Les rédactions de Regards, Politis et Mediapart s’associent afin de lancer le Manifeste Pour l’accueil des migrants signé par 150 intellectuels, artistes, militants associatifs, syndicalistes et personnalités de la société civile.
Regards, Politis et Mediapart ont aussi lancé une pétition : signez-la et partagez-la !
Partout en Europe, l’extrême droite progresse. La passion de l’égalité est supplantée par l’obsession de l’identité. La peur de ne plus être chez soi l’emporte sur la possibilité de vivre ensemble. L’ordre et l’autorité écrasent la responsabilité et le partage. Le chacun pour soi prime sur l’esprit public.
Le temps des boucs émissaires est de retour. Oubliées au point d’être invisibles, la frénésie de la financiarisation, la ronde incessante des marchandises, la spirale des inégalités, des discriminations et de la précarité. En dépit des chiffres réels, la cause de nos malheurs serait, nous affirme-t-on, dans la « pression migratoire ». De là à dire que, pour éradiquer le mal-être, il suffit de tarir les flux migratoires, le chemin n’est pas long et beaucoup trop s’y engagent.Nous ne l’acceptons pas. Les racines des maux contemporains ne sont pas dans le déplacement des êtres humains, mais dans le règne illimité de la concurrence et de la gouvernance, dans le primat de la finance et dans la surdité des technocraties. Ce n’est pas la main-d’œuvre immigrée qui pèse sur la masse salariale, mais la règle de plus en plus universelle de la compétitivité, de la rentabilité, de la précarité.
Nous ne ferons pas à l’extrême droite le cadeau de laisser croire
qu’elle pose de bonnes questions. Nous rejetons ses questions, en même temps que ses réponses.Il est illusoire de penser que l’on va pouvoir contenir et a fortiori interrompre les flux migratoires. À vouloir le faire, on finit toujours par être contraint au pire. La régulation devient contrôle policier accru, la frontière se fait mur. Or la clôture produit, inéluctablement, de la violence… et l’inflation de clandestins démunis et corvéables à merci. Dans la mondialisation telle qu’elle se fait, les capitaux et les marchandises se déplacent sans contrôle et sans contrainte ; les êtres humains ne le peuvent pas. Le libre mouvement des hommes n’est pas le credo du capital, ancien comme moderne.
Dans les décennies qui viennent, les migrations s’étendront, volontaires ou contraintes. Elles toucheront nos rivages et notre propre pays, comme aujourd’hui, aura ses expatriés. Les réfugiés poussés par les guerres et les catastrophes climatiques seront plus nombreux. Que va-t-on faire ? Continuer de fermer les frontières et laisser les plus pauvres accueillir les très pauvres ? C’est indigne moralement et stupide rationnellement. Politique de l’autruche… Après nous le déluge ? Mais le déluge sera bien pour nous tous !
Il ne faut faire aucune concession à ces idées, que l’extrême droite a imposées, que la droite a trop souvent ralliées et qui tentent même une partie de la gauche. Nous, intellectuels, créateurs, militants associatifs, syndicalistes et citoyens avant tout, affirmons que nous ne courberons pas la tête. Nous ne composerons pas avec le fonds de commerce de l’extrême droite. La migration n’est un mal que dans les sociétés qui tournent le dos au partage. La liberté de circulation et l’égalité des droits sociaux pour les immigrés présents dans les pays d’accueil sont des droits fondamentaux de l’humanité.
Nous ne ferons pas à l’extrême droite le cadeau de laisser croire qu’elle pose de bonnes questions. Nous rejetons ses questions, en même temps que ses réponses.
