Le football, on le sait, entraine fréquemment dans son sciage, des actes de violences insensés. Le football tunisien n’échappe pas à cette triste règle. Toutefois, les derniers incidents, survenus pendant et après la finale de la Coupe de Tunisie interpellent à plusieurs égards.
Les actes de vandalisme et d’incivilités sont évidemment inexcusables, mais le milieu du football en Tunisie catalyse et illustre à mains égards les malaises sociaux dont souffre le pays : régionalisme, corruption et népotisme.
Si dans le Sud, les questions d’emplois sont à l’origine de la grogne sociale, au Sahel et à Tunis, c’est le foot qui exalte les passions et donne à des foules de jeunes déchainées, l’occasion d’exprimer colère et frustration. Deux symptômes d’une même maladie : des difficultés économiques et des souffrances sociales exacerbées par un « modèle tunisien » à bout de souffle. L’acceptation de l’autoritarisme et du paternalisme du pouvoir s’effrite à mesure que le volontarisme et la sollicitude affichés par le gouvernement et sensés améliorer le quotidien sont manifestement de plus en plus illusoires. Les « avancées démocratiques » et les progrès économiques ne sont que pure rhétorique réformiste instrumentalisée par un régime populiste qui sait s’attirer la bienveillance internationale.
Le foot sera-t-il un détonateur???