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Le projet Blair

Publié le 26 juin 2007 par Argoul

The Blair Project was not a witch one but gives six lessons for modern governance. 1/ Have a political will to succeed, 2/ Be aware of public trust, never promise what you cannot give, 3/ Let time for change, be strategic, not politician, 4/ Analyse with the help of independent sources, 5/ Replenish your team regularly to offer new ideas and new politics, and 6/ Create a government philosophy to manage actions.

« Good bye, Mr Blair ! » Après dix années de pouvoir réussi (sauf sur l’Irak), Tony Blair offre aux gouvernements un exemple de pratique moderne. Etre porté, comme il le fut lui aussi, par l’enthousiasme des électeurs ne suffit pas. Il faut une volonté politique, garder la confiance, donner du temps aux changements, s’informer à des sources indépendantes, se renouveler régulièrement, et s’appuyer sur une philosophie de l’action. Ces six leçons pourront être méditées par tout nouvel arrivant à la tête d’un pays démocratique développé.

1. une volonté politique,

Non, les gouvernements ne sont pas impuissants. Ni la supra législation de Bruxelles, ni les accords à l’OMC, ni les sommets du G8, ni les recommandations du FMI ne commandent, pas plus que « les marchés » (comme s’ils avaient un seul visage et un intérêt unique…), ni les corporatismes, ni le populisme ambiant, ni les médias… La capacité d’imposer demeure – mais à la condition de savoir ce qu’on veut et d’être lucide sur le possible. C’est cela, avoir une volonté politique. Si les gouvernements modernes contrôlent moins l’économie que durant les phases de reconstruction, ils sont attendus sur la santé, la sécurité, l’écologie, la vieillesse, l’enfance… Exemples de volonté politique : la relance américaine après l’explosion de la bulle technologique et les attentats du 11-Septembre.

2. garder la confiance,

Oui, la confiance reste la seule légitimité des politiciens au pouvoir. Il faut pour cela éviter pêle-mêle les promesses irréalistes, les voltefaces après campagne, le recul à première contestation, l’incapacité à dire la vérité, le ronflant discours contrastant avec des résultats dérisoires – en bref le régime Chirac-Villepin ou, dans l’opposition, Hollande-Royal ! Il vaut bien mieux se contenter de promettre ce qu’on peut tenir et ne tolérer aucun passe-droit ou corruption. Garder la confiance signifie aussi communiquer : dire ce qu’on va faire, expliquer pourquoi, décortiquer publiquement chaque opposition, commenter chaque décision. Le danger de la communication est sa dérive : de trop grands effets d’annonce dévaluent les résultats bien réels. Exemple : les programmes santé et éducation du Labour. Le niveau de confiance de toute institution dépend surtout de sa compétence, de la clarté de ses choix et de l’attention qu’elle porte au public.

3. donner du temps aux changements,

La principale leçon du gouvernement Blair a été de montrer combien les équipes au pouvoir surestiment leur capacité à changer les choses à court terme, et combien elles les sous-estiment sur le long terme. Exemple : le programme de rénovation des quartiers « Sure Start » du Labour, qui a eu besoin de temps pour s’acclimater. Six ans après la victoire de 1997, le Cabinet a opéré un audit stratégique pour comparer systématiquement le Royaume-Uni aux autres pays, pour chaque domaine important. Ce travail d’analyse a permis de voir que, là où le pays laissait à désirer, d’autres réussissaient mieux, et pas ceux que l’on observe d’habitude (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France), mais les nations scandinaves, Taiwan, Singapour. Une caractéristique commune à leur succès : leur focalisation sur le long terme. D’où la création par le Cabinet Blair d’une équipe de stratégie par Ministère ayant pour principes : la priorité à l’analyse, un processus ouvert avec large publicité faite aux travaux pour alimenter le débat public, le mélange en nombre égal de responsables administratifs et de praticiens extérieurs, afin d’ouvrir les fenêtres de la bureaucratie tout en faisant entrer le sens des règles dans la société civile. Cette réflexion stratégique, qui aboutit à un projet quinquennal par ministre, a la vertu de contrer les pressions politiciennes court terme comme de court-circuiter les conflits de personnes.

4. s’informer à des sources indépendantes,

Une telle politique exige de quitter l’impressionnisme de l’idéologie, de l’instinct ou du calcul politicien pour s’informer à des sources indépendantes : universités, organisations internationales, analystes spécialisés du gouvernement hors administrations. Lorsque le socle de connaissances est solide et que les instances de validation du savoir sont crédibles, l’action politique peut avancer sereinement. Exemple : le succès de l’indépendance donnée à la Bank of England pour piloter les taux d’intérêts. A l’inverse, l’échec faute de vérifications extérieures aux « Services » (souvent paranoïaques) et à l’évaluation pas assez rigoureuse des connaissances, des fameuses armes de destructions massives qu’aurait possédé l’Irak.

5. se renouveler régulièrement,

Même nées dans l’enthousiasme, les équipes se décrépissent vite lorsqu’elles finissent par croire à leur propagande. Qu’il suffise de dire pour croire que ce soit quasi fait, ou se référer à de vieux postulats pour croire avancer - ce n’est plus “gouverner”. La santé d’un gouvernement exige l’arrivée régulière d’hommes nouveaux, plus jeunes, qui apportent de nouvelles histoires, proposent des politiques neuves pour les mettre en œuvre et communiquent autrement. Les idées, comme les changements les plus profonds viennent de l’extérieur, de la société, pas des gouvernements. Ceux-ci ne sont que des passeurs qui réalisent et régulent cette énergie de la base. D’où la nécessité de rester à l’écoute de la société, des entreprises, des ONG, des administrations.

6. s’appuyer sur une philosophie de l’action.

Les idées neuves ont besoin de temps pour mûrir, souvent à l’abri des projecteurs. Mais « avoir une politique » signifie savoir où l’on va, exposer une conception du monde. Cette vision directrice nourrit l’énergie nécessaire pour s’attaquer aux intérêts acquis et aux pesanteurs conservatrices ou corporatistes. Exemple, la « Troisième Voie » de Tony Blair. Cette philosophie d’action ne saurait être confondue avec le seul marketing nécessaire pour gagner une élection en particulier ; elle va plus loin, elle est un véritable projet de société.

Ces six leçons, valables pour tout gouvernement, on voit bien à qui elles peuvent immédiatement s’appliquer : au Président Sarkozy, dont l’équipe n’est peut-être pas aussi soudée ni organisée qu’il le faudrait (les errements de la TVA sociale en témoignent) ; à l’ex-candidate Ségolène Royal, qui feint d’ignorer son parti et confond idéologie avec marketing.


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