Christophe AGUITON sociologue, Christophe ALEVEQUE humoriste et auteur, Pouria AMIRSHAHI directeur de Politis, Ariane ASCARIDE comédienne, Jean-Christophe ATTIAS universitaire, Geneviève AZAM économiste, Bertrand BADIE politiste, Sébastien BAILLEUL DG du CRID, Josiane BALASKO comédienne, Étienne BALIBAR philosophe, Ludivine BANTIGNY historienne, Pierre-Emmanuel BARRE auteur, humoriste, Lauren BASTIDE journaliste, féministe, Christian BAUDELOT sociologue, Edmond BAUDOIN auteur, dessinateur de BD, Alex BEAUPAIN auteur, compositeur, interprète, François BEGAUDEAU écrivain, Yassine BELATTAR humoriste, Hourya BENTOUHAMI philosophe, Alain BERTHO anthropologue, Pascal BLANCHARD historien, Romane BOHRINGER comédienne, Benoît BORRITS chercheur militant, Patrick BOUCHAIN architecte, Alima BOUMEDIENE-THIERY avocate, Rony BRAUMAN médecin, cofondateur de MSF, Michel BROUE mathématicien, Valérie CABANES juriste internationale, Hélène CABIOC’H présidente de l’Ipam, Julia CAGE économiste, Robin CAMPILLO réalisateur, Aymeric CARON écrivain, journaliste François CHAIGNAUD chorégraphe, Patrick CHAMOISEAU écrivan, Paul CHEMETOV architecte, Monique CHEMILLIER-GENDREAU juriste, Mouhieddine CHERBIB Respect des libertés, Jean-Louis COHEN historien, Cristel CORNIL enseignante-chercheuse, Marie COSNAY écrivaine, Annick COUPE syndicaliste, Alexis CUKIER philosophe, Jocelyne DAKHLIA historienne, Jean-Michel DAQUIN architecte, Françoise DAVISSE réalisatrice, Philippe DE BOTTON président de Médecins du monde, Laurence DE COCK historienne, Catherine DE WENDEN politologue, Christine DELPHY féministe, Christophe DELTOMBE président de la Cimade, Rokhaya DIALLO journaliste, écrivaine, Georges DIDI-HUBERMAN philosophe, Bernard DREANO président du Cedetim, Michel DRU anesthésiste-réanimateur, Françoise DUMONT présidente d’honneur de la LDH, Annie ERNAUX écrivaine, Éric FASSIN sociologue, anthropologue, Corentin FILA comédien, Geneviève FRAISSE philosophe, Bernard FRIOT économiste et philosophe, Isabelle GARO philosophe, Amandine GAY réalisatrice, Raphaël GLUCKSMANN essayiste, Yann GONZALEZ réalisateur, Robert GUEDIGUIAN réalisateur, Nacira GUENIF sociologue et anthropologue, Janette HABEL politologue, Jean-Marie HARRIBEY économiste, Serge HEFEZ psychanalyste, Cédric HERROU militant associatif, Christophe HONORE réalisateur, Eva HUSSON réalisatrice, Thierry ILLOUZ auteur et avocat pénaliste, Pierre JACQUEMAIN rédacteur en chef de Regards, Geneviève JACQUES militante associative, Chantal JAQUET philosophe, JULIETTE chanteuse parolière et compositrice, Gaël KAMILINDI pensionnaire de la Comédie-Française, Pierre KHALFA syndicaliste et coprésident de la Fondation Copernic, Cloé KORMAN écrivaine, Bernard LAHIRE professeur de sociologie à l’ENS de Lyon, Nicole LAPIERRE anthropologue et sociologue, Mathilde LARRERE historienne, Henri LECLERC président d’honneur de la LDH, Raphaël LIOGIER sociologue et philosophe, Isabelle LORAND chirurgienne, Germain LOUVET danseur étoile de l’Opéra de Paris, Gilles MANCERON historien, Philippe MANGEOT enseignant, Patrice MANIGLIER philosophe, Philippe MARLIERE politologue, Roger MARTELLI historien et directeur de la publication de Regards, Christiane MARTY ingénieure-chercheuse, Corinne MASIERO comédienne, Gustave MASSIAH altermondialiste, Nicolas MAURY comédien, Marion MAZAURIC éditrice, Caroline MECARY avocate, Philippe MEIRIEU pédagogue, Phia MENARD jongleuse performeuse et metteure en scène, Céline MERESSE présidente du CICP, Guillaume MEURICE auteur et humoriste, Pierre MICHELETTI médecin et écrivain, Jean-François MIGNARD secrétaire général de la LDH, Véronique NAHOUM-GRAPPE anthropologue, Stanislas NORDEY directeur du Théâtre national de Strasbourg, Ludmila PAGLIERO danseuse étoile à l’Opéra de Paris, Willy PELLETIER sociologue, Nora PHILIPPE auteure et réalisatrice, Thomas PIKETTY économiste, Edwy PLENEL journaliste et cofondateur