Pourquoi la filière solaire est moins développée en France ?
La filière solaire en France
Les raisons du frein au développement de la filière solaire
Comme la plus part des pays le développement de l’énergie solaire est freiné pour des raisons techniques. En France, l’importante part du nucléaire dans le mix énergétique permet de bénéficier d’une électricité décarbonée au coût maitrisé. Le déploiement des ENR dans une logique de transition énergétique est donc rendu moins urgent que dans la situation de l’Allemagne par exemple, qui, suite à sa sortie du nucléaire actée au début des années 2000 s’est vue dans l’obligation de déployer massivement de nouvelles sources d’énergies propres pour limiter le recours aux centrales fossiles. C’est ainsi que différents mécanismes incitatifs ont été mis en place avec des tarifs d’achats pour le solaire, des primes au kilowattheure autoconsommé (mis en place en 2009), des subventions sur les technologies de stockage (depuis 2013), alors que l’autoconsommation n’est encadrée que depuis 2017 en France, le stockage devant suivre.
Une particularité française de la filière solaire
La filière solaire en France
Dans le cadre du solaire, une particularité française fut de vouloir privilégier le développement du solaire intégré au bâti avec, en 2006, le doublement du tarif de base, qui est ainsi passé à 30 c€/kWh, assorti d’une « prime d’intégration au bâti » d’un montant de 25 c€/kWh. L’objectif principal était de développer une expertise française comme avec le prestataire France PAC Environnement sur les installations domestiques au détriment des grandes centrales au sol. Cela a certes valorisé le développement de ces technologies en France, mais sans avoir le succès attendu. De nombreuses technologies photovoltaïques profitant de ces tarifs étaient importées, la concurrence mondiale étant très importante. Le nombre de projets a ainsi explosé et créé une bulle spéculative. Pour y pallier et revoir les conditions permettant de bénéficier des tarifs, le gouvernement a mis en place un moratoire solaire fin 2010. Ce dernier a gelé de nombreux projets : c’est toute l’activité de la filière qui a ainsi très fortement chuté entre 2010 et 2013.
Le frein au développement de l’éolien
Les mentalités françaises prennent du temps à évoluer, vis-à-vis de l’éolien et les projets français se heurtent aussi au symptôme NIMBY (« pas dans mon jardin »). La plupart des projets font l’objet de concertations, et les procédures étant particulièrement longues, les projets s’enlisent. Alors qu’en Allemagne un projet éolien prend en moyenne quatre ans avant d’être opérationnel, cette durée est de huit ans en moyenne en France.
En raison de ces délais, les tarifs d’achat accordés lors de l’attribution des projets deviennent caducs et l’Etat peut être amené à renégocier les montants de rémunération de l’électricité des projets ENR pour les aligner sur une valeur actualisée. Dès 2015, le gouvernement exprimait cette volonté, et, en mars 2018, il a ainsi fait une demande d’amendement aux lois de simplification des projets ENR : pouvoir diminuer le tarif de rachat de l’électricité défini lors des appels d’offres. Cet amendement a été rejeté par le Sénat, la nouvelle version qui doit encore être validée, ne concerne que les projets éoliens en mer dont les appels d’offres sont antérieurs 2015 et dont les chantiers n’ont pas encore débuté. Cela se ferait en accord avec le promoteur des projets, mais en cas d’échec, des négociations, pourrait conduire à l’annulation des projets. Cela est perçu par les acteurs du secteur comme un nouveau désengagement du gouvernement dans les ENR, et freine les développeurs, remettant en cause leurs investissements et la rentabilité de leur projet.
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