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L'usage des pesticides continue d'augmenter en France

Publié le 05 octobre 2018 par Bioaddict @bioaddict
Les plans successifs du gouvernement pour réduire l'usage des pesticides en France, malgré les 71 millions d'euros par an qui leur sont consacrés, sont un échec... L'usage des pesticides continue d'augmenter, la hausse a été de 12% entre 2014 et 2016. L'usage des pesticides continue d'augmenter en France ¤¤ L'utilisation des produits phytopharmaceutiques a globalement augmenté depuis et malgré le lancement du plan Ecophyto en 2009. "L'usage des pesticides a augmenté de plus de 12% en valeur entre 2014 et 2016" a annoncé le gouvernement en juillet 2018.

Écophyto, qu'est-ce que c'est ?

Un plan qui vise à réduire progressivement l'utilisation des produits phytosanitaires (communément appelés pesticides) en France tout en maintenant une agriculture économiquement performante.

Une initiative lancée en 2008 à la suite du Grenelle Environnement. Le plan est piloté par le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.


L'usage des pesticides continue d'augmenter en France
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Les plans Ecophyto, qui ont débuté avec l'objectif de réduire drastiquement l'usage des pesticides en France, sont un échec. Les ministères de l'Agriculture, de la Transition écologique et de la Santé, l'ont carrément annoncé le 27 juillet dernier dans un communiqué : " l'utilisation des produits phytopharmaceutiques a globalement augmenté depuis le lancement du plan Ecophyto en 2009. Pour preuve, l'indicateur NODU (nombre de doses unités) qui est utilisé pour mesurer l'utilisation des produits phytopharmaceutiques, a augmenté de plus de 12% en valeur entre 2014 et 2016 avec une légère baisse en 2015 et une stabilité en 2016. " Il s'agit d'une hausse qui dépasse celle enregistrée entre 2013 et 2014 (+9,4 %). Loin d'une réduction, la France enregistre ainsi une croissance des pesticides à deux chiffres !

Pourtant, 71 millions d'euros sont investis chaque année pour aider les 450 000 fermes françaises encore existantes à effectuer une transition vers un modèle moins gourmand en pesticides. Pourtant, les 3000 fermes expérimentales qui se sont engagées à suivre ce plan obtiennent des résultats concluants, certaines passant même en agriculture biologique sans grandes difficultés.

Des plans basés sur la bonne volonté

Rédigés à l'issue du Grenelle de l'environnement, les plans Ecophyto devaient être contraignants, imposant de réduire de 50% entre 2008 et 2018 l'usage des pesticides en France. Sous la pression des lobbies et notamment du syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, cet objectif ne devait plus être tenu que " si possible ". L'histoire montre que la bonne volonté n'a pas fonctionné depuis 2009. Cela n'empêche pas le gouvernement de rester sur la même logique et d'investir à nouveau 71 millions d'euros par an pour un nouveau plan Ecophyto. Il annonce même ne pas renoncer aux dérogations dans l'usage des néonicotinoïdes en France. Quant au glyphosate, il semblerait que la sortie annoncée s'inspire de la philosophie des plans Ecophyto... Faire de belles annonces mais toujours repousser l'action en gagnant du temps... Cet été, les filières agricoles ont présenté de nouveaux engagements de réduction des usages du glyphosate, soit 45% de réduction en grandes cultures et oléoprotéagineux et 50% en viticulture d'ici 3 ans. Des réductions déjà promises il y a quelques années... Rappelez-vous, Stéphane Le Foll, alors ministre de l'Agriculture en 2012, avait promis une réduction de 50% de l'utilisation des pesticides chimiques de synthèse d'ici 2018.

Quelle réaction du gouvernement face à l'échec ?

Face à ce constat d'échec, le gouvernement a annoncé vouloir "actualiser et renforcer le plan Ecophyto II" qui va devenir le plan Ecophyto II+.

Parmi les mesures, des annonces qui ne veulent pas dire grand chose : "le ciblage des actions de recherche", "le transfert de l'innovation", "le déploiement des collectifs d'agriculteurs", "la mobilisation des outils du Grand Plan d'Investissement", et un programme de recherche de 30 millions d'euros (pour faire évoluer les solutions déjà existantes proposées par l'agriculture biologique ?).

Et puis il y a la pub. Les ministères en charge de la Transition écologique, de la Santé, de l'Agriculture et de l'Alimentation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, ont lancé une campagne nationale pour la réduction de l'usage des produits phytosanitaires. Intitulée " Ensemble, réduisons les phytos pour une agriculture performante et durable ", cette campagne porte le message suivant : " Agriculteurs, collectivités, particuliers, distributeurs, chercheurs, journalistes... Tous ensemble, agissons pour une agriculture plus économe en produits phytos tout en maintenant les revenus des exploitants ". La campagne a été largement diffusée dans la presse spécialisés, à la radio et sur les réseaux sociaux pendant tout le mois de septembre.

Le plan Ecophyto II+, sera-t-il, lui, vraiment efficace ?

"Sur ces 10 dernières années, les structures censées accompagner les agriculteurs vers la sortie des pesticides n'ont même pas réussi à stabiliser leur utilisation... et ce malgré le demi-milliard mobilisé. Elles n'ont même jamais eu de compte à rendre sur l'usage des financements reçus dans le cadre du plan. (...) Les annonces ne suffiront pas à enclencher la transition agroécologique. Le constat est sans appel, les objectifs, déjà repoussés, de réduction des pesticides de 50% en 2025 s'éloignent un peu plus. L'outil Ecophyto est intéressant mais la sortie des pesticides ne se fera pas sans l'activation d'autres leviers économiques et règlementaires nécessaires pour obtenir une mobilisation de l'ensemble de la profession " commente Claudine Joly, en charge des questions pesticides à France Nature Environnement.

Le plan Ecophyto II+ sera soumis à la consultation publique durant l'automne et publié avant fin 2018. "Le temps n'est plus aux bonnes intentions et autres démarches volontaires. Il faut un soutien ferme et sans concession du gouvernement pour la transition agroécologique. Il ne peut plus ignorer la volonté des citoyens : l'agriculture doit assurer une alimentation saine et de qualité pour tous, tout en préservant l'environnement et la biodiversité" explique Claudine Joly.

Zoé Fauré


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