de Mediapart, Emmanuel POILANE président du CRID, Thomas PORCHER économiste, Didier PORTE humoriste, Mathieu POTTE-BONNEVILLE philosophe, Olivier PY auteur metteur en scène et directeur du Festival d’Avignon, Bernard RAVENEL historien, Éric REINHARDT écrivain, Prudence RIFF co-présidente du FASTI, Michèle RIOT-SARCEY historienne, Vanina ROCHICCIOLI présidente du Gisti, Paul RODIN directeur délégué du festival d’Avignon, Marguerite ROLLINDE politologue spécialiste du Maghreb, Alexandre ROMANES cofondateur du cirque Romanès, Délia ROMANES confondatrice du cirque Romanès, Paul RONDIN directeur délégué du Festival d’Avignon, Alain RUSCIO historien, Malik SALEMKOUR président de la LDH, Sarah SALESSE avocate, Christian SALMON écrivain, Odile SCHWERTZ-FAVRAT ex-présidente de la Fasti, Denis SIEFFERT président de la SAS Politis, Catherine SINET directrice de la rédaction de Siné Mensuel, Evelyne SIRE-MARIN magistrat, Romain SLITINE enseignant à Sciences Po, Pierre TARTAKOWSKY président d’honneur de la LDH, Lilian THURAM fondation Lilian Thuram-Éducation contre le racisme, Sylvie TISSOT sociologue, Michel TOESCA acteur et réalisateur, Marie TOUSSAINT militante associative et présidente de Notre affaire à tous, Assa TRAORE comité Adama, Enzo TRAVERSO historien, Catherine TRICOT architecte-urbaniste, Aurélie TROUVE altermondialiste et agronome, Fabien TRUONG sociologue, Michel TUBIANA président d’honneur de la LDH, Dominique VIDAL-SEPHIHA journaliste, Jean VIGREUX historien, Thierry VILA écrivain, Arnaud VIVIANT écrivain et critique littéraire, Sophie WAHNICH historienne, Jacques WEBER comédien, Serge WOLIKOW historien.
Associations
Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (ACORT), Auberge des migrants, Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants (BAAM), CCFD – Terre solidaire 93, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM), Centre international de culture populaire (CICP), Coalition internationale des sans-papiers et migrants (CISPM), Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Coordination 75 des sans-papiers, Coordination 93 de lutte pour les sans-papiers, CSP92, DIEL, Fédération des associations de solidarité avec tous·te·s les immigré·e·s (Fasti), Fédération des tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), Gisti, Initiatives pour un autre monde (IPAM), La Cimade, Ligue des droits de l’homme, Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie, Roya citoyenne, Syndicat des avocats de France (SAF), Union juive française pour la paix (UJFP), Utopia 56.
Nota bene :
Je doute que ce manifeste soit publié par d’autres journaux que ceux qui se sont d’emblée associés à son écriture, tant il contrarie à la fois l’idéologie et les intérêts dominants qui dictent la plupart des médias mainstream, unis en un même quasi monopole de l’information, au point que tant de gens s’en détournent, à juste titre. (Dommage que ce soit le plus souvent pour s’égarer dans les limbes du confusionnisme politique et les sites complotistes et/ou de désinformation relayant des fake news grotesques, ce qui n’est guère mieux…). C’est pourquoi je tenais à partager ce manifeste également ici, puisqu’il correspond à mes propres convictions sur le sujet. Toutefois, j’y souscris en pleine possession de mes moyens et de mon esprit critique, dont je vais vous livrer quelques observations, afin qu’il n’y ait aucune ambiguïté dans l’esprit de mes camarades antifas, dont je note que les organisations politiques et syndicales auxquelles ils appartiennent en général (quand ils sont inscrits quelque part…) ne l’ ont pas signé. J’y souscris également sous la réserve que je n’ai pas investigué outre mesure sur le comportement de chacun.e des signataires, ni de leurs organisations respectives, et sur leur éventuelle antifa-compatibilité… Je n’apporte ici mon approbation que sur ce seul texte, dont je partage les grandes lignes.
