Une si longue tradition…

Une si longue tradition…

juillet 9th, 2008 Posted in France, Sarkozisme et bling bling, Vidéos

« Ségolène Royal a perdu le contrôle d’elle-même ». Cette réaction négative de François Fillon, qui fait suite à l’entretien télévisé de la candidate socialiste aux dernières présidentielles, est assez cocasse, car elle émane de quelqu’un qui, justement, ne contrôle absolument rien depuis son entrée en fonction.

(Une création Rive Gauche)

Le problème de Fillon, c’est qu’il a le plus grand mal à se penser en collaborateur du président de la République de l’UMP. Il s’agit d’un subalterne, noyé dans la masse des conseillers, qui passe la plupart de son temps à ramer pour essayer de suivre le gesticulateur présidentiel. Fillon tente toujours de se persuader qu’il est premier ministre. Impossible pour lui de reconnaître que ça n’a jamais été le cas.

Dès lors, au lieu d’affronter les affres de sa condition de sous-fifre, il préfère céder à une vilaine habitude sarkoziste pour ne pas perdre la face : il cherche un bouc émissaire, pour détourner l’attention des gens sur le bilan calamiteux du gouvernement.

L’exercice est relativement facile puisque la presse endormie relaie sagement le message : Fillon ne manque pas de contrôle, Ségolène Royal, oui. Et peu importe la raison de la colère de l’intéressée, liée notamment au fait que son domicile a été saccagé à deux reprises. Les méthodes barbouzardes à l’UMP, c’est en effet une vieille tradition, que les sarkozistes ont reçue en héritage, et qui leur a été transmise par le RPR qui, lui même, la détenait de l’UDR, et l’UDR de l’UNR. Cette tradition vieille d’un demi siècle explique aussi pourquoi Fillon ne semble guère pressé que les services de police procèdent à des investigations poussées. En revanche, dès que cela touche les amis politiques, on procède autrement.

Tel fut le cas lorsque Jean Sarkozy s’était fait piquer son scooter. Là, le prédécesseur de Fillon, Dominique de Villepin, avait diligenté immédiatement une enquête et, pour faire plaisir au papa qui était à l’époque ministre de l’Intérieur et candidat UMP à la présidentielle, il n’avait pas hésité à mobiliser des moyens totalement disproportionnés.

Si Villepin et Sarkozy avaient pu retrouver des poils de cul sur le lieu du vol, ils les auraient fait expertiser par la police scientifique.

Mais en ce qui concerne les mises à sac du domicile d’un des responsables politiques de l’opposition, ça n’intéresse pas le premier ministre actuel.

C’est que, voyez-vous, les premiers ministres sont des gens très importants qui s’occupent de tellement de choses… C’est sans doute la raison pour laquelle Laurent Fabius, ancien locataire de Matignon (1984-1986), n’a pas voulu « entrer dans la polémique ». Un saccage d’appartement n’est probablement pas à sa hauteur… Il serait bien évidemment déplacé de voir dans l’attitude de Fabius une mesquinerie supplémentaire dans la perspective du Congrès de Reims ou un manque inélégant de solidarité à l’image de celui dont firent preuve les députés Philippe Martin et Jack Lang.