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[Critique] First Man

Par Wolvy128 @Wolvy128

[Critique] First Man

[Critique] First Man
Pilote jugé « un peu distrait » par ses supérieurs en 1961, Neil Armstrong sera, le 21 juillet 1969, le premier homme à marcher sur la lune. Durant 8 ans, il subit un entraînement de plus en plus difficile, assumant courageusement tous les risques d’un voyage vers l’inconnu total. Meurtri par des épreuves personnelles qui laissent des traces indélébiles, Armstrong tente d’être un mari aimant auprès d’une femme qui l’avait épousé en espérant une vie normale.

Adapté du roman éponyme de James R. Hansen, First Man est le quatrième long-métrage de Damien Chazelle, après – notamment – les fantastiques Whiplash et La La Land. Si le cinéaste franco-américain délaisse pour l’occasion l’écriture du film, se contentant uniquement du rôle de réalisateur (et de producteur), il n’est pas étonnant de le voir s’approprier un tel projet, plusieurs de ses thématiques fétiches parcourant l’œuvre.

La plus évidente d’entre elles est certainement la poursuite de ses rêves, le film retraçant avec brio le parcours du héros pour atteindre l’inaccessible. Plus que l’accomplissement de la mission, fabuleux moment de cinéma, le récit insiste cependant surtout sur les turbulences du trajet, un tel périple ne pouvant s’effectuer qu’au prix de douloureux sacrifices. Il ne faut d’ailleurs que la frénétique séquence d’ouverture pour comprendre immédiatement toute l’ampleur de la tâche. En nous immergeant au plus près de l’astronaute lors des séquences spatiales, que ce soit par l’utilisation de plans resserrés, d’images tremblotantes ou de caméras subjectives, Damien Chazelle ne se limite pas seulement à retranscrire la dimension intimiste et expérimentale de l’entreprise, il nous donne également à voir son caractère mortel. Tout au long du film, la mort semble en effet littéralement poursuivre le personnage, terrassant ses acolytes à la moindre occasion et l’obligeant à surmonter son deuil en permanence. Il en découle, du coup, une atmosphère plutôt contrastée, faite d’instants d’excitation intense et de périodes d’extrême angoisse.

[Critique] First Man
Un contraste qui conditionne aussi largement les personnages. Si le héros campé par Ryan Gosling choisit d’intérioriser constamment ses émotions, ne s’autorisant que rarement à lâcher prise, c’est tout l’inverse pour sa femme interprétée par Claire Foy, celle-ci se montrant au contraire expressive au possible, comme pour mieux inviter son mari au dialogue. En parfaite alchimie, les deux acteurs délivrent une performance sans fausse note, tout en retenue et sensibilité. De manière générale, on appréciera d’ailleurs la relative pudeur du long-métrage, qui ne cherche jamais à exacerber le patriotisme inhérent à l’histoire. Pour autant, le contexte historique de l’époque n’en reste pas moins bien présent, imprégnant profondément le récit sans jamais, toutefois, altérer la vision du réalisateur. Une vision qui puise ici sa force dans le portrait intime d’un homme déterminé à accomplir son rêve, dans la trajectoire tourmentée d’une famille frappée – très tôt – par le deuil. Sur le plan technique, outre la magnifique photographie de Linus Sandgren, signalons aussi, pour terminer, la BO mélancolique à souhait de Justin Hurwitz, déjà aux manettes des deux précédentes réalisations de Chazelle.

Après les fantastiques Whiplash et La La Land, Damien Chazelle signe donc, avec First Man, une nouvelle œuvre particulièrement aboutie, aussi majestueuse que sidérante. Terriblement immersif, le film aborde le thème de la conquête spatiale à travers le parcours intimiste de Neil Armstrong, explorateur rêveur tourmenté par le deuil.


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