Cette interview est née d’une drôle de rencontre dans le métro… Téfi et un de ses amis montent dans une rame dans laquelle je me trouve. Au moment de descendre, il m’adresse la parole : « Tarek ? »… Je lui rétorque aussitôt qu’il peut me joindre par mail via le site Paris Tonkar… Quelques mois plus tard, notre magazine lui consacre ce portrait fort intéressant…
Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
On me surnomme Tefi. Artiste et de temps en temps « catartiste » ou street-artiste (peinture, pochoir, sculpture, toys faits maison comme mon canard punk). J’aime toucher à tout et j’aime les belles choses, sans forcement faire passer un message, juste faire plaisir et toucher le plus de gens possible…
Te souviens-tu des premières fois où tu as vu des graffiti dans la rue ?
Je me rappelle juste qu’à un moment il y en avait partout. J’ai grandi dans l’ouest parisien : j’adorais dessiner et faire du skate. J’imagine vers 1991, j’avais 14 ans. La culture street et hip-hop était en plein essor. J’ai eu Spraycan artet Subway artdans les mains, mais j’adorais surtout les dessins de Mode2 dans « Noway skateboarding mag ». Dans le graffiti comme le dessin, c’était un extraterrestre !
Est-ce que cela t’a donné envie de faire la même chose ?
J’ai bien dû graffer un jour un perso-aérosol ou poser un ou deux tags sur la petite ceinture mais j’étais bien meilleur en dessin sur papier ou en arts plastiques. Quand j’étais dehors, c’était pour skater ou voir mes potes. Ce n’est que bien plus tard que je suis retombé amoureux de la rue…
Quand est-ce que retombes dedans ?
Je me suis remis à créer vers 2008 puis à peindre et faire des pochoirs chez moi. Je m’intéresse à tout en général. Internet m’a permis de voir ce qui se fait dans le monde. J’ai aussi rencontré Honey (un graffeur ) en 2011 qui est devenu un super bon pote : il a adoré mon travail et m’a convaincu de sortir poser avec lui dans la capitale. Mon premier délire a été de customiser les cyclistes peints au sol. Puis c’est allé crescendo et mon champ d’action s’est élargi ainsi que mes créations : la rue, les carrières…
Pourquoi est-ce que la rue est devenue importante dans ta création artistique ?
J’adore poser dans la rue. Ce n’est pas pour le côté vandale mais bien pour le plaisir que cela me procure. C’est pour cela que mes créations ne sont conçues que pour la rue. J’aime surprendre, trouver le bon spot. Et puis c’est une galerie à ciel ouvert… On peut s’y faire connaître rapidement même si ce n’est pas mon but premier…
Que penses-tu des artistes de rue d’un jour ?
Je n’ai rien contre les graffeurs ou les streetarteurs d’un jour, surtout s’ils ont la bonne touche d’humour ou de créativité au bon moment et au bon endroit. J’aime quand c’est simple et beau : il ne faut pas oublier que c’est un art éphémère et que la rue appartient à tout le monde !
Peux-tu nous parler de ton univers et de ceux que tu as croisés lors de tes sorties ?
Apres les sessions cyclistes, les catas m’ont permis de toucher pas mal de supports, surtout les zones d’eau (j’y ai posé un cygne, un plongeur, un dauphin). Je pose principalement où je vis (Paris centre et ouest) : des pochoirs principalement, mais je me suis mis aussi à la production de pièces uniques après avoir découvert le polyuréthane. J’ai fabriqué ma mascotte (mon canard punk) t mon blaze dans 2 formats. J’ai dû en coller plus de cent, dont au moins 70 à Paris. Côté pochoir et, depuis peu, collages, customisation d’affiches, mon inspiration se fait par le biais de personnes, du mobilier urbain… en bref, tout ce qui me passe par la tête ou qui sort de mon appareil photo. Je suis plutôt quelqu’un d’instinctif, c’est pour cela que je me suis mis à faire des animaux afin de les réintégrer dans le décor parisien en taille réelle. Ils sont inoffensifs, tous beaux… même le mec qui les retire n’a pas envie de leur faire du mal (rires)… Je me suis mis depuis peu à la sculpture en carton. Depuis 2011, j’ai fait pas mal de rencontres sympas à des expos comme à la galerie 154 ou même sous terre avec quelques membres des GRK, des FC ainsi que le pochoiriste Nobad. Les catas sont une bonne école et mes créations y sont respectées.
Tes œuvres ont-elles voyagés ?
Quand on commence à poser, on a du mal à s’arrêter. En voyage, j’emporte des stickers et mes petites pièces. Je les poses avec mes amis, ma copine ou même seul (ça m’arrive souvent). J’en ai à Berlin, à Bali, au Vietnam, à Lisbonne, en Espagne, en Belgique et même au Mexique. J’ai envie de toucher un maximum de gens, de voir la réaction des gens sur place. Et cela permet de faire de belles rencontres aussi…
Photographies : Tefi