Après quelques billets consacrés spécifiquement aux économies turque, américaine et italienne, nous allons aujourd'hui nous intéresser à un problème qui touchent la plupart des pays : l'évolution des prix du pétrole. J'utilise un pluriel, car différentes références existent comme le WTI pour les Américains, le Brent pour les Européens et le Dubaï. Voyons plus en détail ce qu'il est possible d'en dire...
L'évolution du baril depuis un an
Depuis un an, le baril de Brent a augmenté de 50 % :
[ Source : Boursorama ]
Même son de cloche du côté du WTI :
[ Source : Boursorama ]
Pourquoi les prix du pétrole ont-il tant augmenté ?
On assiste à une croissance rapide de la demande mondiale de pétrole, qui dépasse la production, alors que la découverte de nouveaux gisements est très mal orientée comme, mais dans une moindre mesure, l’investissement en exploration-production :
[ Source : Natixis ]
Les prix du baril vont-ils poursuivre leur hausse ?
Dans ces conditions, sauf si les mesures protectionnistes prises par Donald Trump débouchaient sur un recul de la croissance mondiale, les prix du pétrole n'ont aucune raison de reculer, d'autant que les sanctions prises par les États-Unis unilatéralement contre l'Iran pèseront sur la production de ce pays exportateur de pétrole.
Quant aux autres pays de l'OPEP et affiliés exportateurs (Russie notamment), ils ont tout intérêt à voir le baril repartir à la hausse sauf à laisser perdurer la crise économique chez eux :
[ Source : La Tribune ]
Quelles conséquences si le prix du pétrole augmente encore ?
En première approche, de manière assez simple, le pouvoir d'achat des ménages sous nos latitudes (=hors OPEP) va être amputé par la hausse des prix du pétrole, que ce soit directement lorsqu'ils font le plein pour leur voiture ou qu'ils consomment des produits faisant appel à l’industrie pétrolière. On peut alors toujours espérer un euro très fort pour tenter de compenser cette hausse du baril en dollars, mais cela reste un maigre espoir dans le monde d'incertitudes dans lequel nous vivons...
Et il n'y a rien à attendre du côté des salaires, que les entreprises gardent volontairement bas au nom de la sacro-sainte compétitivité et du dieu profit, ce qui n'est pas sans compliquer l'équation de la Banque centrale européenne (BCE) pour atteindre le taux d'inflation souhaité. Cette dernière devra en effet faire face à une hausse de l’inflation anticipée et par conséquent des taux d’intérêt à long terme principalement due aux prix du pétrole, ce qui est défavorable à la consommation, l'investissement et subséquemment la croissance.
Quant aux pays émergents comme la Turquie, l'Inde ou la Chine, généralement gros consommateurs de pétrole, un pétrole cher pèsera sur leur croissance et bien sûr leur balance commerciale :
[ Source : Natixis ]
En définitive, en caricaturant un peu, l'on pourrait dire que l'évolution des prix du pétrole dépendra autant des décisions politiques de Trump que de celles de l'Arabie Saoudite au sein de l'OPEP. Réjouissant comme perspectives, n'est-ce pas ?