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Whiplash. Creux comme un cuivre

Par Balndorn


Whiplash. Creux comme un cuivre
Résumé : Andrew, 19 ans, rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération. Mais la concurrence est rude au conservatoire de Manhattan où il s’entraîne avec acharnement. Il a pour objectif d’intégrer le fleuron des orchestres dirigé par Terence Fletcher, professeur féroce et intraitable. Lorsque celui-ci le repère enfin, Andrew se lance, sous sa direction, dans la quête de l’excellence...
Dès son premier long-métrage, Damien Chazelle s’imposait comme une nouvelle vedette à Hollywood, ce que La La Land, sorti deux ans plus tard, a plus que confirmé. Pourtant, passée la première excitation, Whiplash retombe comme un soufflé. Pourquoi un tel succès ? Décryptage.
Exercice de style
Qu’est-ce qui fait la force de Whiplash ? Sa photographie aux couleurs chaudes et sa mise en scène de la musique.Qu’est-ce qui fait la faiblesse de Whiplash ? Sa photographie aux couleurs chaudes et sa mise en scène de la musique.Dit autrement : en-dehors de son parti pris formaliste – au demeurant très bon –, la première œuvre de Chazelle ne propose rien de neuf, tant sur le plan du scénario que des personnages.Pareil aux standards de jazz que répète inlassablement Andrew (Miles Teller), le scénario tourne en rond, incapable de dépasser la sempiternelle dialectique du maître et de l’esclave. Le duel qui oppose le jeune Andrew à Terence Fletcher (J. K. Simmons), son professeur de musique, n’en finit pas. Et à aucun moment Andrew ne dépasse le maître, ni n’abandonne définitivement. La relation sadomasochiste qui les lie dure le temps d’un film.Ce conflit insolvable reprend par ailleurs une caractérisation des personnages des plus classiques, sinon des plus clichés. À commencer par une nette distinction masculin/féminin. Aux hommes l’endurance, la violence et l’excellence ; aux femmes – représentée par Nicole (Melissa Benoist), éphémère petite amie d’Andrew, qu’il sacrifie à sa musique – l’attente, l’ennui et la passivité.En somme, Whiplash verse davantage dans l’exercice de style – réussi en ce qui concerne la mise en scène – que dans l’œuvre cinématographique totale. Alors pourquoi un tel succès ? Et pourquoi une réitération avec La La Land ?
Nostalgie, quand tu tiens Hollywood…
Les deux films ont bien des points communs. D’abord leur sujet : la musique. Et un traitement similaire de celle-ci : la flamboyance des couleurs. Il faut reconnaître à Chazelle son talent dans le traitement des couleurs. Fauves et mordorées comme les cuivres dans Whiplash, pop et joyeuses dans la Los Angeles de La La Land, elles signifient par leur présence rutilante davantage que de banals scénarios.Cette mise en scène résolument formaliste rejoint le ton de ces œuvres. Nostalgiques et déceptives, elles cultivent la mélancolie d’un certain passé révolu (les standards de jazz des années 1930/1940, l’Âge d’or hollywoodien des années 50). En se réfugiant dans le passé, elles échappent à un terne présent sur lequel elles n’ont plus d’emprise – comme Andrew, Sebastian et Mia, géniaux en musique, minables dans la vie quotidienne. Un mouvement général à Hollywood, qui a trouvé en Chazelle l’un des meilleurs représentants de son actuelle morosité.Reste à voir ce qu’il adviendra de First Man. Pour la première fois dans sa courte et fulgurante carrière, Damien Chazelle s’attaque à un sujet qui n’a rien de musical : l’arrivée du premier homme sur la Lune. Mais le choix de cet événement n’a rien d’anodin : il renvoie à l’époque mythifiée des Sixties et des Kennedy auréolés de glamour. First Man décollera-t-il de la nostalgie qui colle à la peau de notre époque ?
Whiplash. Creux comme un cuivre
Whiplash, Damien Chazelle, 2014, 1h46
Maxime
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