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Déterrons une histoire, mais pas que…

Publié le 05 octobre 2018 par Arsobispo

En février 1978, un groupe d’enfants s’amusaient le long d’une maison située au 1137 W. 119th Street, à Athènes dans la banlieue de Los Angeles. En creusant la surface, ils tombèrent sur une surface métallique et imaginèrent aussitôt avoir découvert un coffre. En fait de trésor, ils s’aperçurent que cela ressemblait au toit d’un véhicule. Le bureau du shérif prévenu, les sergents Joe Sabas et Dennis Carroll furent envoyés pour investiguer sur cette étrange affaire. Ils constituèrent une équipe de terrassiers équipés d’une pelleteuse et petit à petit, commencèrent à fouiller comme s’il s’agissait d’un site antique. Ce ne furent pas les enfants qui trouvèrent un trésor mais bien eux. Car qui aurait pu imaginer tomber sur une Dino Ferrari 264 GTS de 1974 d’un sombre vert métallisé. Une épave estimée entre un quart et un demi-million de dollars !  

Déterrons une histoire, mais pas que…Photographie de Michael Haering pour le Los Angeles Herald Examiner 

Imaginant le pire, les policiers dégagèrent l’une des vitres afin de vérifier que la voiture ne contenait aucun cadavre. Mais non, aucune trace de corps. Ce qui aurait très bien pu arriver. Rappelez-vous 6 mois plus tôt l’ultime volonté d’une éminente figure de Beverley Hills, veuve du magnat pétrolier texan Ike West : être enterrée avec son époux dans la Ferrari puis placés dans une fosse du cimetière d’Alamo. Ce qui fut fait et bien entendu relayé par tous les médias de l’état.

Grâce à la plaque d’immatriculation (832 LJQ ) en parfait état comme le montre la photo, et son numéro de série (07862) la police retrouva aisément le propriétaire qui l’avait déclarée volée quatre ans plus tôt. Il s’agissait d’un certain Rosendo Cruz, un plombier d’Alhambra, en Californie, Il l’avait achetée en octobre 1974, soit 2 mois avant de se la faire voler.

La sagacité de Greg Sharp, un journaliste d’AutoWe permit d’en savoir un peu plus mais seulement en 1986 !  Notre plombier, qui visiblement savait travailler efficacement pour son portefeuille, avait acheté le véhicule chez Charles Vandacriff, le célèbre propriétaire d’Hollywood Sports Cars – le concessionnaire préféré de stars hollywoodiennes telles que Pat Boone, William Holden, Frank Sinatra, Jayne Mansfield, Sammy Davis Jr., ou encore Sharon Tate – en guise de cadeau pour l’anniversaire de sa femme. Un cadeau luxueux mais bref puisque qu’elle ne l’a conduite que 500 milles… En effet, le 7 décembre 1978, ils allèrent fêter leur anniversaire de mariage au restaurant Brown Derby sur Wilshire Boulevard. A leur retour de ce qui s’annonçait comme un merveilleux dîner romantique, la voiture avait disparu.

Déterrons une histoire, mais pas que…

Elle ne fut – bien évidemment – pas retrouvée. Les époux firent jouer leur assurance et l’histoire ne dit pas s’ils achetèrent à nouveau une Ferrari avec les 22 500 dollars de l’assurance. Du coup l’épave retrouvée, elle devenait la propriété de la compagnie d’assurances ; qui se vit submergée de propositions d’acheteurs potentiels, trompés par la presse, Car entre temps, une journaliste du Los Angeles Times, Priscilla Painton, avait publié le 8 février 1978 un article élogieux mais absurde sur l’état de l’épave «Mis à part un petit trou au-dessus du feu arrière droit, la voiture semble étonnamment en bon état», avait-elle écrit.

 Ce qui était bien éloigné de la réalité. Sharp d’AutoWeek relate que la rouille avait en fait dévoré la carrosserie puis gangrené à profusion les autres éléments plus fragiles tels que câbles, garnitures et sièges en cuir. Le pare-brise était brisé, sans compter toutes les rayures ou éraflures provoquées par l’extraction de sa gangue de boue. » De plus, l’évaluation globale de travaux de rénovation était telle qu’il semblait plus onéreux de restaurer le véhicule que d’en acheter un neuf.

La Ferrari reposait désormais en pièces détachées dans un entrepôt de Pasadena. Et ce n’est pas la disparition de certains éléments de la Dino qui empêcha la vente aux enchères de la belle défraichie. Son corps démembré fut vendu entre 5 000 et 9 000 dollars, soit environ 30000 euros d’aujourd’hui, loin des 18 000 $ de l’estimation initiale.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Démontée, dépouillée, l’épave n’aurait dû permettre que le réapprovisionnement des stocks de magasins de pièces détachées en prothèses et attelles d’une divinité moderne, icône technologique à jamais viciée.

Mais il y a quelques années, en 2012, un certain Brad Howard se faisait connaitre auprès du journaliste Mike Spinelli qui venait de raconter cette histoire sur le site Jalopnik dédié à l’automobile, en se présentant comme propriétaire de la Dino depuis 1978… et qu’elle roulait parfaitement.

Déterrons une histoire, mais pas que…

Il s’expliqua alors ; ayant racheté tous les éléments de la Dino, il avait réussi à trouver un mécanicien suffisamment talentueux, Giuseppe Cappalonga, pour la remonter entièrement et notamment le moteur pour un prix défiant toute concurrence. Pari risqué ? Pas tant que cela. Il était en fait persuadé que le véhicule avait été conservé en bon état dans sa sépulture de terre. Sa conviction venait du fait que les années entre sa disparition et sa redécouverte avaient subi une période de sécheresse qui avait protégé en somme les éléments vitaux de la Dino. Giuseppe Cappalonga, jeune mécanicien possédant son propre garage sur le boulevard Burbank, dans la vallée de San Fernando réussit l’impossible et redonna vie au cadavre exquis. 40 ans plus tard, donc, Brad Howard, roulait sur sa belle Dino vert métallisée, immatriculée « DUG UP ». Macabre mais amusant…

Mais au fait, qu’est que cette bagnole foutait dans son trou ?

Déterrons une histoire, mais pas que…

Revenons-en au sergent Dennis Carroll qui avait initié l’enquête. Dès lors à la retraite du département du shérif du comté de Los Angeles, il expliquera bien plus tard que contrairement à ce que rapporta à l’époque le Los Angeles Times, la police n’avait absolument pas été alertée par un enfant mais par un informateur de la police. L’histoire des enfants n’avait été émise que pour protéger cet informateur. Les policiers avaient été en fait mis sur la piste d’une escroquerie d’assurance directement orchestrée par le propriétaire de la voiture, Les voleurs avaient été payés pour voler la Ferrari puis pour la détruire. Seulement, l’attrait des lignes, la puissance du moteur, le mythe Ferrari l’avaient en quelque sorte protégée… Les voleurs se purent effectuer l’acte fatal. Ils décidèrent donc de l’enterrer avec l’espoir de la récupérer un jour. Ce n’est bien évidemment qu’une supposition car les voleurs ne furent jamais retrouvés. Quant au propriétaire, le plombier Rosendo Cruz, que pouvait-on contre lui sans autre indice de preuve que les dires d’un informateur voulant garder l’anonymat…

Cette relation est tirée d’un article original de  Richard Arghiris publié sur Scribol et complétée par d’autres informations issues du web.


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