de la planète” et enfin, un thème qui semble d’actualité, “quel cadre pour des agrocarburants durables”.

Je sais que le sujet fait débat et soulève de nombreuses polémiques. D’ailleurs, la Banque Mondiale vient d’expliquer dans un rapport que la crise alimentaire actuelle était imputable aux agro-carburants. Cependant, qu’on le veuille ou non, les agro-carburants vont se développer et les Américains, en particulier, souhaitent en produire de plus en plus pour ne plus dépendre des Etats pétroliers.

Alors, que faire avec des agro-carburants pour que le monde arrive à survivre ? Voici les pistes évoquées à Tällberg.

L’objectif est de substituer les énergies fossiles dans tous les véhicules d’ici 2030 par des agro-carburants durables. Actuellement, on compte 750 millions de voitures. D’ici 2030, on en dénombrerait 1,5 milliards.

L’objectif de substitution est possible à plusieurs conditions :

• Il faudrait réduire à 1 milliard le nombre de véhicules d’ici 2030,
• Réduire les distances moyennes parcourues d’un tiers, à 10.000 km/an,
• Tous les véhicules doivent bénéficier d’une technologie hybride avec une consommation moyenne de 3 litres pour 100km

Dans de telles conditions, 30 millions d’hectares pourraient être affectés aux agrocarburants, sans amputer la production alimentaire, et sous condition expresse de soutenabilité. Pour cela, des critères très stricts doivent être mis en place sur l’ENSEMBLE de la production et non sur une infime partie de cette production. Les critères à prendre en compte sont : les émissions de Gaz à Effet de Serre, le respect de la biodiversité, une eau durable, un développement économique et social local, une alimentation saine et une utilisation énergétique minimum.

Le groupe de travail de Tällberg a précisé également que ce scénario était envisageable si les 7 éléments suivants étaient réunis:

1. Les changements doivent se faire de manière négociée
2. Les agro-carburants doivent s’intégrer dans des programmes « soutenables » de développement et ne sont qu’une des pistes de la solution
3. Il y a assez d’espaces pour produire les agrocarburants sans compromettre les terres destinées à l’alimentation et au respect de la biodiversité
4. Tous les véhicules doivent bénéficier des meilleures normes et les agrocarburants ne doivent venir qu’en complément d’une autre source d’énergie non fossile
5. Les gouvernements doivent informer leurs populations des enjeux et les associer dans les décisions prises
6. Il faut pouvoir intégrer un cadre très strict du développement des agrocarburants dans le cadre des négociations de Copenhague (en 2009)
7. Il faut soutenir fortement les agrocarburants de 2ème et 3ème génération.

Voilà des éléments qui vont certainement vous faire réagir mais ce que je trouve intéressant, c’est que l’on ne rejette pas de facto cette solution car, qu’on le souhaite ou non, ces agro-carburants vont se développer donc, autant que ce soit dans un cadre TRES STRICT et surtout, respectueux de nos forêts et des terres destinées à l’alimentation.