Tout d’abord, je précise que je ne me sens pas vraiment solidaire de Politis, qui a longtemps contenu des articles, et des auteurs complotistes, plus bruns que rouges, dont certains sur lesquels je me suis déjà exprimé ici sont allés jusqu’à soutenir des dictatures, et ont tenu des propos d’une désinformation telle qu’ils ne peuvent être qualifiés autrement et de bonne foi que comme complotistes, et confusionnistes, ce qui devrait être contraire à tout esprit dit « de gauche ». Cet auteur dont on pourra vérifier la justesse de ma perception au fait qu’il prenne à présent le parti de Rhabi, cet illusionniste environnemental au positionnement politique, sociétal (ainsi, son positionnement homophobe injustement méconnu), et aux fréquentations plus que douteuses, contre Mallet, et qui est complaisamment relayé par Le Média, comme tant d’autres personnalités particulièrement problématiques, dont Lacroix-Riz ou Asselineau ou Polony ne sont pas les moindres…
Je n’ai pas goûté non plus la dernière publication de Regards, que je considère personnellement pour avoir été adhérent d’Ensemble (CléPierrick Tillet,Rhabi, Mallet,mentine Autain) autrefois, avant de faire le grand saut vers l’antifascisme résolu, comme l’un de ses organes d’expression, et donc satellite de LFI. Or, quelle ne fut pas ma surprise d’y voir si ouvertement accueilli Berruyer, du blog Les Crises, dont j’ai fait la démonstration ici qu’il se livrait si volontiers à la propagande Assadiste, et soutenait Poutine, lui qui n’hésite jamais à se fourvoyer dans son porte-voix médiatique si discutable, Russia Today, cette usine à fake news sur laquelle je me suis aussi exprimé à plusieurs reprises ici, dénonçant sa connivence sur le terrain local avec les militants identitaires, et dont la patronne est raciste.
Quant à Médiapart, dont je ne dénie pas l’apport de ses investigations sur l’apurement de notre fonctionnement démocratique par la lumière qu’elles peuvent parfois jeter, qui contribuent en de nombreux cas à faire apparaitre certains scandales, conflits d’intérêts et corruptions à combattre absolument, je pourrais dire simplement en substance que son patron n’est pas toujours exempt de tout reproche (sic), et qu’il est profondément regrettable à mon sens que son site puisse abriter ce qu’ils nomment « le club », et sa galaxie de blogs improbables ¹, dont certains vont même jusqu’à attaquer frontalement les antifas en répandant une médiocre propagande d’extrême-droite, comme ici :
… source [At]https://blogs.mediapart.fr/pilule-rouge/blog/240318/vincent-lapierre-agresse-par-des-antifas-et-des-policiers
Sur Vincent Lapierre (ancien proche de Soral), dont il convient de se méfier comme de la peste (brune) dont il est l’un des vecteurs certains, pour son médiocre « travail » au seul et clair profit de l’extrême-droite, un dossier ici.
¹ Des blogs dont Médiapart se défausse de toute responsabilité alors qu’ils abritent des publications qui vont à l’encontre non seulement de toute valeur de gauche, mais simplement de la loi (le racisme, le sexisme et l’homophobie sont un délit). Je ne me départis pas quant à moi de mes responsabiltiés quant au contenu des commentaires que ce blog abrite, raison pour laquelle je supprime ceux qui y contreviennent par leur expression de propos que je réprouve, et que la loi condamne, à juste titre.