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Les Mauvaises Herbes, la chronique d'une BD incontournable

Publié le 30 octobre 2018 par 7bd @7BD
Les Mauvaises Herbes, la chronique d'une BD incontournable Titre : Les Mauvaises Herbes Auteurs : Keum Suk Gendry-Kim (scénario et dessins) Editeur : Delcourt Collection : Encrages Année : 2018 Pages : 480 Résumé : Une vieille dame quitte sa famille et sa demeure au fin fond de la province du Jilin en Chine pour se rendre en Corée du sud et retrouver les siens ! Cette personne âgée s'appelle Lee Oksun. Elle est Coréenne de naissance et a grandi dans les années trente à Busan. Comment est-elle arrivée à avoir une famille en chine et une autre en Corée ? Avant de comprendre les raisons de son voyage, nous découvrons son enfance et le drame qui l'a frappée. La pauvre Lee Oksun s'est retrouvée aux mains de l'armée Japonaise lors de la seconde guerre mondiale et a été utilisée par les soldats comme esclave sexuelle, dure réalité qui se cache derrière le doux euphémisme de « Femme de réconfort ». C'est son histoire que nous allons découvrir. Mon avis : L'histoire d'une vie. La vie de Lee Oksun, qui, du jour où ses parents ont dû l'abandonner à une autre famille pour qu'elle s'en sorte, n'a pas revu ses frères et sœurs avant une bonne cinquantaine d'année. Et une BD fleuve pour raconter ce parcours incroyable, mais aussi les rapports entre Lee Oksun et l'auteure de cette BD, la talentueuse Keum Suk Gendry-Kim. Car en plus de l'histoire d'une vie, c'est aussi le récit d'une rencontre entre deux femmes, deux générations, deux regards sur la vie. La BD se déroule donc sur deux époques, la seconde guerre mondiale, avec Lee Oksun et toutes les épreuves qu'elle a endurées et le présent, où les deux femmes se rencontrent et échangent. Ce récit dévoile une page d'histoire, car au travers du drame de Lee Oksun, c'est toute l'histoire des « Femmes de réconfort », esclaves sexuelles donc, qui est présentée et évoquée par l'auteure. Comment parler de l'horreur sans faire dans le misérabilisme, le pathos, ou sans faire dans l'horreur révulsante ? Mais surtout, comment demander aux rescapées de parler de ce qu'elles ont vécues ? Voilà le problème qui se pose à la scénariste. Et la réponse brillante tient en plus de quatre cent cinquante pages ! Je ne me lancerai pas dans le résumé de ces années insensées, où le pire côtoie l'innommable. Je vous laisse découvrir comment, tout en pudeur mais sans masquer la réalité, Keum Suk Gendry-Kim nous raconte Lee Oksun.
Pour parvenir à ce tour de force, elle utilise le noir et blanc et adopte différents styles graphiques au long du récit. Jamais purement réaliste, mais naturaliste parfois dans ses paysages, symboliste pour certains événements, où les mots prennent le pas sur le dessin pour raconter ce qui ne peut être montré. Les personnages stylisés au trait dense demeurent expressifs et attachants. Les décors parfois nappés de noir et parfois magnifiquement rendus au hasard d'un trait de pinceau pour une branche, un épi dans la campagne, n'adoucissent pas l'histoire, mais permettent des pauses nous laissant reprendre notre souffle. 
Les Mauvaises Herbes, la chronique d'une BD incontournable
 Magnifiques paysages esquissés à l'encre... Ou le calme avant la tempête et le drame
Cela rappelle aussi que la nature continue à vivre, les saisons passent, indifférentes à l'horreur humaine. Ces variations de style, ce contraste ne nous éloigne jamais du cœur de la narration. Il prend sens dans l'histoire, l'enfance laisse la place à l'adolescence et des traits plus bruts, et des dessins aux multiples petits traits tracés marquent également le présent et la rencontre des deux femmes. Cette BD qui peut sembler graphiquement simple au premier abord est un trésor de variations intéressantes, prenant toujours son sens au rythme du récit. Pour son graphisme étonnant, pour ce récit émotionnellement chargé, il faut lire cette BD. Mais aussi par devoir de mémoire, car le drame des esclaves sexuelles, surnommées « Femmes de réconfort », ne peut être laissé sous silence et cette BD contribue à faire connaître ce morceau d'Histoire mais aussi ses conséquences. D'ailleurs, à la fin de la BD, des textes de l'auteure mais aussi de Yun Myungsuk, historienne, nous en disent encore plus. Zéda rencontre Oksun Lee ! Les Mauvaises Herbes, la chronique d'une BD incontournable David
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